Transition énergétique allemande: Ca se gâte?

Vous savez que l’Allemagne s’est lancée brutalement, immédiatement après Fukushima et pour des raisons sans doute électoralistes, dans la fermeture de son réseau de centrales nucléaires et dans le saut dans l’inconnu qu’à constitué pour le pays ce changement de politique énergétique. Encore l’Allemagne, au moment de la prise de décision, était elle largement en avance par rapport à d’autres pays du monde dans l’évolution de son mix énergétique, avec une présence importante du photovoltaïque dans le chauffage familial et une forte présence de production éolienne en Mer du Nord et Mer Baltique. Un handicap important néanmoins dans la mise en place de ces énergies alternatives, tous ces efforts d’équipement était fortement dépendants de subventions d’état.

Le début de la transition énergétique, comme je vous en avais fait part dans un article du 3 mars 2013 s’était bien passé en ce sens que la capacité de production s’était avérée suffisante, malgré l’arrêt des premières centrales nucléaires, mais qui avait révélé deux inconvénients significatifs, le fait que la production d’électricité renouvelable était concentrée dans le nord de l’Allemagne alors que le secteur industriel et donc la demande était dans le sud, et que les réseaux électriques étaient insuffisants pour transporter l’electricité du nord vers le sud.

Quelques années ont passé qui ont été vécues avec un certain désenchantement par les allemands du fait que le prix de l’énergie n’a pas cessé d’augmenter, qu’ils ont exprimé une forte opposition à la construction de lignes haute tension( 250 km seulement ont pu être construites) et que finalement les baisses d’émissions de CO2 qui étaient attendues de cette transition se sont plutôt transformées en hausse du fait de la conversion des centrales d’appoint à gaz en centrales au charbon!

Par ailleurs les énergéticiens allemands, qui étaient une industrie robuste auparavant, ont été tellement fragilisés qu’ils en sont arrivés actuellement, après des restructurations coûteuses en personnel, à des mutations bien plus radicales.

Ce ce que revèle l’annonce faite par le plus important de ces énergéticiens E.ON de devoir…. se couper en deux, d’un coté les installations de productions nucléaires et fossiles qui iront dans une société séparée à introduire en bourse et les autres activités, production d’électricité à partir d’énergies renouvelables, gestion des réseaux et services dans le nouvel E.ON qui continuera à être coté en bourse.

C’est une surprise considérable que ce changement de profil de la société à 180 degrés qui revèle la crise profonde que traverse cette industrie et dont on se demande comment sera accueilli par le marché les deux morceaux des activités actuelles.

D’aprés le PDG d’E.ON Johannes Thyssen, les groupes comme le sien se doivent de choisir entre les anciennes énergies et modes de production ou les modes de production nouveaux et se concentrer sur les énergies renouvelables si elles veulent retrouver le succès et la voie de la réussite industrielle et financière! Exit donc les activités conventionnelles,- qui représentent 50 Gigawatts de capacité de production et 20 000 employés sur les 60 000 employés totaux- qui seront introduite en bourse et vivent les métiers qui rapportent et ont de l’avenir, les renouvelables,les réseaux et les services.

C’est son opinion.Sera ce celle des actionnaires et des employés? L’avenir le dira. Mr Thyssen prétend que la société des moyens conventionnels sera bien accueilli par les investisseurs du fait de ses revenus sûrs et récurrents, comme les sociétés d’immobilier de parking ou d’autoroutes type Véolia. Plombée néanmoins par ses centrales nucléaires qui doivent fermer d’içi 2022 et leur démantèlement, on ne voit pas bien comment sa valorisation pourrait progresser. Quand à la société nouvelle des énergies vertes, elle sera certes, libérée du risque fermeture et demantèlement du nucléaire mais son futur sera très lié à la construction des réseaux , au montant des subventions des modes de production éolien ou photovoltaïque qui la font vivre, aux accès prioritaires aux réseaux dont elles bénéficient et aux aléas politiques.

L’une comme l’autre ne paraissent pas bénéficier d’une grande assurance de succès dans l’avenir. Je dirais que les risques de bonne ou mauvaise fortune ne me paraissent pas très différents dans l’une comme dans l’autre. A titre personnel je crois que je me tiendrais à l’écart de l’une comme de l’autre en attendant de voir comme tout cela va tourner.

Mr Johannès Thyssen me semble avoir joué à l’apprenti sorcier.Je lui souhaite Bonne Chance mais …à suivre

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