Voila plus de deux ans, depuis son arrivée à la Présidence, que François Hollande se bat pour que l’Allemagne et Angela Merkel fasse de la relance. C’était d’ailleurs un de ses thèmes de campagne que ses adversaires n’avaient pas été capable de contrer. Il s’est heurté tout de suite au refus franc et massif d’en faire par l’Allemagne, dont une telle relance était aux antipodes de la philosophie budgétaire, mais aussi de celle des autres pays de la zone euros qui étaient engagés depuis longtemps dans une politique de réduction des dépenses.
Apparemment aucun de nos experts,économistes plus ou moins distingués, et commentateurs des médias, n’ont jamais mis en question que cette relance « allemande » allait bénéficier à toute l’Europe et à la France en particulier parmi les pays de l’Union, ni indiqué par quel mécanisme cette relance allait bénéficier aux « autres ».Alors que chacun, dans le système européen, est responsable de son budget et donc de la relance éventuelle dans son pays.
Personne, dans notre personnel politique, ne nous a jamais expliqué non plus quel type de relance devait impulser l’Allemagne qui puisse bénéficier aux autres pays de la zone euro. Une relance par la consommation, keynésienne par nature comme nos politiques aiment bien, alors même que nous savons qu’une telle relance bénéficierait en premier à nos fournisseurs de biens de consommation, les pays de l’Asie du Sud Est, Chine en tête? Une relance par l’investissement mais par quel miracle la relance allemande parviendrait elle jusqu’à nos entreprises à nous et pourquoi nos entreprises s’y mettraient elles au delà de leurs budgets « classiques » alors qu’elles ne voient pas quel secteur de marché porteur pourrait en accueillir la production supplémentaire?
Bref au delà du mot, électoraliste bien sur, on ne voyait pas bien de quoi il allait s’agir, ni par quel mécanisme cela retomberait en pluie sur notre économie. Je crains que ce que notre Président n’ait eu en tête que des « dépenses » supplémentaires qu’il a demandé sans autre précision à Angela Merkel, qui a du l’avoir facile de lui demander de revenir avec un plan documenté sur ce qu’il voulait qu’elle et l’Allemagne fasse. D’ailleurs après être allé faire connaissance avec elle et, je suppose, lui avoir parlé de relance, nous n’en avons plus jamais entendu parlé.
On aurait pu penser qu’il allait dans ses premiers budgets faire de la relance traditionnelle en favorisant par des facilités fiscales soit l’investissement industriel soit l’investissement dans le batiment. Làs, au lieu de prolonger les dispositifs existant comme le Scellier ou d’en revenir à des dispositifs précédents encore plus favorables , il nous servit un Duflot indigeste et sans grand intérêt et choisit de pénaliser lourdement la prise de risque en sortant l’idéologie marxisante de la taxation équivalente des revenus du travail et du capital.
Monsieur Juncker qui préside désormais aux destinéees de la Commission Européenne ne s’y est pas trompé qui essaye de monter un plan européen de relance de 300 milliards qui sera sans doute industriel et de « vrai » investissement (encore que des grands travaux d’infrastructure qui en feront forcement partie n’en soient pas vraiment) et pas de relance par la consommation.
Revenons à notre sujet qui est de comprendre comment une relance allemande pourrait impacter l’économie de la France. Les économistes de Standard and Poor’s se sont mis au travail pour calculer l‘effet éventuel d’une relance par le déficit public en Allemagne, de 1pct du PIB par exemple, sur deux années en 2015 et 2016, en Allemagne et dans les autres pays de l’Union dont la France pour les deux années suivantes, 2016 et 2017.
Vous voyez ci contre les résultats de cette étude.Sans grande surprise cette relance aurait surtout de l’effet…en Allemagne!.Les milliards injectés dans l’économie allemande se retrouveraient pour les deux tiers en accroissement d’activité en Allemagne et pour un tiers dans les autres pays de l’Union dont en premier les Pays Bas aux échanges traditionnellement forts avec l’Allemagne qui récolteraient 0,34 pct de point de croissance supplémentaire suivi de l’Italie, de l’Espagne et de la France avec entre 0,14 et 0,12 pct de croissance supplémentaire.
C’est toujours bon à prendre, mais ce n’est pas avec ça que l’on va relancer la croissance ni diminuer le chômage. L’impact global en création de postes a été évalué à 200 000 emplois pour toute la zone euro dont 200 000 en Allemagne et ...25 000 en France.
Deux ans de réflexions et d’effort des services des ministères pour arriver à s’apercevoir que l’idée géniale de la relance chez notre grand voisin n’était qu’une baudruche sans grand intérêt! De qui se moque t on, Monsieur Hollande et Messieurs Sapin, Montebourg ou Macron?
Aidez toi, le ciel t’aidera, dis le proverbe. C’est peut être à cela qu’il faudrait penser,non?