Rien ne va plus pour la gauche française. Le psychodrame gouvernemental actuel souligne les déchirements entre une gauche archaïque et une gauche erratique qui ont pour point commun une incapacité à comprendre et à répondre aux enjeux du monde du XXIème siècle. Ce naufrage, entre Charybde et Scylla, était prévisible. Il est le fruit de l’effondrement intellectuel que connaît la gauche depuis plusieurs décennies.
Quel spectacle et quel paradoxe. Alors que la gauche tient tous les leviers politiques du pays, elle et dans l’incapacité non seulement d’avoir des résultats mais aussi, de fixer un cap à un pays qui a le sentiment d’être abandonné à lui-même.
Les dérives politiciennes des formations politiques ont conduit à l’abaissement actuel du pays. A gauche, comme à droite, la piètre qualité de la classe politique actuelle est saisissante parce que les partis politiques censés concourir au bon fonctionnement de la démocratie, rongés par la professionnalisation, sont devenus des usines à médiocres. Où sont les intellectuels ? Où est la diversité, synonyme de richesse de la société ? Faute de pouvoir écrire une aventure collective, les partis actuels voudraient nous faire croire que l’intérêt général est susceptible d’émerger d’une addition d’intérêts particuliers. Evidemment, il n’en est rien. On mesure aujourd’hui l’impréparation du PS à la gestion des affaires du pays. En situation de crise majeure, c’est une faute impardonnable, tout comme avoir sous-estimé l’importance de cette crise.
La pseudo rébellion des Montebourg, Hamon et Filippetti ne doit pas servir de cache-sexe à leur bilan famélique de ministre. La critique vaut également pour Cécile Duflot, plus apte aux batailles d’appareil à EELV et à la négociation de strapontins qu’à la conduite de ministères. La faute est partagée avec celui qui a fait le casting et pensé que n’importe qui ou presque peut être à la hauteur d’une fonction ministérielle. Pascal Cherki avait raison. On ne dirige pas la France comme un conseil général.
Le drame de la gauche, c’est que contrairement à ce que voudrait faire croire Arnaud Montebourg et l’aile radicale du PS, il n’existe pas de plan B. Non pas qu’un autre chemin ne soit pas possible mais, parce que le délitement est tel, qu’aucune main n’est en situation de tenir la plume pour coucher sur le papier un scenario réfléchi, crédible économiquement et viable politiquement.
Et voilà l’électeur de gauche pris en tenaille entre un président, désemparé qui se cogne aux vitres de l’Elysée comme un moineau enfermé dans une pièce, et des frondeurs trop attachés à la gamelle pour rompre leurs chaînes. Un président qui continue son chemin de croix donnant l’image de vouloir expier sous la pluie battante son incapacité à diriger le pays.
Tel le Titanic, la gauche semble être magnétiquement attirée vers l’iceberg qui va signer sa perte. Car il n’est pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que les prochaines échéances électorales seront saignantes et que la qualification de Marine Le Pen au second tour des présidentielles, au détriment de la gauche, prend jour après jour plus de poids.