Ce fut la première étape de mon périple ougandais. Il se trouve à peu près à mi-chemin entre Kampala et Murchison. Le sanctuaire Ziwa Rhino.
Les routes semblent interminables, plutôt rectilignes dans un pays vallonné. On traverse des villages. Et parfois un marché où s’étalent les ananas, délicieux les ananas, donne l’occasion de se distraire. J’éprouve toujours un ennui certain à passer des heures dans une voiture.
Ce jour-là, fin décembre, il pleuvait. Comme il pleut à la saison des pluies : des orages soudains qui durent peu, et un ciel qui se couvre et se découvre aussi vite qu’un beau garçon sur un spot de surf quand il exhibe ses tablettes. Encore que… aujourd’hui, 1er avril, le temps ressemble à une journée d’un automne humide dans le Cantal, gris et pluvieux. À croire que la nature s’amuse aussi de poissons, qu’elle concocte au printemps, un climat d’automne sous l’équateur.
Sur la route, toujours… les enfants font immanquablement de grands signes de la main en criant « Mzungu ! Mzungu ! », et se laissent photographier avec un plaisir certain. J’ai donné ma monnaie. Je sais que c’est idiot, qu’il ne faut pas les transformer en mendiants. Mais s’ils peuvent s’acheter des bonbons, alors tant mieux ! Je pense qu’ici, en Ouganda, les enfants s’achètent des sucreries avec les trois sous qu’ils récoltent. Parce que la nourriture, elle se cueille en marchant. L’Ouganda est un pays qui produit plus qu’il ne consomme.
Enfin… l’entrée du sanctuaire. Sanctuaire parce qu’il n’existe plus de rhinos à l’état sauvage. Il faut désormais les protéger, les réintroduire. La rapacité des hommes a fait le boulot : la corne soi-disant aphrodisiaque a dépouillé l’Afrique de l’un de ses animaux les plus spectaculaires. Et c’est à pied, oui ! à pied, que nous sommes partis traquer les bébêtes.
Au loin, une mère et son petit. Deux gardes armés nous accompagnent et communiquent entre eux via des talkies-walkies. Nous pouvons nous approcher à 20 mètres. Le rhino est très myope, il suffit de rester sous le vent, qu’il ne nous sente pas. Euh ! Ils sont impressionnant, les bestiaux ! Conseil qui m’emballe moyen : s’ils chargent, grimpez dans l’arbre le plus proche.
Dans le parc, il y a surtout des mères et des fistons. Le garde nous raconte que l’un d’eux a été baptisé « Obama », parce qu’il est américano-kenyan. Les zoos, au final, ont ceci d’intéressant, qu’ils tentent de participer à la réintroduction, dans la nature, des animaux menacés d’extinction.
Afin de contrecarrer le braconnage, le Sanctuaire a élaboré une politique d’aide aux populations : ouverture d’écoles et de dispensaires dans les villages alentours. Désormais, les villageois se chargent eux-mêmes de faire la prévention contre les braconniers. Comme quoi, on en revient toujours à la misère…
Il est temps, alors que déjà le soleil baisse à l’horizon, pour môman et bébé, d’aller boire au point d’eau le plus proche. Mes aïeux ! Quelle rencontre !