La réponse de Daniel Schneidermann sur la vente d’une partie du capital de Safran par l’Etat est tombée (sur son site Arrêt sur images, ce matin). Comme c’était prévisible, il s’abstient de répondre aux faits alignés par mon article –ce serait difficile- et détourne le tir. Il paraitrait, en effet, que je l’aurais traité de « nazi » à l’insu de mon plein gré ! Diable, l’affaire est grave comme le montre tout le fiel que le fondateur d’Arrêt sur Images déverse sur « l’eurolâtre » que je suis (« symétrique de Soral » « carré d’excommunicateurs de sa secte », « meilleur agent de l’europhobie en France »)… Même si je trouve son article franchement ridicule, notamment par son côté surjoué (« c’est la première fois que je ressens, dans ma chair, l’infamie de ce marquage »), je me dois d’y répondre, car je ne peux pas laisser passer l’accusation de départ : l’avoir traité de « nazi ». Ce qui est totalement et gravement faux, les mots ayant un sens.
Schneidermann, plutôt que d’argumenter, a été recherché l’un de mes tweets publié juste après avoir lu sa chronique de jeudi : « Schneidermann de @arretsurimages poursuit son évolution: il promeut le @fn contre l’ogre de #Bruxelles #rougebrun ». Lisez bien : le mot « nazi » n’y est pas. Mais, pour Schneidermann, le hastag « rougebrun », cela veut dire nazi. Or, ça n’est pas le cas (ça serait ridicule et idiot) : cette expression a été inventée pour décrire la dérive xénophobe, antisémite et/ou nationaliste d’une partie de la gauche radicale et ce, dès la fin des années 60 (la Vieille Taupe). Elle a trouvé un nouvel essor au moment du référendum de 2005 sur la Constitution lorsque droite et gauche radicale se sont retrouvées dans leur opposition à l’Europe et à son « ultralibéralisme » ontologique… J’ai dénoncé à de nombreuses reprises depuis 2005 ces passerelles idéologiques, particulièrement dangereuses pour la démocratie, que je qualifie de « rouge-brun » ou de « social-souverainisme », et dont la Grèce offre un nouvel exemple. On peut relire par exemple ceci, ceci ou ceci.
Je considère que la récupération de Florian Philippot par Schneidermann relève de cette dérive. D’où l’emploi du #rougebrun pour caractériser non pas la personne, mais la pensée. Ce qui n’est pas précisément la même chose que de qualifier quelqu’un de « nazi ». D’ailleurs, si je l’avais écrit, il pourrait me poursuivre en diffamation à juste titre. Il ne le fera évidemment pas et on comprend pourquoi.
Le plus pathétique, dans cette affaire, est que le procédé employé par Schneidermann pour détourner le tir et apparaître comme une victime s’étale au grand jour sur Twitter. Après mon premier tweet, s’est-il emporté ? Non, loin de là :
Il m’invite donc au débat sur la vente d’une partie du capital de Safran. Pour lui, les mots «rouge brun», c’est un «Twittclash à deux balles». Donc, pour développer ma pensée, j’obtempère avec l’aide de Total dans l’article ci-dessous. Mais comme le débat risque de tourner à son désavantage, il se pose en victime d’un « ignoble » confrère (mon Dieu, il en plus journaliste à Libération), articulant sa réponse autour de mon tweet et non de mon article expédié en quelques lignes, afin de l’éviter. Et de terminer sa démonstration par une pirouette magnifique : « le meilleur agent de l’europhobie en France, il ne faut pas le chercher très loin. Il s’appelle Jean Quatremer. » Vous savez, comme ces antiracistes accusés par la droite et le FN d’alimenter le racisme.