On se souvient dans quel contexte avait été créée l’Hadopi dans le cadre de la loi Création et Internet, voulue par Nicolas Sarkozy. Il s’agissait avec l’appui des plus puissant des ayants droits de la création, à savoir les producteurs, de criminaliser les internautes usagers des réseaux Peer to Peer et adepte du piratage. Allant jusqu’à voter le principe d’une sanction sous forme de coupure à l’accès d’Internet, ni plus, ni moins.
Las, le temps passant cette fameuse HADOPi sous l’impulsion de ses dirigeants et plus particulièrement de son secrétaire général Éric Walter, se sont rendus compte que les usages changeant, l’aspect punitif de l’Hadopi perdait de son intérêt au regard de son coût de fonctionnement.
L’Hadopi s’est donc beaucoup plus intéressée aux usages et aux pratiques, a multiplié les enquêtes, les études, et les colloques. Peu à peu Eric Walter a pris conscience qu’il y avait un sérieux problème du côté de l’offre légale, très insuffisante pour être crédible au regard des autres offres. Cela a amené Jérôme Seydoux au nom de l’Alpa (Association de lutte contre le piratage audiovisuel) de s’emporter contre Eric Walter : «Nous avons un problème avec le secrétaire général de l’Hadopi, qui depuis un certain nombre de mois, pense que le problème du téléchargement illicite réalisé par les internautes est réglé, et que si ceux-ci téléchargent, c’est la faute des ayants droit, car ils n’offrent pas une offre légale satisfaisante et à des prix trop élevés.»
Mais ce n’était pas tout, en multipliant les analyses et les études l’Hadopi s’est interrogée sur l’obsolescence de la lutte contre le piratage via le Peer to Peer. Et crime majeur, elle s’est mise à s’exprimer en faveur du « mouton noir » des producteurs : la licence globale, tant décriée qui couvrirait les usages illicites des internautes par le biais d’un paiement mensuel sous forme de redevance incluse dans le paiement à leur fournisseur d’accès.
Aujourd’hui Seydoux, avec le monde du cinéma le BLIC, le BLOC, l’ARP, l’UPF rien que cela, demandnt à l’unisson la peau d’Eric Walter à Fleur Pellerin, ministre de la culture et sans rire appelle à « la création de «brigades spécialisées [contre le piratage], tant à la gendarmerie qu’à la police».
Bref, c’est le retour en fanfare d’une certaine forme qu’il faut bien qualifier de « réactionnaire » au changement et au progrès.
Si nos amis du cinéma, que nous chérissons par ailleurs n’ont pour toute réponse qu’un appel à la police et à la gendarmerie pour contrer le phénomène planétaire que représente Internet, c’est avouons nous le à pleurer …