La capitale de la Bosnie-Herzégovine fut le théâtre, il y a exactement un siècle, de l’élément déclencheur de la Premier Guerre mondiale. Retour sur une Europe au bord de l’explosion.
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L’été 2014 vient d’arriver, et les séquences vont se dérouler pendant tout l’été. La projection du grand film commence. Une tragédie. Après les soixante-dix ans du Débarquement, voici le centenaire de la Der des ders. La dernière guerre, normalement, qu’on a appelée plus prudemment Première Guerre mondiale.
C’est le premier épisode, un drame en un acte qui a précipité toute l’Europe dans l’embrasement. Et le monde avec elle. À l’époque, l’Europe, c’était la guerre.
L’unité de lieu : Sarajevo
D’abord, l’unité de lieu : Sarajevo, une très belle ville en plein cœur des Balkans. Depuis le 13 juillet 1878, la Bosnie, musulmane et intégrée à l’Empire ottoman, était sous domination de l’Empire austro-hongrois, très catholique, qui l’a finalement annexée en 1908. Le Congrès de Berlin supervisé par Bismarck réduisait la victoire militaire de la Russie sur les Turcs en maintenant une série de petits États dans les Balkans (diviser pour mieux régner), comme l’avaient voulu l’Autriche-Hongrie et le Royaume-Uni pour éviter la slavisation de l’Europe du Sud et surtout, éviter aux Russes l’accès à la Méditerranée.
Pour simplifier, les orthodoxes ressentirent beaucoup de rancœur (notamment les Bulgares) et les musulmans furent soulagés par le Traité de Berlin (notamment les Bosniaques). Bismarck était satisfait car il avait réussi à préserver la paix au sein de l’Europe tout en conservant l’hégémonie du Reich. Mais en 1903, un coup d’État porta à la tête de la Serbie un leader de l’expansionnisme serbe soutenu par la Russie alors qu’auparavant, le pays était allié à l’Autriche.
L’unité de temps : 28 juin 1914
Ensuite, l’unité de temps : le dimanche 28 juin 1914. Soit un an après les deux guerres balkaniques de 1912 et 1913 qu’il serait un peu difficile de résumer en quelques mots, et qui avaient été la conséquence de l’émergence des nationalismes suscités par le Traité de Berlin.
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Le 7 mars 1912, un accord d’alliance contre l’Autriche-Hongrie et l’Empire ottoman a été signé entre la Serbie et la Bulgarie, encouragé par la Russie. Le 29 mai 1912, un autre accord fut signé entre la Bulgarie et la Grèce contre l’Empire ottoman pour s’emparer de la Macédoine et de la Thrace. En juin 1912, ce fut un accord d’alliance entre la Grèce et la Serbie. Les trois pays (Serbie, Bulgarie, Grèce) formèrent la Ligue balkanique qu’a rejointe le Monténégro. Cette Ligue était soutenue par la Russie et avait pour but d’affranchir les populations chrétiennes de l’Empire ottoman du joug autrichien. Le Royaume-Uni, soutenu par la France, a tenté d’encourager quelques réformes en faveur de ces populations tandis que l’Allemagne a soutenu l’Empire ottoman et l’Autriche-Hongrie pour éviter toute formation d’un grand État slave du Sud (qui fut plus tard la Yougoslavie).
Le 8 octobre 1912, le Monténégro déclara la guerre à l’Empire ottoman. Ses trois alliés de la Ligue l’imitèrent le 17 octobre 1912. Ce fut une victoire totale sur les Ottomans déjà très affaiblis depuis une trentaine d’années, et qui terminaient, le 15 octobre 1912, une guerre contre l’Italie et la Libye. À l’issue de cette Première Guerre balkanique, les Ottomans perdirent leurs derniers territoires européens sauf Istanbul et les bords de la mer de Marmara. Dans ces territoires, il y avait six millions d’habitants mais seulement deux millions trois cent mille musulmans. L’armistice demandé par la Turquie fut signé le 19 avril 1913 après une première tentative en début décembre 1912 (mais des extrémistes turcs avaient repris le combat en janvier 1913). Ce fut la première guerre aérienne avec le survol le 6 février 1913 d’un avion grec dans les Dardanelles qui balança des bombes sur des navires ottomans (mais qui n’ont pas atteint leur cible).
