Gérard et Solange Chabert, en juillet, dans leur maison de terre qu’ils ont bâtie en Périgord sur le modèle de la yourte. | Johann Rousselot pour « Le Monde »
NEWS NEWS NEWS La loi ALUR de 2014, voulue par Cécile Duflot, dont on attend les décrets d’application, reconnaît le statut légal des habitats légers de campagne : yourtes, tipis, dômes, cabanes, etc. Si les collectifs d’éco-habitants sont satisfaits, ils craignent qu’un amendement déposé au Sénat les oblige à se raccorder au réseau collectif d’eau et d’électricité, ce qui limiterait leur liberté de s’installer dans des endroits choisis et magiques.
A 70 ans, fort et sec, buriné, torse nu et pieds nus, la barbe fournie, de longues dreadlocks, Gérard Chabert fait penser à un sadhu. Ce soir de juin, près des Eyzies-de-Tayac-Sireuil, il nous fait découvrir le parcours forestier de son spectacle La Trace, joué tout l’été. C’est une longue promenade nocturne dans les bois, sur ses terres, où le visiteur croise des apparitions (une femme suspendue dans les branches tissant un cocon), assiste à de lentes chorégraphies (une femme nue danse sur un fil), découvre d’impressionnantes sculptures de corps vivants (un couple enlacé, immobile, d’un blanc intense, juché sur un socle, semble s’offrir au ciel).
Gérard Chabert explique sa démarche, qui relève à la fois de la sculpture vivante, de la performance en extérieurs et de l’art plastique – en quoi il est un artiste unique : « J’essaie de faire éprouver au promeneur la puissance ancestrale, sauvage, des corps des humains, de la nudité, du désir, de l’enfantement, par des sortes de mystères en forêt. » Pour lui, qui va pieds nus partout, au village, sur les chemins, l’émotion que procure la force de la nature décorée et éclairée par ses soins, la nuit, importe beaucoup. D’ailleurs, il n’a pas choisi par hasard de s’installer ici, au cœur de la forêt près des Eyzies-de-Tayac-Sireuil, dans le Périgord noir, avec une partie de sa compagnie d’arts visuels, Le Diable par la Queue, dans des yourtes…