Le foot c’est le pied

Danse érotique. Match de la Bundesliga, en 2014. Uwe Speck/WITTERS/PRESSE SPORTS

NEWS NEWS NEWS. Ce soir, c’est la rencontre Paris Saint-Germain, Barcelone. L’angoisse et l’érotisme footballistiques vont s’enflammer

Le football, c’est d’abord cette image : un pied rencontre un ballon. L’érotisme du jeu commence dans cette danse ­entre l’objet rond, bondissant, « stellaire », disait l’écrivain Jean Giraudoux, et le pied, tellement moins ­habile que la main, qui doit le maîtriser. En cela, tous deux sont des « amants », affirme Beatriz Vélez, anthropologue à l’université de Montréal et auteure de Football et érotisme au masculin (Liber, 158 p., 18 €). Elle n’est pas la seule à proposer cette analyse. Des supporteurs, des joueurs et des écrivains la font depuis longtemps.

Le journaliste sportif Xavier de La Porte explique ainsi, dans La Controverse pied-main (Ere, 2006), combien le pied du joueur – que Freud a assimilé à un phallus – se montre à la fois caressant et violent avec une balle féminisée – au Brésil, on la surnomme la « menine », la « grassouillette », la « gamine ».« Le ballon, c’est comme une femme, il aime les caresses », dit de son côté Eric Cantona. Et le chanteur argentin Ignacio Copani fredonne : «  Comment sauras-tu ce qu’est l’affection/Si tu n’as jamais caressé le ballon en l’entrant à l’envers du pied/Pour le laisser haletant dans les filets ? »

Ces réflexions éclairent, selon Beatriz ­Vélez, le sens de l’expression « pied d’or » qui désigne les grands joueurs. « L’idole est capable, écrit-elle, par l’habileté de son pied d’or, de parler à la balle, de la faire rire dans les airs et redescendre, de l’endormir, de la flatter et de danser avec elle. Il peut, par sa vertu, lui arracher une jouissance qui s’offre aux spectateurs (…). Cela permet d’entrevoir, dans l’accouplement du pied et du ballon, une clé de la sémiologie érotico-sexuelle du football. »

Selon elle, une autre dimension érotique du football naît de ce jeu au pied: en transformant l’équilibre naturel de la marche en une activité fébrile faite d’amortis, de dribbles et de tirs, le joueur improvise des figures parfois extraordinaires. Son corps capable de prouesses subjugue les spectateurs – simples humains aux pieds maladroits. Ce corps d’exception, les joueurs l’exhibent avec fierté à la fin des matchs – et des sites de journaux féminins les montrent volontiers.

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