Le Japon est le pays du monde dont la situation énergétique est la plus incertaine et la plus difficile à prédire comment elle pourrait évoluer depuis la catastrophe de Fukushima qui a provoqué un traumatisme dramatique et un très fort rejet antinucléaire dans les populations.
Rappelons en effet que le Japon était le second pays le plus nucléarisé au monde derrière la France et pour les mêmes raisons, l’absence quasi totale de ressources énergétiques primaires, la croyance dans la technologie la plus avancée, et le besoin économique de disposer d’énergie à bas coût pour nourrir son industrie et son haut niveau de vie.A la suite de la catastrophe de Fukushima, la totalité des réacteurs nucléaires japonais restants (48) on été mis à l’arrêt en attendant que les autorités aient pu tirer les enseignements de cette catastrophe et le Japon a du, en urgence, convertir son outil de production d’électricité au gaz à partir des usines de liquéfaction de gaz d’Australie, du Qatar et de Russie entre autre. Le tout à un prix exorbitant qui a fortement affecté la compétitivité des produits japonais.
Depuis,les autorités ont révisées les normes de sécurité à appliquer aux installations nucléaires sur la base des enseignements de Fukushima et ont exigés des exploitants de les mettre en place pour pouvoir redémarrer éventuellement leurs tranches nucléaires après avis de leur Autorité de Sureté et autorisation de rallumage du gouvernement.5 tranches ont été jugées trop chères à convertir aux nouvelles normes et devront être démantelées. Une douzaine ont été modernisées et sont en cours d’inspection par l’Autorité de Sureté Nucléaire. Quatre enfin ont été approuvées pour redémarrage par l’ASN.
Le sentiment de rejet du nucléaire est toujours très fort et ne semble pas avoir diminué.
Les tranches « autorisables » pour redémarrage font par contre l’objet de plaintes en référé en justice pour empêcher leur redémarrage. Pour deux d’entre elles, dans la préfecture de Fukui au centre du Japon, le juge s’est prononcé contre ce redémarrage au motif que « les nouveaux standards de sécurité manqueraient de rationalité » d’après ce juge et que l’électricien et le régulateur auraient sous estimés la puissance potentielle des séismes dans la zone. Le juge intervenait en référé et l’affaire devra être jugée sur le fond avec sans doute des jugements techniques plus documentées que les affirmation du juge dont la compétence technique peut sans doute être discutée. Simplement ce jugement au fond aura sans doute un effet retardateur important pour l’exploitant ,Kansai Electric Power.
Un autre opérateur, Kyushu Electric,qui a obtenu l’autorisation de redémarrage de deux des réacteurs de la centrale de Sendai sur la coté Nord Est du Japon, a été soumis à la même plainte en référé mais est sans doute tombé sur un juge aux opinions différentes de son collègue de Takahama qui a estimé, lui, rationnels les critères de sécurité sur lequel l’ASN japonaise a basé la délivrance de son certificat de conformité. Il espère donc être le premier opérateur à pouvoir raccorder au réseau en juillet ou août un ou les deux réacteurs de Sendai.