Le partage de ces territoires (appelés Roumélie ottomane) fixé par le Traité de Londres du 30 mai 1913 divisa la Ligue et la Bulgarie attaqua le 16 juin 1913 son ancienne alliée, la Serbie qui avait annexé une partie de la Macédoine qu’elle revendiquait elle aussi. La Grèce (alliée à la Serbie par une alliance militaire signée dès le 1er mai 1913 et un traité d’assistance mutuelle signé le 1er juin 1913), le Monténégro et la Roumanie (précédemment neutre) s’allièrent à la Serbie contre les Bulgares… et contre l’Empire ottoman qui reprit la Thrace orientale et Andrinople. La Bulgarie fut défaite le 18 juillet 1913. Le Traité de Bucarest du 10 août 1913 donna la Dobroudja du Sud (au sud du delta du Danube) à la Roumanie, la Crète à la Grèce, la Macédoine à la Serbie et à la Grèce etc.
Le Traité de Constantinople du 29 septembre 1913 modifia la frontière entre la Bulgarie et l’Empire ottoman. Le Traité de Londres (du 30 mai 1913) et le Traité de Florence du 17 décembre 1913 accordèrent l’indépendance à l’Albanie soutenue par l’Italie et l’Empire austro-hongrois, ce qui avait pour but de retirer à la Serbie son débouché sur l’Adriatique et de supprimer à la Grèce sa domination sur l’Épire du nord, annexé lors de la Première Guerre balkanique, que l’armée grecque évacua en février 1914.
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La Serbie fut cependant la plus grande bénéficiaire de ces deux guerres balkaniques en doublant la superficie de son territoire et en augmentant de moitié sa population. Forte de son assise vers le sud, elle commença donc à regarder vers le nord pour revendiquer la Bosnie à l’Autriche-Hongrie. La Serbie devenait le relais russe pour déstabiliser l’Empire austro-hongrois. L’Allemagne, qui avait compris que l’Empire ottoman allait s’effondrer en Europe imaginait un nouvel axe des puissances centrales avec la Bulgare pour faire face aux Russes et parce que le roi de Bulgarie avait des origines germaniques. Le démantèlement de l’Empire ottoman a rendu instable la partie sud de l’Europe centrale.
Maintenant, prenons quelques personnages du drame.
Le personnage principal : l’archiduc François-Ferdinand
Le héros de l’histoire, ce fut François-Ferdinand, archiduc d’Autriche, pas vraiment apprécié par la cour d’Autriche mais prince héritier de l’Empire austro-hongrois depuis la mort de son cousin Rodolphe d’Autriche le 30 janvier 1889 (dans les bras de sa jeune maîtresse) et la mort de son père Charles-Louis de Habsbourg le 19 mai 1896 (atteint de fièvre typhoïde en buvant de l’eau du Jourdain).
Né le 18 décembre 1863 à Graz, il avait donc 50 ans. Il s’était marié tardivement, le 28 juin 1900 au château de Reichstadt, en Bohême. Son père Charles-Louis (1833-1896), né au château de Schönbrunn, était le frère de l’Empereur d’Autriche François-Joseph Ier (1830-1916), ce dernier le père de Rodolphe, qui fut aussi le Roi de Hongrie, le Roi de Croatie, le Roi de Bohême, le Roi de Dalmatie, de Slavonie, de Galicie, de Lodomérie et d’Illyrie, et le Roi de Jérusalem. François-Joseph et Charles-Louis avaient aussi deux autres frères, dont Ferdinand-Maximilien (1832-1867), Empereur du Mexique qui y fut exécuté le 19 juin 1867, laissant à la branche de Charles-Louis la succession potentielle au trône.
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À la mort du vieil Empereur, le 21 novembre 1916, ce fut le neveu de l’archiduc François-Ferdinand, le fils de Otto de Habsbourg-Lorraine (1865-1906), qui lui succéda, Charles Ier (1887-1922) jusqu’au délitement de l’Empire austro-hongrois le 12 novembre 1918. Charles Ier fut béatifié le 3 octobre 2004 par le pape Jean-Paul II (un procès en canonisation est en cours et une relique a été déposée à la basilique Saint-Epvre de Nancy en décembre 2013), et, marié à Zita de Bourbon-Parme (1892-1989), il fut le père d’Otto de Habsbourg-Lorraine Jr.
