Je faisais le point dans mon message du 26 octobre sur la situation du monde pétrolier et de son retournement vers une approche plus limitée et prudente de son activité d’exploration pour résorber l’excédent d’offre sur le marché qui est la raison majeure de la chute du prix du Baril. Rappelons que le prix précédent aux alentours des 100 dollars du baril était le résultat d’un savant équilibre offre/demande sous l’égide de l’OPEP et de l’Arabie Séoudite, seul pays physiquement et financièrement capable, de réduire ou augmenter sa production pour conserver cet équilibre de marché et ses niveaux de prix du baril.
L’arrivée d’un nombre important de petits producteurs individuels, exploitant un ou deux puits de pétrole de schistes a changé la face mondiale de ce marché en le rendant incontrôlable. Ces derniers se sont bornés à engranger les bénéfices de leur bonne fortune à 100 dollars du baril sans penser à l’avenir ni aux conséquences de l’excès d’offre sur le marché qu’il allaient provoquer.et qui résultât dans la chute du prix du baril à laquelle nous avons assisté. A la suite de la rupture d’équilibre de ce marché, l’Arabie séoudite décida de ne pas se laisser faire par les Etats Unis et ses producteurs indépendants et de maintenir sa production inchangée pour « tuer » les producteurs à haut coût d’extraction.
Or l’exploitation des pétroles et gaz de shistes, de par la présence diffuse du pétrole dans la roche, n’a rien à voir avec celles de gisements traditionnels d’où l’on peut extraire le pétrole pendant des années de réservoirs bien identifiés en suivant la baisse lente et régulière de ces réservoirs.Un gisement de schiste s’épuise rapidement, 2 à 3 ans, après quoi il faut aller forer un peu plus loin, extraire le pétrole de ce nouveau gisement et ainsi de suite. En d’autre termes l’extraction en est infiniment plus coûteuse et nécessite un flot de cash récurrent qui est possible à 100 dollars du baril mais infiniment moins à 40/45 dollars !
La politique de l’Arabie Séoudite de « tuer » les producteurs à haut coût d’extraction était donc bien vu, d’autant plus qu’elle affectait également d’autres types de gisements/pétroles comme ceux des shistes bitumineux du Canada ou certains gisements aux conditions d’exploitation difficiles.Simplement l’effet attendu a pris plus de temps que prévu, parce que les producteurs de pétrole de schistes ont réussi dans un premier temps à réduire leurs coûts puis à consommer leurs réserves financières.
Comme je vous l’avais signalé,la statistique des appareils de forages disponibles aux Etats Unis allait devenir l‘indicateur de l’évolution des conditions d’exploitations des puits de pétroles de schistes! Son augmentation signifiait en effet que les producteurs de ce type de pétrole n’avaient plus les moyens disponibles pour le forage suivant, ou préféraient attendre que le marché du pétrole se redresse pour refaire le forage suivant. Par contre il est évident que l’évolution de cet indicateur à la hausse viendrait bien en amont d’une baisse de production éventuelle .
La production américaine avait atteint son record à 9,6 Millions de barils/jour à fin avril. A fin septembre, elle en était à 9,17 Mb/j. Tout récemment, l’un des « gourous » du schiste aux Etats Unis, l’ex président de EOG Ressources annonçait une baisse spectaculaire à venir de ce type de production/pétrole aux Etats Unis pour debut 2016. Une prévision corroborée maintenant par le rapport de l’Agence Internationale de l’Energie qui annonce une baisse à 8,6 Mb/j pour aôut 2016
D’autres éléments comme la déclaration de la Russie en faveur d’une baisse de la production, la prise en considération que le retour de l’Iran sur le marché prendrait sans doute plus de temps que prévu initialement, ou la plus grande prudence des banques pour accorder du financement vont également dans le sens d’une réduction de l’excédent de production par rapport à la demande qui est la clef pour un retour à une situation plus normale de ce marché.La remontée des prix du brut vers les 50/55 dollars, qui permet d’ailleurs de financer l’excédent de stock, semblait corroborer ce début de retournement du marché. Hélas l’annonce d’une réunion de l’Opep à Vienne la semaine dernière a tué dans l’oeuf cette velléité de retournement