Il n’y a que que des haricots rouges. Des champs de haricots rouges. Roses conviendrait mieux d’ailleurs. Je ne crois pas, mais sans certitude, que ce soit ceux qu’on trouve dans le chili con carne (ah ! un bon chili !).
En discutant avec Swabrah, une amie du pâté de maison, qui fait son petit coin de jardin, j’appris qu’elle ignorait qu’il y avait des flageolets et des cocos blancs, noirs, bicolores, etc. Je me pris donc de l’idée, ô combien édifiante, de lui fournir des graines de haricots de toutes les couleurs. Je chargeai l’amie qui vint me voir en décembre dernier, de m’approvisionner en semences. Évidemment, je n’avais pas envisagé qu’en hiver, en France, les graines étaient remisées. Je l’imagine, demandant le rayon idoine, devoir affronter le regard ahuri du vendeur. Par ailleurs, j’avais une réticence quant à la semence officielle, souvent stérile et qui alimente Monsanto, directement ou non. Il nous vint une idée : Kokopelli.
Bref, pied de nez à la loi, mon devoir de désobéissance à moi qui suis plutôt légaliste, les graines arrivèrent en soute à bagage.
Elles durent attendre le retour des pluies pour être plantées… début avril. On est à mi-avril, et voilà…
Je vais les pister, les observer, les photographier. Ça pousse comme du chiendent : pas d’entretien, pas d’arrosage, pas de binage. J’ignore s’ils s’adapteront… mais me vient comme une inquiétude après coup. Et si les haricots importés, ces haricots de Mzungu, venaient à détruire le haricot local. Je m’en voudrais je pense. Je sais les dangers de l’écrevisse américaine, du poisson chat ou de la perche soleil, je n’ai pas pensé à celui que je fais courir aux haricots autochtones. Du coup, j’ai gougueulisé le haricot. Ouf ! Il vient de Méso Amérique. Je ne détruirai pas une variété endémique.
C’est que j’aime les haricots.