J’ai investi ma chambre, rangé mes affaires, organisé l’espace, déplacé les meubles. Elle est grande, ma chambre. La voilà dans une version personnalisée. Bon. Les murs sont vides, mais j’ai posé sur mon bureau la photo envoyée par ma petite sœur, dans un cadre en papier recyclé acheté à Kampala. Et sur ma table de chevet, il y a la carte « livre de la jungle » que j’ai reçue de mon autre sœur. De petites touches qui me réchauffent le cœur. Ah si ! J’ai dégoté dans une boutique un crocodile en bois sculpté qui a décidé de rejoindre ma collection de statuettes glanées au fil de mes escapades.
J’ai une vue splendide au seuil de ma chambre sur Jinja et alentours. Le soir, je me pose un moment et je regarde… le paysage, le ciel, les gens qui passent, les poules qui picorent, les petites chèvres. Il y a de la vie dans cette caserne-école : une ville en somme.
Au bout du chemin qui permet de descendre de la colline, côté école, on embrasse une partie du site. C’est réellement immense. Sur la gauche, au loin, les bâtiments où se trouve le mess. Pas moins d’un quart d’heure de marche à pied ! On se croirait dans un village. À côté du stade où se font les manœuvres des apprentis militaires, il y a un troupeau de vaches à grandes cornes qui paissent. Quand on se balade dans les rues du camp, on croise des enfants, des familles, des bodas-bodas (ces taxis motos bien pratiques).
Voilà, j’ai la plus belle vue du camp. Mais comme je suis sur une colline, la pompe de relevage, sans doute poussive et vétuste, peine à fournir l’eau. Je touche du doigt le confort insolent qu’on a en France, avec ce si précieux liquide en tout lieu et à toute heure.
J’économise la moindre goutte. L’eau de vaisselle finit dans la chasse d’eau des vécés. Et ma douche, elle est réduite, dans l’immédiat, à ces trois bidons que montent les soldats jusqu’à ma porte. J’apprends l’Afrique Sub-Saharienne.