Ce dernier, né le 20 novembre 1912, marié le 10 mai 1951 à Nancy, et mort il y peu de temps, le 4 juillet 2011, dirigea la Maison impériale d’Autriche du 1er avril 1922 au 1er janvier 2007 et fut élu député européen représentant de la Bavière de 1979 à 1999, présidant deux fois, en tant que doyen d’âge, la séance inaugurale en juillet 1989 et juillet 1994. En début 1989, on lui avait proposé de se présenter à la Présidence de la République de Hongrie. Il refusa mais organisa en août 1989 un grand pique-nique qui accueillit cinq cents Allemands de l’Est qui ont franchi la frontière austro-hongroise pour se réfugier à l’Ouest. Cette digression juste pour relier le héros à un personnage européen contemporain (c’était son petit-neveu). Le fils aîné de Otto est Karl von Habsburg-Lothringen (en allemand), né le 11 janvier 1961, et fut député européen autrichien de 1996 à 1999.
L’héroïne : Sophie de Hohenberg
L’héroïne du drame fut la Tchèque Sophie Chotek de Chotkowa et Wognin, née le 1er mars 1868 et faite Princesse de Hohenberg et aussi duchesse. Elle avait donc 46 ans. C’était l’épouse de l’archiduc François-Ferdinand. Elle était d’origine noble (elle était comtesse) mais pas de sang royal, demoiselle d’honneur à la cour d’Autriche.
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Malgré ce mariage peu régulier (dit morganatique), l’Empereur accepta de ne pas déshériter François-Ferdinand parce qu’il était déjà âgé et que le suivant dans la succession était Otto senior, qui avait une vie un peu dissolue. Le deal fut donc que François-Ferdinand pouvait être Empereur mais que son épouse ne serait pas impératrice (un peu comme Camilla avec le Prince Charles), et surtout, que leurs enfants ne seraient pas appelés à la succession au trône. Depuis leur mariage, le 1er juillet 1900 en fait (le 28 juin, c’était la proclamation du deal), le couple n’avait pas les mêmes droits protocolaires. Bien qu’épouse de l’héritier au trône, Sophie n’était pas archiduchesse et ils n’avaient pas toutes les protections dues à un couple de sang royal lors de leurs déplacements (cela a eu donc une incidence désastreuse dans le déroulement du drame).
François-Ferdinand pouvait devenir d’un jour à l’autre Empereur d’Autriche-Hongrie car son oncle avait déjà 83 ans. Or, par sa femme tchèque, l’archiduc aurait été enclin à donner les mêmes droits aux populations slaves de l’Empire, qui avaient le sentiment d’être colonisés, que ceux des populations allemandes et magyares qui étaient moins nombreuses. Cette perspective ne suscitait pas seulement l’opposition des Hongrois et des Autrichiens mais aussi celle des Serbes qui voulaient rassembler tous les Slaves dans une Grande Serbie et n’auraient pas vu d’un bon œil leurs rivaux autrichiens ériger un empire « slavocompatible ».
L’assassin : Gavrilo Princip
Enfin, pour compléter le tableau, un troisième personnage, le « méchant » de l’histoire, Gavrilo Princip, un étudiant serbe de Bosnie né le 25 juillet 1894, il allait donc avoir 20 ans, se revendiquant d’un nationalisme yougoslave.
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Issu d’une fratrie de neuf frères et sœurs dont seulement lui et un frère survécurent à la tuberculose, il avait des parents très pauvres et il se sentait humilié dans son identité nationale par la domination autrichienne.
