« Syriza aura peu d’espace pour rompre avec l’UE »

Qui a intérêt à précipiter cette échéance ?

Ca n’est pas très clair, mais sans doute le Premier ministre conservateur Antonis Samaras. Vu la conjoncture, il savait qu’il aurait du mal à gagner les élections de 2016. Là, il peut espérer limiter ses pertes en agitant le spectre du désordre économique, la Grèce n’étant pas encore sortie du programme d’assistance, et, surtout, compliquer la tâche de Syriza qui est donné gagnant, mais sans majorité absolue. Selon les sondages, il devance la Nouvelle Démocratie (conservateurs) de 5 à 6 %, soit 32-33 % contre 27-28 %. Syriza devra donc trouver des alliés, notamment du côté du centre gauche de To Potami ou de la droite populaire des « Grecs indépendants ». Sa majorité sera donc instable ce qui va compliquer la tâche du gouvernement. Alexis Tsipras, le leader de Syriza, n’aura pas beaucoup d’espace pour prendre des décisions révolutionnaires ou en rupture avec l’Union.

Ce parti semble pourtant prôner la confrontation avec les instances européennes…

Une impression causée par son aile gauche, minoritaire, qui fait beaucoup de bruit en promettant la révolution : défaut sur la dette, sortie de l’euro ou de l’Union, guerre contre le capitalisme… Mais il ne faut pas se laisser abuser : le programme de gouvernement adopté par le parti en septembre à Salonique n’est absolument pas un programme de rupture : c’est une plate-forme minimale qui est très éloignée de son projet d’origine pour une Grèce socialiste. Et il ne faut pas oublier qu’il sera renégocié lors de la formation du gouvernement…

Alors, pas question de ne pas rembourser la dette publique ?

Comme le veut le gouvernement actuel, Syriza veut la renégocier et seulement pour sa partie détenue par les Etats européens, la Banque centrale européenne et le Mécanisme européen de stabilité. Ainsi, Syriza a annoncé qu’il paiera rubis sur l’ongle aux investisseurs privés les 3,5 milliards d’euros de dettes qui arrivent à échéance au printemps. En revanche, il veut obtenir un délai avant de rembourser les 10 milliards d’obligations que détient la BCE qui, elles, arrivent à échéance en juillet. Néanmoins, la gauche radicale espère bien obtenir plus tard un abandon de dettes, mais sans qu’il soit question de faire défaut unilatéralement. Les autres éléments de son programme veillent tout autant à éviter la rupture avec la zone euro : l’augmentation du salaire minimum, une mesure symbolique, ne concerne que le secteur privé, ce qui ne va pas grever les comptes publics. De même, l’augmentation du minimum vieillesse est finançable et il n’est pas question de réembaucher des fonctionnaires : Syriza s’est engagé à adopté des budgets à l’équilibre.

Alexis Tsipras a néanmoins prôné la sortie de l’euro au plus fort de la crise grecque…

Il a dit une fois il y a deux ans que la monnaie n’était pas un fétiche. Mais depuis il réaffirme sans cesse sa volonté de rester dans l’euro.

À l’unisson des citoyens grecs ?

Entre 70 et 75 % des Grecs restent attachés à l’euro (contre 85 % avant la crise). Ils savent qu’il n’y a pas d’alternative : on n’est plus dans les années 70 où un pays isolé pouvait espérer s’en sortir. En revanche, la confiance à l’égard de l’Union européenne a chuté de 90 % à 10 %… Et on peut le comprendre puisqu’aujourd’hui même le FMI reconnaît que la politique d’austérité infligée à la Grèce a été beaucoup trop violente et n’a pas produit les résultats attendus.

Syriza est-il prêt à exercer le pouvoir ?

Sur le plan économique, sans aucun doute. Pour le reste, je n’en suis absolument pas sûr. La meilleure chose pour eux est que les élections aient lieu dans un an, ce qui leur donnera le temps de peaufiner leur programme.

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