A voir les difficultés que rencontre ce secteur industriel, son importance économique pour le pays, les difficultés sociales qu’il génère, son rôle fondamental dans l’entretien et l’équilibre de nos territoires,et l’éloignement de notre classe politique envers cette population, en plus habituée à se débrouiller toute seule, on peut se poser la question de quel projet on envisage pour notre agriculture et corrélativement de la personnalité qui devrait en assurer la direction et la gestion. Quel Ministre de l’Agriculture nous faudrait il , quelle personnalité devrait il avoir, de quelle manière devrait il gérer son ministère et quelle grande idée devrait il avoir de l’avenir de ce secteur?
Nous avons eu des Ministres de l’Agriculture du type « tateur du cul des vaches », bien perçu par les agriculteurs, nous en avons eu qui ont su en leur temps imposer notre agriculture à l’Europe, des négociateurs habiles, plus tard, pour conserver aussi longtemps que possible le système de revenus assurés qui nous convenait si bien. Pour autant, ils sont tous restés attachés à capter les vôtes de cet électorat mais aucun, à mon sens, qui ait eu un vrai projet industriel pour transformer un ensemble de petits exploitants en industrie de la production et de la vente de viande et qui ait compris, plus récemment, que nous étions entré dans une époque de bouleversement avec ses inconvénients certes, mais aussi avec ses opportunités.Car notre planète va devoir en effet faire face aux défis de devoir nourrir 9,5 milliards d’être humains d’içi 2050 avec une diversité considérable de besoins et d’attentes à satisfaire.
Je lis que, dans le domaine de l’élevage, il nous suffirait pour satisfaire les besoins des français de disposer de 100 000 exploitations et d’un tiers des surfaces actuelles. On peut considérer une telle nouvelle, version verre à moitié vide, comme une catastrophe sociale ou, version verre à moitié plein, comme une opportunité avec de nouvelles surfaces à cultiver et des compétences à exporter.
Je lis aussi que pour certaines cultures, produits et filières, nous avons su crée des acteurs européens et mondiaux dans le sucre par exemple, les oléagineux,les céreales, le vin et les spiritueux ou certaines branches de la transformation laitière. Et que cette réussite est passé par une bonne entente,concrétisée par cahier des charges et contractualisation des rôles des uns et des autres et par des efforts de marketing.
J’entends dire que nous, français, vendons de la qualité mais ai de la peine à la voir sur le marché.Quand vous achetez de la viande « française » dans votre grande surface, c’est la loterie. Une fois sur trois seulement trouverez vous de la viande tendre sauf à acheter du filet à 34 euros le kg, je viens encore d’en faire l’expérience à midi.
Je lis que l‘agriculture allemande a su évoluer dans ses techniques, y compris dans l’élevage, pour s’adapter à la nouvelle donne mondiale, avec la complicité parfois des pouvoirs publics, et qu’elle nous a dépassé depuis 8 ans comme le plus grand pays agricole européen. Elle emploie plus d’un million d’allemands et exporte 65 milliards d’euros, plus que nous et le double d’il y a dix ans! Sa production laitière est la première d’Europe.
Je lis que les espagnols et les irlandais ont su également s’entendre avec leurs industriels pour promouvoir leurs produits.
Penser que l’on va pouvoir tout régler par le miracle d’un prix décrété d’en haut sans s’intéresser au consommateur final dont personne ne s’est préoccupé pendant cette crise est une utopie.Et ce n’est pas un apparatchick, aussi bon soit il, venu d’un parti politique et qui passe plus de temps à s’occuper des prochaines élections que de ses administrés qui va régler le problème.
Il me semble, modestement, que ce qui nous manque c’est un projet national pour réaligner les nombres d’exploitations et les surfaces avec les besoins et rendre notre production compétitive, batir un plan de production pluriannuel qui corresponde aux besoins nationaux et à l’exportation avec les industriels du secteur et réorienter surfaces et agriculteurs excédentaires vers d’autres productions exportables. Peut être faudrait il faire un peu de prospective, introduire un peu de marketing dans ce métier et aller voir ailleurs les besoins des pays émergents,actuels et à venir, et leurs méthodes du culture.
Pour cela bien sur il faudrait un vrai leader, homme de terrain et d’échange, homme de dialogue aussi pour arriver à mettre d’accord sur le projet national tous les intervenants, pratiquant les langues étrangères et au moins parfaitement l’anglais, bref un globe trotter de l’agriculture française et européenne dont la volonté serait de s’occuper de la valorisation de nos productions et de nos savoirs et pas la sauvegarde des votes de la profession pour la prochaine élection
Ce n’est pas, sans vouloir être critique, notre Ministre de l’Agriculture actuel. Je ne suis pas sur que ce puisse être son prédécesseur du Présidenciat précédent qui est probablement plus proche du calibre souhaité mais dont les ambitions l’empècherait de se consacrer le temps qu’il faudrait à cette tache immense. Un Haut Commissaire à la Restructuration de l’Agriculture en quelque sorte. Ce peut être quelqu’un qui vienne de cette filière agro-industrielle où il y a forcément des gens compétents et de haut niveau comme il y en a dans les filières voisines. Ce ne peut être en aucun cas un énarque parisien. Sinon il faudra supporter, à intervalles de temps réguliers, des explosions sociales comme celles que nous vivons et il nous faudra aussi financer d’une manière ou d’une autre l’entretien de notre territoire.
Si donc vous connaissez quelque part une brillante personnalité de l’Agriculture ou de l’agroalimentaire telle que je la décris, pas nécessairement ambitieux pour vouloir sortir de sa mission, signalez le à notre Président, il en manque !