Au hit-parade des émotions médiatiques, le drame des chrétiens d’Orient se situe, on ne sait trop pourquoi, en bas de classement. On dit souvent qu’un peuple sans racines est un peuple sans avenir. Mais, n’en est-il pas de même pour les civilisations ? L’indifférence européenne au sort de ses racines chrétiennes est alarmante. Elle témoigne d’un repli sur soi, d’un refus d’assumer son identité. Pire de l’effacement dans les consciences de celle-ci au profit d’une humanité mondialisée idéalisée, standardisée, sans âme et sans saveur.
L’Union Européenne ne peut se limiter à avoir comme ambition unique de ne devenir qu’une super-Suisse spectatrice passive des affres du monde. On mesure aujourd’hui la pente sur laquelle nous entrainent les hommes sans visage qui conduisent l’UE qui avaient fait retirer en 2005 la notion de racines chrétiennes de l’Europe de la constitution européenne par peur de froisser les importantes communautés issues de l’immigration adeptes d’une autre religion.
L’UE était censée grandir la France. L’impuissance de Bruxelles, son apathie, aujourd’hui ternissent l’image de notre pays dans le monde. Protectrice historique des chrétiens d’Orient, la France doit être à la hauteur de son histoire. Le droit d’asile et l’accueil des chrétiens d’Orient en Europe doublés d’une aide humanitaire dérisoire ne constituent en aucun cas une réponse suffisante. Défendre les chrétiens d’Orient, c’est aussi défendre une vision du monde dans laquelle peuvent cohabiter en toute harmonie, sur un même territoire, des populations aux confessions différentes. Ce qui est vrai à Gaza et en Israël l’est aussi en Irak.
François Bayrou a été le premier homme politique d’envergure nationale à s’être ouvertement ému de la situation des chrétiens d’Orient et à avoir appelé à une mobilisation en leur faveur. « Nous vivons l’été des barbares sous le sommeil des lâches » estime de son côté Jean-Christophe Lagarde. Le député-maire UDI de Drancy invité ce matin de Sud Radio a exhorté François Hollande à « secouer Merkel et Ashton ».
Au même moment, la Conférence des évêques de France, qu’on ne peut accuser pourtant d’être va-t-en-guerre, dénonce l' »attentisme en Europe » dans le dossier irakien et demande l’usage de la « force » pour aider chrétiens et yazidis, cibles des jihadistes en Irak en réponse à ce qu’elle considère ressembler à un génocide.
Ne souhaitant pas être en reste, les trois anciens premiers ministres UMP François Fillon, Jean-Pierre Raffarin et Alain Juppé appellent dans une lettre ouverte la France à répondre aux urgences humanitaires en Irak et à Gaza. De façon habile, il s’agit surtout de critiquer la politique étrangère de la France, domaine réservé du Chef de l’Etat.
Son de cloche en revanche totalement différent du côté de Jean Glavany. Le député socialiste du Tarn a déclaré, en réponse à certaines déclarations de l’opposition réclamant une intervention militaire de la France en Irak, « qu’il ne souhaitait pas « que (son) pays devienne le gendarme du monde ». L’ancien chef de cabinet de François Mitterrand n’avait pourtant pas les mêmes réticences à propos de l’intervention Française au Mali, en février 2013. François Hollande à l’occasion d’une visite éclair sur place avait évoqué « sans doute la journée la plus importante de ma (sa) vie politique ».
A défaut d’accord européen et face à une pression intérieure croissante, la présidence de la République a annoncé ce mercredi la livraison imminente par la France d’armes aux Kurdes d’Irak.