Nicolas Sarkozy a fini par mettre fin au suspense de son retour en politique par un message de trois pages sur Facebook qui confirme sa candidature à la présidence de l’UMP.
Depuis plusieurs semaines, c’était un secret de polichinelle et les partisans hier du droit d’inventaire sont devenus subitement des béni-oui-oui aujourd’hui…
Le retournement de veste chez certains dirigeants ou élus de l’UMP est tout à fait spectaculaire si l’on en juge par leurs déclarations passées mais néanmoins récentes et celles d’aujourd’hui. Quelques exemples parmi les plus croustillants…
Xavier Bertrand
Député de la deuxième circonscription de l’Aisne, maire de Saint-Quentin depuis octobre 2010. Secrétaire général de l’UMP (de 2008 à 2010) et ministre de la Santé du gouvernement Dominique de Villepin (2005-2007) puis ministre du Travail des 3 gouvernements Fillon (2007-2012).
Chantre du fameux droit d’inventaire, Xavier Bertrand tirait au canon dans le JDD du 22 juin 2014 : « La rupture, c’était déjà la promesse de 2007… la politique menée n’a pas été à la hauteur de l’exigence de vérité et de résultat. »
Mais le 17 août, le très remonté Xavier revient à de meilleurs sentiments dans Corse-Matin : « Je n’ai aucun adversaire au sein de ma famille politique. Le seul à qui je m’oppose, c’est François Hollande. » !
Christian Estrosi
Député des Alpes-Maritimes, maire UMP de Nice, président de la métropole Nice Côte d’Azur. Ancien président du conseil général des Alpes-Maritimes, plusieurs fois membre de gouvernements.
Christian Estrosi encore candidat à la présidence de l’UMP déclarait à propos de Nicolas Sarkozy, au début de l’été, le 28 juin 2014, à Nice-Matin : « Je n’ai pas le sentiment, lorsque j’entends quelques-uns de ses commentaires, qu’il soit déterminé à laisser de côté le mode de gouvernance qui était le sien ».
Le 7 septembre, changement de pied au campus des Jeunes populaires : « Ce matin, j’appelle ici, à Nice Nicolas Sarkozy pour qu’il reprenne la direction de notre mouvement. Je serai à ses côtés parce que j’ai la conviction qu’il peut mieux qui quiconque incarner nos idées ! »
Jean-Pierre Raffarin
Sénateur de la Vienne. Ancien Premier ministre de 2002 à 2005 sous la présidence de Jacques Chirac, ancien Président du Conseil régional de Poitou-Charentes de 1988 à 2002.
En 2014, après la démission de Jean-François Copé, mis en cause dans l’affaire Bygmalion, il est chargé, avec les anciens Premiers ministres Alain Juppé et François Fillon, de diriger, à titre provisoire, l’UMP jusqu’à la désignation, par les militants du parti, d’un nouveau président.
Celui-ci déclarait sur France-inter le 17 juin 2014 qu’il n’aimait : « pas beaucoup le culte du héros permanent et du superman qui va nous sauver »
Mais le 7 septembre chez Christian Estrosi, au campus des Jeunes populaires, virage à 180 degrés : « Nos adversaires ne sont pas favorables à la candidature de Nicolas Sarkozy ? C’est plutôt un bon signe qu’ils la craignent ! »
Laurent Wauquiez
Député de la Haute-Loire en remplacement de Jacques Barrot dont il était le suppléant. Ancien ministre chargé des Affaires européennes en 2010, puis ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en 2011.
Il y a moins d’un an, dans le journal Sud-Ouest du 6 décembre 2013, Laurent Wauquiez rayait d’une plume Nicolas Sarkozy de la carte : « Je suis convaincu que 2017 ne peut être la revanche de 2012. On ne peut revenir au pouvoir pour refaire la même chose. »
Mais dans Le Monde du 11 septembre, cela est devenu : « Je souhaite la candidature de Nicolas Sarkozy : son autorité et son énergie apporteront le nouvel élan dont on a besoin avec un cap clair. »
Et puis, il y a quelques autres :
François Baroin
Député de la troisième circonscription de l’Aube. Ancien ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie à la suite de la nomination de Christine Lagarde à la direction générale du FMI.
Cet ex-chiraquien historique et ex-filloniste, apportera « naturellement son soutien à Nicolas Sarkozy »
Nathalie Kosciusko-Morizet
Députée de la quatrième circonscription de l’Essonne. Ancienne ministre de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement. Porte-parole de Nicolas Sarkozy lors de l’élection présidentielle de 2012.
NKM qui fustigeait hier la dérive extrême-droitière de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle, frétille de nouveau sur RTL le 7 septembre : « Quand on est à la guerre, on a besoin d’un général, et Nicolas Sarkozy peut être cette incarnation forte de l’opposition dont on a besoin. »
Domique de Villepin
Descendu rapidement de son croc de boucher, il dit sur BFM le 12 septembre dernier : « Oui, Nicolas Sarkozy a changé. Je veux le croire. Il a tiré les leçons de l’expérience du pouvoir. »
De tels retournements de veste font froid dans le dos quand on imagine un possible retour au pouvoir de ces gens là. Cela décrédibilise un peu plus l’UMP mais aussi et surtout la classe politique en général.
Sarkozy, le retour 2, ne fera sans doute pas oublier son lourd bilan présidentiel, notamment les 600 milliards d’euros de dette supplémentaire ou les huit affaires judiciaires en instance le concernant. Le bilan du Président sortant, au bout de 2 ans et demi seulement, étant quant à lui tout aussi catastrophique, Marine Le Pen peut voir l’avenir en rose…