Je suis une muzungu (prononcer : mouzoungou), c’est-à-dire une blanche avec une montre. Et voui. Et je suis une muzungu étonnée de tout ce qu’elle voit, regarde, rencontre. Par petites touches, je découvre un pays. Par les mots des autres, aussi. Ici, à Kampala, j’ai (nous puisque je suis arrivée avec Morgane) rencontré de jeunes volontaires internationaux dont la joie et l’enthousiasme réchauffent. Ils sont constructifs, ouverts. Et quand je confronte le regard qu’ils posent sur le monde et la morne et stupide morosité franchouillarde… je me dis qu’aller prendre l’air sous d’autres vents était vraiment une bonne idée.
Donc, tout m’étonne… comme ces échafaudages qui équipent les bâtiments en construction… Ils tissent un rideau de bois sur les façades. Je ne sais pas si j’aurais le courage de grimper tant ils semblent fragiles.
Comme cette bétonnière qui rouille de sa dernière mort, qui se donne des allures d’œuvre de rond-point. Après tout, en Charente-Maritime, on les décore avec des huitres géantes faites de plâtre ou d’acier. Alors pourquoi pas une bétonnière ? Elle me rappelle aussi ces canons qui équipent les remparts des villes fortifiées et qui contemplent les mers. Une bétonnière rouillée sur le bord d’une route débordant de piétons. Enfin, je crois que c’est une bétonnière.
Ou encore cet énorme gâteau, clin d’œil à l’anglophonie, qui ne déparerait pas la devanture d’une pâtisserie à New-York. Il faut que je cherche un gâteau « Bob l’éponge » pour ma collection de photos de « Bob l’éponge ».
…
Dans l’après-midi, il y a eu un gros orage. Il a rafraichit l’air alourdi. Il a lavé les fleurs et les feuillages. Le ciel change vite.