Les indépendantistes flamands de la N-VA font le choix de l’euroscepticisme

Il était certes acquis, avant les élections européennes, fédérales et régionales du 25 mai que les indépendantistes flamands de la Nieuw-Vlaamse Alliantie quitteraient le groupe Vert, celui-ci ne souhaitant plus leur présence. Mais où siègeraient-ils ?

Chez les conservateurs du PPE ? Ou chez les libéraux de Guy Verhofstadt, l’ancien premier ministre belge ? Ce dernier leur avait ouvert grand les portes de son groupe dans un double but : banaliser la N-VA, dont l’un des mérites est d’avoir quasiment rayé de la carte les fascistes du Vlaams Belang, en l’accueillant dans une famille démocrate, fédéraliste et libérale et ainsi donner le signal qu’un gouvernement des droites était possible en Belgique, au moins avec les libéraux francophones du MR, partenaires indispensables à une telle majorité. L’affaire était entendue en interne, l’UDI-Modem, le parti le plus réticent à l’adhésion de la N-VA, s’étant laissé convaincre par la pertinence de la stratégie de l’ancien premier ministre belge.

Verhofstadt avait même prévu une conférence de presse pour mercredi midi afin d’annoncer la nouvelle. « Il a dû avoir de fortes assurances de la N-VA pour s’avancer ainsi », estime un bon connaisseur du Parlement européen. Las, au dernier moment, la N-VA a demandé un délai. Et dans la nuit de mercredi à jeudi, coup de tonnerre : le bureau du parti décide de rejoindre l’ECR par 66 voix, 47 se prononçant en faveur des Verts et seulement 3 pour l’ADLE…

Ce choix est loin d’être anodin, puisque le parti de Bart De Wever va siéger non seulement aux côtés des conservateurs britanniques, du parti démocratique civique tchèque, du PiS polonais (Droit et Justice dirigé par Jaroslaw Kaczynski), mais aussi des anti-euros allemands de Alternativ für Deutschland ou de l’extrême droite des « Grecs indépendants », du Parti populaire danois et des « Vrais Finlandais »… Au passage, il permet à l’ECR de ravir la troisième place des groupes politiques les plus importants aux libéraux (68 députés, alors qu’ils n’étaient que 54 lors de la législature 2009-2014, contre 67). Ce groupe est très proche des europhobes de l’EFD de Nigel Farage (48 députés), le leader du UKIP, au point qu’on se demande ce qui les sépare idéologiquement. Seule l’impossibilité pour les conservateurs britanniques de siéger sur les mêmes bancs que le UKIP explique l’existence de deux groupes séparés.

Reste qu’en acceptant la N-VA, le parti de David Cameron, le Premier ministre britannique, n’a pas peur des contradictions puisqu’il accueille un parti qui milite pour la scission de son pays alors qu’il est opposé à la sécession de l’Écosse… De même, le parti de Bart De Wever, en snobant les libéraux, va rendre plus compliquée la formation d’un gouvernement des droites en Belgique : alors qu’il n’était déjà pas facile pour le MR francophone d’envisager de former une majorité avec un parti indépendantiste, comment gouverner avec une N-VA qui affiche désormais son euroscepticisme alors que le fédéralisme fait parti de son ADN ? Bart De Wever a-t-il ainsi voulu torpiller la formation d’une majorité, peu soucieux de se retrouver aux manettes d’un pays dont il souhaite la disparition ?

Le village de Hoi An : un joyau préservé au cœur du patrimoine vietnamien
Comment réduire les coûts du DPE collectif pour les copropriétés ?