Les faits
Le choix de faire un déplacement officiel à Sarajevo le 28 juin 1914 n’était pas anodin. La date marquait le quatorzième anniversaire de mariage de l’archiduc et lui permettait de faire profiter son épouse des honneurs publics qu’il recevait lui-même. De plus, cette date avait une valeur symbolique : fête religieuse chez les Serbes orthodoxes (Vidovdan) et anniversaire de la bataille de Kosovo Polje du 28 juin 1389 qui fut, contre les Serbes menés par le Prince Lazare, une victoire stratégique des Turcs qui annexèrent durablement le royaume de Serbie à l’Empire ottoman. Six cents ans plus tard, le 28 juin 1989, le Président serbe Slobodan Milosevic (1941-2006), élu le 8 mai 1989, fit un discours d’exaltation nationaliste qui embrasa la Yougoslavie dans une (autre) guerre civile qui fit plusieurs centaines de morts.
Comme inspecteur général des armées, François-Ferdinand voulait faire ce voyage d’inspection alors que l’armée autrichienne terminait de grandes manœuvres en Bosnie. L’ambassadeur serbe à Vienne déconseilla le gouvernement d’envoyer l’archiduc dont la venue pourrait être considérée comme une provocation pour les nationalistes serbes. C’est à la fin de ces manœuvres que l’archiduc a regagné Sarajevo où l’attendaient des festivités en son honneur, et c’était pour cette raison qu’il se fit accompagner de sa femme vivant retirée à Vienne.
Il y eut d’abord vers dix heures et quart du matin un premier attentat lors du trajet du couple princier vers l’hôtel de ville, qui fit plusieurs blessés. L’archiduc avait réussi à éloigner une bombe lancée par un terroriste maladroit. François-Ferdinand visita pendant une demi-heure l’hôtel de ville puis voulut se rendre à l’hôpital pour visiter les blessés. On lui déconseilla d’y aller, et on déconseilla aussi à son épouse de l’accompagner, en raison du danger, mais Sophie restait solidaire.
Carl Pietzner, photographe officiel de la cour autrichienne, a pris ce cliché particulièrement émouvant du malheureux couple seulement cinq minutes avant le drame, sur le perron de l’hôtel de ville de Sarajevo, juste avant de monter dans l’automobile.
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Le chauffeur n’ayant pas été informé de cette volonté d’aller visiter les blessés, n’a pas pris le bon itinéraire. Il s’arrêta pour faire marche arrière. La voiture était alors à l’arrêt au milieu de la foule et Gavrilo Princip, l’un des membres d’une organisation terroriste, qui avait abandonné l’idée de tuer l’archiduc (et qui était allé se chercher un sandwich) s’est retrouvé proche de la voiture et a saisi l’occasion.
Le drame s’est joué devant le Pont Latin, au carrefour entre l’avenue François-Joseph et la rue Rudolph vers onze heures du matin. Gavrilo Princip tira deux balles sur le couple. François-Ferdinand fut touché à la nuque et perdit beaucoup de sang, Sophie au ventre et s’écroula sur les genoux de son époux qui cria : « Sophie chérie ! Ne meurs pas ! Reste en vie pour les enfants ! ». La une du New York Times du 29 juin 1914 retraça l’événement.
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En l’absence de photographie, la représentation imagée a été publiée par « Le Petit Journal » le 12 juillet 1914.
La voiture a alors foncé à la résidence du gouverneur où rien n’était possible de faire pour les soigner, et les deux s’éteignirent un quart d’heure plus tard. L’Empereur pleura en apprenant la nouvelle et lâcha : « Oh ! C’est affreux, affreux ! Rien sur cette Terre ne m’aura été épargné ! » (parmi les drames que l’Empereur avait vécu, l’assassinat de son épouse, l’Impératrice Sissi le 10 septembre 1898 à Genève). François-Ferdinand et Sophie furent célébrés à Vienne avant d’être inhumés au château d’Artstetten, une propriété familiale, près de Melk, en Autriche.
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L’uniforme taché de sang de François-Ferdinand, son automobile et l’arme de son assassin sont encore visibles au musée militaire de Vienne. La balle qui l’a tué est, elle aussi, visible au château de Konopiste, en République tchèque (à cinquante kilomètres au sud de Prague), qui fut la demeure principale du couple (et nationalisés par la Tchécoslovaquie).
