Les aubes sur la terre sont des merveilles Dans une clarté diffuse, le soleil émerge, parant les choses et les êtres d’un or rougeoyant. Et dans la savane, l’or flamboie.
Nous sommes partis au petit matin, il fallait prendre le bac de 7 heures : traverser le Nil pour emprunter la piste afin de croiser, peut-être, l’un de ces grands emblèmes de l’Afrique que sont l’éléphant ou le lion. La savane bruissait. L’air était encore frais.
Ce n’est pas, en Ouganda, une savane pelée. À la limite de la forêt tropicale, elle est touffue, herbue, arborée. De verts, d’ocres et de rouges, à la pointe du jour, elle semble baigner dans une brume bleutée. Des couleurs, rien que des couleurs, posées en petites touches, un peu comme dans un tableau de Signac. Mais très vite, elle se pare d’incarnat.
J’ai ressenti, à contempler la savane tout le jour, le nez à l’air, perchée sur le toit du véhicule, la même sensation d’infini que j’avais éprouvée lors de ma découverte du Sahara, au Maroc. La même impression que, si Dieu se cache quelque part, alors il est là, sous un arbre, à rêvasser.
Les espaces vastes, où l’œil perçoit la lisière de l’horizon sont propices à la méditation. Tout le jour, nous avons traqué la gazelle. J’ai fait plusieurs centaines de photos. Mais il en est que je regarde parfois, ce sont celles de la savane… la savane dont je contemple la beauté unique, et, sans doute, fragile.