VINGT MILLE LIEUX SUR LES MERS

Le projet Lilypad, de l’architecte belge Vincent Callebaut  : chacune de ces îles flottantes pourrait loger 30000 personnes. VINCENT CALLEBAUT ARCHITECTURES

NEWS NEWS NEWS L’architecte sur l’eau permettra-t-elle de résoudre la crise écologique avancée des grandes villes du monde ou va-t-elle accélérer la pollution des mers et des océans. Enquête auprès des tenants de la « révolution bleue »

Visuel Interactif : la Révolution Bleue

Un vieux rêve de l’humanité est de se réfugier sur une île pour y refaire sa vie, voire le monde, ­inventer une société meilleure, expérimenter des voies nouvelles pour l’humanité. C’est sur une île que Thomas More situait Utopia (1516)sa société idéale ; au cœur d’une île encore que Tommaso Campanella imaginait la Cité du ­Soleil (1602) ou Sir Francis Bacon La Nouvelle ­Atlantide (1624).Aujourd’hui, ces utopies insulaires sont rattrapées par la réalité terrestre : un mouvement architectural cherche à édifier des cités écologiques sur des îles nouvelles. Né dans l’urgence de la menace environnementale, ce courant qui a gagné l’architecture et l’urbanisme interpelle, depuis dix ans, économistes, institutions internationales et gouvernements. Ce mouvement a un drapeau – bleu, couleur des océans – et un pays pionnier : les Pays-Bas. Elu en 2007 parmi les personnes les plus influentes de l’année par le magazine Time, l’architecte Koen Olthuis, cofondateur de l’agence Waterstudio, à Ryswick, est l’un de ses praticiens et théoriciens. Il signe ses mails Green is good, blue is better («  le vert [le souci écologique], c’est bien, le bleu, c’est mieux ») et avance plusieurs arguments pour expliquer pourquoi construire sur les mers est une idée d’avenir : «  D’ici à 2050, 70 % de la population mondiale ­vivra dans des zones urbanisées. Or, les trois quarts des plus grandes villes sont situées en bord de mer, alors que le niveau des océans s’élève. Cette situation nous oblige à repenser radicalement la façon dont nous vivons avec l’eau. »

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Car, rappelle-t-il, les cités géantes du XXIsiècle sont mal en point : «  La préoccupation “verte” qui saisit aujourd’hui architectes et urbanistes ne suffira pas à résoudre les graves problèmes environnementaux des villes. Comment allons-nous affronter les problèmes de surpopulation ? De pollution ? Résister à la montée des eaux ? » Sa réponse : en bâtissant des quartiers flottants, de nouvelles îles, en aménageant des plans d’eau pour un urbanisme amphibie. « La mer est notre nouvelle frontière », affirme l’architecte, détournant la formule de John Fitzgerald Kennedy. Car si l’espace manque sur terre, la mer est immense – et inhabitée.

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