Peut être avez vous eu l’occasion de lire un interview du PDG de Manpower, Jason Prising, un suédois qui est une expert des marchés du travail, et qui a l’avantage, par rapport à nous, de le voir avec une vision mondiale. Si vous ne l’avez pas lu, je me suis permis d’en sortir les commentaires principaux car ceux ci touchent également le marché français et l’employabilité de nos diplômés.
Tout d’abord ,Jason Prising note un changement structurel important sur ce marché du travail, la démographie qui fait que, au moment même où nous entrons dans la révolution numérique qui exige de nouvelles compétences ou, pour ceux qui restent dans l’emploi, une adaptation rapide à ces compétences, une forte vague de baby boomers quitte justement l’entreprise.Or les nouvelles générations ne peuvent remplacer les employés plus expérimentés. De ce fait nous avons à la fois un chomage élevé avec des besoins de main d’oeuvre non satisfaites.
Par ailleurs le marché du travail a tendance à se couper en deux entre ceux qui ont les compétences nouvelles demandées par ce marché,- ou la capacité de s’y adapter-, qui trouvent des emplois et ont des salaires qui progressent et ceux qui ne les ont pas et qui deviennent moins employables.
Il s’est donc crée une situation de plein emploi dans les secteurs technologiques ou de la finance alors que dans les autres secteurs, les salaires réels n’ont pas progressés depuis 25 ans. C’est vrai aux Etats Unis mais aussi en Chine où vous avez 400 millions de personnes participant à la croissance et 800 qui vivent encore comme au XIXème siècle.
L’autre spécificité de notre époque et de notre monde, c’est que où que vous viviez dans le monde, vous êtes en concurrence avec des personnes aux compétences équivalentes à l’autre bout du monde. C’est vrai pour un diplomé de Sao Paulo qui se trouve en concurrence avec l’employé d’un société asiatique. C’est vrai aussi pour l’opérateur chinois d’une machine importée d’europe qui se trouve en concurrence avec un opérateur allemand cher payé et qui va bénéficier d’un niveau de salaire enviable.
La mondialisation c’est plus de concurrence entre entreprises et donc entre salariés d’un bout du monde à l’autre. Et dans cette concurrence, seule la formation et l’excellence vous protège.
Le champ de la concurrence étant devenu mondial, cela se traduit par l‘absence d’inflation sur les salaires.Une entreprise ne recrute plus localement si elle sait pouvoir trouver les mêmes compétences à moins cher dans un autre pays. C’est la raison, d’après Jason Prising, des difficultés de l’économie française car le coût du travail y est devenu trop élevé par rapport aux standards internationaux.
Les jeunes ont du mal à s’intégrer dans le marché du travail, mais ce n’est pas nouveau. Simplement, cette fois çi, ils ne cherchent plus l’emploi à vie comme leurs aînés. Ils savent qu’ils vont en changer entre 8 à 10 fois et préfèrent désormais équilibrer vie professionnelle et vie personnelle au détriment de l »affectio sociétatis » qui a disparu et que les sociétés ne recherche d’ailleurs plus, incapables qu’elles sont d’assurer aux jeunes embauchés un « poste pour la vie ».
La tension augmente sur le marché du travail entre ceux qui sont intégrés et …les autres.
Voilà comment un professionnel voir le marché du travail aujourd’hui. Intéressant n’est ce pas?