La suite désastreuse de l’attentat de Sarajevo
L’arme aurait été fournie par le gouvernement serbe et Princip faisait partie d’un groupe de plusieurs terroristes chargés d’assassiner l’archiduc à Sarajevo. Cependant, ils auraient plus été manipulés par les services secrets que par le gouvernement serbe lui-même.
Les conséquences de ce double assassinat furent catastrophiques pour le monde entier car ce drame a amorcé des réactions en chaîne. Jeu de dominos qui fut la conséquence d’un double système d’alliances : la Triple-Entente avec la France, le Royaume-Uni et la Russie, et le Triplice avec l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie, et des empires coloniaux, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Inde, l’Afrique du Sud et les colonies françaises et belges suivirent les positions du Royaume-Uni et de la France.
Le 5 juillet 1914 à Potsdam, l’Allemagne a rapidement affiché son soutien inconditionnel à l’Autriche-Hongrie en lui recommandant la fermeté, pensant que c’était l’occasion idéale pour anéantir la puissance de la Serbie en pariant sur la non-intervention de la Russie (cette mauvaise hypothèse peut apporter un éclairage historique à la crise ukrainienne cent ans plus tard). Le seul opposé à la guerre, le comte Istvan Tisza, Premier Ministre de Hongrie, adressa à l’Empereur François-Joseph cette lettre prémonitoire : « Une attaque contre la Serbie amènerait très vraisemblablement l’intervention de la Russie et une guerre mondiale s’ensuivrait. » (8 juillet 1914). Tisza fut assassiné le 31 octobre 1918 à Budapest lors de la Révolution des Asters.
Le 26 juillet 1914, la Bulgarie a rompu ses relations diplomatiques avec la Serbie.
Le 28 juillet 1914, l’Autriche-Hongrie déclara la guerre à la Serbie (une « guerre préventive ») après lui avoir lancé un ultimatum humiliant le 23 juillet 1914. Belgrade fut bombardée le lendemain. La Serbie avait accepté huit des neufs conditions exigées par l’Autriche, tout, sauf la présence d’enquêteurs autrichien sur territoire serbe (cela fait penser aux enquêteurs en Irak en 2003).
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Le lendemain dans le journal « Wiener Zeitung », François-Joseph se justifia ainsi : « J’ai tout examiné et tout pesé ; c’est la conscience tranquille que je m’engage sur le chemin que m’indique mon devoir. », mais c’était une déclaration officielle, tandis que certaines indications ultérieures auraient au contraire montré sa réticence, en signant la déclaration de guerre : « Une guerre préventive, c’est comme un suicide par peur de la mort. ».
Président de la République française à cette époque, Raymond Poincaré lui a même rendu un curieux hommage en 1932 : « C’était un souverain riche de bonnes intentions. (…) Il n’a pas voulu le mal, il n’a pas voulu la guerre, mais il s’est entouré de gens qui l’ont faite. » (« Au service de la France »). Le comte Leopold von Berchtold, en particulier, qui fut le Ministre autrichien des Affaires étrangères, l’avait encouragé à envahir la Serbie dès le début du mois de juillet, fortement incité par le chef de l’état-major allemand Helmuth von Moltke.
Le 30 juillet 1914, mobilisation générale en Russie et en Autriche-Hongrie. Le 31 juillet 1914, mobilisation générale en Belgique, et Jean Jaurès fut assassiné.
Le 1er août 1914, mobilisation générale en Allemagne, et l’Allemagne déclara la guerre à la Russie. Le 2 août 1914, mobilisation générale en France, et l’Allemagne a envahi le Luxembourg et lança un ultimatum inacceptable à la France et à la Belgique qui fut rejeté le lendemain.
Le 3 août 1914, l’Allemagne déclara la guerre à la France et à la Belgique. Lunéville fut bombardée. La Belgique fut envahie.
Le 4 août 1914, le Royaume-Uni déclara la guerre à l’Allemagne après l’invasion allemande de la Belgique. Le Président français Raymond Poincaré demanda aux parlementaires l’Union sacrée. Le 6 août 1914, l’Autriche-Hongrie déclara la guerre à la Russie. La France commença une offensive en Alsace contre l’Allemagne (l’Alsace-Moselle avait été annexée en 1870).
Le 11 août 1914, la France déclara la guerre à l’Autriche-Hongrie.
