On a l’esprit le traité politique écrit par Lénine en février 1902, mais peu de gens savent qu’il a été inspiré, comme de nombreux hommes de sa génération, par le roman de Nikolaï Tchernychevski écrit en 1862 « Que faire, les hommes nouveaux » depuis sa prison de Pierre et Paul à Saint-Pétersbourg. Il y trace le portrait d’un homme qui deviendra pour plusieurs générations l’emblème du matérialisme et surtout du radicalisme russe.
Nous n’en sommes peut être pas encore à essayer de construire « les concepts organisationnels » d’un nouveau parti révolutionnaire … ceux-ci ne manquent pas et n’ont que très peu d’échos dans l’opinion, même si le très médiatique facteur du NPA accède de temps en temps à la télévision. Arlette Laguiller, en son temps pour Lutte Ouvrière savait, à force de ténacité, s’attirer des sympathies qui ne se traduisaient jamais dans les urnes.
Pour reprendre encore les mots de Lénine, « Par où commencer ? [1]» … Le désenchantement de la politique commentée à toutes les sauces commence à bien faire ! Les bonnes âmes se bousculent aux portillons pour expliquer les causes et les responsabilités … Laurent Bouvet, le dernier en date publie un belle tribune dans le journal Libération : Le mépris, c’est de rejeter les plus inquiets du côté du populisme. Ou encore le bel appel de Jean-Noël Carpentier (député du mouvement unitaire progressiste) et de Christophe Cavard (Député Europe Ecologie Les verts) au cri de Au secours, la gauche s’endort !
Pour ce qui est du constat et des causes, les professeurs de toutes académies nous abreuvent … on aimerait un peu plus de mouvement et d’horizons. On a bien compris que cela ne viendrait pas du gouvernement, trop à faire sans doute ! Le Parti Socialiste à lui seul est bien démuni et surtout dans un embarras total. L’UPM, ils en sont encore à se demander quelle est leur ligne politique, celle de Nadine Morano et Sarkozy à Droite Toute, ou bien celle de Juppé qui veut jouer le rassemblement avec le centre. Pendant ce temps là navigue tranquillement le croiseur de guerre du FN avec le chef suprême à la barre Marine Le Pen. … ensuite il y a bien EELV les centristes de droite ou de gauche et d’autres encore … Sortir de l’Europe ? Ou aller à marche forcée vers une Europe fédérale, bien improbable ?
Il reste le peuple … c’est à lui désormais que revient le devoir de bouger, de créer le mouvement, de casser les lignes … il se fout pas mal des « débats » des partis institutionnels … il sait ce qu’il vit, il sait ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas … il faudra donc attendre notre salut d’un grand mouvement social, un vaste raz le bol, qui quittera les urnes pour dire dans la rue « cela suffit ! ». Pierre Viansson-Ponté a écrit un admirable article le 15 mars 1968 « Quand la France s’ennuie » dans le journal Le Monde … quelques semaines plus tard éclatait Mai 1968.
Qui seront les artisans de ce nouveau mois de mai ? Les jeunes, les syndicats ? le peuple… nul ne le sait à cette heure.
[1] Article publié par Lénine dans le journal Iskra en 1902.