Vous aviez sans doute constaté que depuis quelques années, le nombre de camions immatriculés en Espagne s’étaient largement accrue sur nos routes et autoroutes et vous l’aviez probablement attribué à la montée en charge de l’agriculture espagnole. C’était vrai mais depuis les choses ont changé et désormais ce sont des camions immatriculés en …Pologne que vous voyiez sur nos routes et qui traduisent bien l’internationalisation du transport routier en Europe sur fond de dumping social.
La carte ci contre montre les tonnages/kilometres des transports internationaux dans les pays de l’Europe. Nous y sommes, nous français, le pays aux volumes les plus faibles et en plus en baisse, à parité avec les italiens. Un cran au dessus,3 fois plus, on trouve les allemands, les néerlandais et les tchèques qui tirent bien leur épingle du jeu. Encore au dessus, les espagnols qui restent des grands du transport routier. Mais qui voyons nous trois fois plus haut en volume? Le chauffeur polonais qui semble bien avoir largement supplanté le plombier polonais.
Ainsi donc les marchandises européennes sont transportées majoritairement par des chauffeurs polonais. La raison en est cependant la même que pour l’ex-plombier polonais, le coût du travail qui est bien moindre dans ce pays que dans le reste de l’Europe. La France, dans cette compétition au coût minimal du travail est bien sur la plus mal placée. Elle a, nous dit on, le coût de l’heure de conduite le plus elevé d’europe, combinaison de charges sociales élevées mais aussi de diverses dispositions sur les temps de repos, ceux d’attente ou d’autres pour lesquels les chauffeurs de ces pays ne bénéficient pas des mêmes dispositions.
Nos entreprises de transport, pour autant, ne semblent pas avoir disparus du paysage routier, commme le montrent un article récent sur Norbert Dentressangle, premier transporteur d’Europe C’est qu’elles ont réagit rapidement à l’évolution de ce marché et ont implantées des filiales et des bases logistiques dans ces pays. Et dès que le cabotage, cette facilité qui permet à un transporteur étranger d’amener de la marchandise en France, puis de pouvoir prendre des transports internes à ce pays mais avec l’avantage de salaires et charges bien plus faibles,fut autorisé, le tour était joué!
Norbert Dentressangle dispose ainsi de plusieurs centres en Europe centrale et de 1500 chauffeurs polonais contre 500 de nationalité française.
L’Allemagne semble avoir trouvé la technique pour protéger ses chauffeurs de leurs concurrents tchèques ou polonais. Profitant de l’introduction nouvelle d’un salaire minimum en Allemagne, elle vient de décréter que ce salaire minimum s’appliquait à tous les employés travaillant sur le territoire allemand, que leur employeur soit basé en Allemagne ou dans un autre pays, y compris aux chauffeurs routiers. Ce qui veut dire que le chauffeur polonais payé au salaire minimum polonais de 2,60 euros devrait, durant son transit en Allemagne, être rémunéré au taux allemand soit 8,5 euros de l’heure!
Forte réaction des transporteurs de ces pays et de leur personnel politique qui dénoncent ces mesures, même si en comptant les primes diverses, la différence entre salaire minimum allemand et salaires effectifs payés aux chauffeurs polonais ou tchèques ne semble pas aussi élevée qu’entre les salaires brut.Il n’en reste pas moins que la Commission de Bruxelles va devoir se saisir du problème de l’harmonisation des conditions salariales dans l’Union