Le 13 août 1914, le Royaume-Uni déclara la guerre à l’Autriche-Hongrie.
Le 19 août 1914, le nouveau Président des États-Unis Woodrow Wilson annonça la neutralité de son pays.
Le 23 août 1914, le Japon déclara la guerre à l’Allemagne.
Le 26 août 1914, le socialiste indépendants René Viviani (Président du Conseil depuis le 13 juin 1914) a formé un nouveau gouvernement français où furent intégrés des socialistes (Théophile Delcassé et Alexandre Millerand) qui s’installa le 2 septembre 1914 à Bordeaux à cause de la Bataille de la Marne. René Viviani laissa la tête du gouvernement à Aristide Briand le 29 octobre 1915.
Le 1er novembre 1914, l’Empire ottoman s’allia à l’Allemagne et à l’Autriche-Hongrie.
Le 2 novembre 1914, la Serbie déclara la guerre à l’Empire ottoman.
Le 3 novembre 1914, la France et le Royaume-Uni déclarèrent la guerre à l’Empire ottoman.
Le 5 novembre 1914, le Royaume-Uni annexa Chypre sous souveraineté ottomane.
Le 23 mai 1915, quittant sa neutralité, l’Italie déclara la guerre à l’Autriche-Hongrie.
Le 21 août 1915, l’Italie déclara la guerre à l’Empire ottoman.
Le 5 octobre 1915, la Bulgarie déclara la guerre à la Serbie.
Le 19 octobre 1915, l’Italie déclara la guerre à la Bulgarie.
Le 27 août 1916, l’Italie déclara la guerre à l’Allemagne. La Roumanie déclara la guerre à l’Autriche-Hongrie.
Le 1er septembre 1916, la Bulgarie déclara la guerre à la Roumanie.
Le 11 novembre 1916, la Grèce déclara la guerre à la Bulgarie.
Le 21 novembre 1916, l’Empereur François-Joseph s’est éteint après presque soixante-huit ans de règne (couronné le 2 décembre 1848). Il fut enterré le 30 novembre 1916 à Vienne.
Le 25 novembre 1916, la Grèce déclara la guerre à l’Allemagne.
Le 6 avril 1917, quittant leur neutralité, les États-Unis déclarèrent la guerre à l’Allemagne.
Le 15 mai 1917, Philippe Pétain fut nommé commandant en chef des armées françaises.
22 juillet 1917, le Siam déclara la guerre à l’Allemagne et à l’Autriche-Hongrie.
Le 16 novembre 1917, succédant à Paul Painlevé, Georges Clemenceau (« le Tigre ») est redevenu le chef du gouvernement français (jusqu’au 18 janvier 1920).
Épilogue
Gavrilo Princip, qui n’avait pas eu le temps de se suicider, a été arrêté mais n’a pas pu être condamné à mort parce qu’il avait moins de 21 ans le jour de ses meurtres. En détention dans des conditions très précaires (froid, faim etc.), l’assassin de l’archiduc François-Ferdinand succomba d’une tuberculose dans sa prison de Theresienstadt (en République tchèque) le 28 avril 1918. Après la Première Guerre mondiale, son nom fut honoré par beaucoup d’États balkaniques et en particulier, par la Yougoslavie monarchiste puis communiste. Princip avait prononcé cette profession de foi : « Je suis un nationaliste yougoslave, aspirant à l’unification de toues les Slaves du sud, et je ne me soucie pas de ce que sera la forme de notre État, je sais juste qu’il devra être libéré de l’Autriche. ».
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L’armistice fut signé le 11 novembre 1918 à Rethondes. Le bilan de la guerre est monstrueux : dix millions de morts, vingt et un millions de blessés, huit millions de disparus. L’Europe a été complètement remodelée avec la chute des empires allemand, austro-hongrois, ottoman et russe.
Les Traités de paix de Versailles (28 juin 1919), de Saint-Germain-en-Laye (10 septembre 1919), de Neuilly (27 novembre 1919), du Trianon (4 juin 1920) et de Sèvres (10 août 1920) n’ont toutefois pas empêché la montée du nazisme et le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, autrement plus atroce encore…