Voilà en quels termes François Hollande s’est curieusement aventuré le 6 novembre en face des journalistes de RTL et TF1 : « à partir de l’année prochaine, il n’y aura pas d’impôts supplémentaires sur qui que ce soit ». Pourtant son entourage avait bien pris soin de le mettre en garde contre une telle promesse. Déjà en mars 2013 il s’était engagé à ce qu’il n’y ait «en dehors de la TVA, aucune augmentation d’impôt », promesse répétée au journal le Monde en août de la même année : «le temps est venu de faire une pause fiscale ».
Propos qui avait été à l’origine d’un couac gouvernemental énorme, puisque son premier ministre d’alors Jean-Marc Ayrault avait dû faire dans la foulée un rectificatif bien embarrassant : « Il s’agit en effet d’un ralentissement, pour aller à une pause fiscale qui sera effective en 2015 ».
On peine donc à comprendre le pourquoi de cette nouvelle déclaration sur un sujet tout aussi sensible que celui du chômage, de la reprise économique, à savoir les impôts … Les mêmes causes produisant les mêmes effets, c’est cette fois si le secrétaire d’Etat en charge du budget, un expert, Christian Eckert qui vient démentir, fort à propos, la promesse présidentielle en déclarant : « on ne peut pas graver dans le marbre une situation qui dépend d’un contexte international que nous ne maîtrisons pas ».
Et il a raison, malgré le chassé-croisé de déclarations rectifiant le tir, la croissance n’est toujours pas au rendez-vous (malgré le chiffre de 0,3% au 3ème trimestre), et la zone euro n’est porteuse d’aucune bonne nouvelle. Quant à la fiscalité française elle est retord et peut produire bien des surprises.
Mais déjà, en 2015 de nouvelles mesures fiscales sont votées par le parlement, démentant formellement l’engagement présidentiel, la contribution à l’audiovisuel public va augmenter de 3 euros, la taxe sur le gasoil sera relevée de 2 centime d’euros par litre, la valeur locative qui sert de base à l’abaissement des impôts locaux est augmentée de 0,9 %. Le montant des taxes de séjours selon les catégories d’hôtel va augmenter jusqu’à atteindre 4 euros par personne et par nuit. Les particuliers qui ont pris l’habitude de louer leur logement par l’intermédiaire de sites spécialisés comme Airbnb y seront aussi assujettis… etc …
Quelle étrange légèreté a conduit ce président, déjà en perte de vitesse, à s’exposer aussi inutilement à des retours de bâton inévitables?