Une fois les comptes refaits, une fois de plus, on s’aperçoit que l’Arcco (la caisse complémentaires des salariés du privé) sera à sec en 2015, et plus grave que l’Agirc (la caisse complémentaire des cadres) sera, elle, à sec dès 2018. Ces deux caisses, contrairement à l’Etat, ne peuvent pas emprunter sur le marché financier pour faire face à leur déficit.
Les partenaires sociaux, seuls à pouvoir prendre des décisions, se sont donnés quatre mois pour négocier, ils devront avoir trouvé des solutions pour le mois de juin. Rappelons que ces caisses ne gèrent pas moins de 12 millions de retraites, et qu’elles pèsent jusqu’à la moitié, voire plus, de certaines retraites du privé, particulièrement celles des cadres.
Comme la banqueroute est tout à fait inenvisageable, il va falloir trouver des solutions. Afin de rassurer les retraités, ni le patronat, ni les syndicats de salariés n’envisagent une baisse des pensions, tout au plus le maintien du gel déjà en place depuis plus d’un an. Mais cette mesure ne rapporte rien en période d’inflation quasi nulle. Ces quatre mois de discussion vont être agités, tant le patronat et les grandes centrales syndicales sont en panne d’inspiration.
Le premier obstacle à lever sera celui du lieu choisi pour accueillir les négociations, la patronat a pris la mauvaise habitude des les convoquer chez lui, au Medef…. La CGT et FO ne veulent plus en entendre parler et proposent soit le siège de l’Agirc/Arrco (ce qui est assez logique) ou le Conseil Economique et Social.
C’est sans rire que nous pouvons annoncer que l’ordre du jour de la première réunion porte sur ce sujet là… comme si un accord ne pouvait pas se faire au téléphone en 5 mn…
Faisons à nouveau la revue de détails des mesures envisagées pour réduire le déficit de 5,3 milliards d’euros en 2014:
- la poursuite du gel des pensions … pas très populaire, et surtout d’un rapport nul.
- une hausse des cotisations, la proposition de la CGT est de faire porter cette hausse sur les cotisations Agirc, un montant de 2,45 points apporterait déjà plus de deux milliards d’euros dès 2017 et viendrait ainsi sauver des deux régîmes, celui qui est le plus menacé, celui des cadres. Le patronat ne veut pas en entendre parler … il rappele que la priorité économique est la baisse du coût du travail.
- A contrario, le patronat propose de repousser l’âge de départ à la retraite et de taper sur les pensions de reversions destinées aux veuves et aux veufs en les réduisant significativement. Hurlements de la CGT et de FO…
- Le patronat évoque aussi, une autre manière de faire qui consisterait à introduire une décote pour tous ceux qui partiraient à la retraite à 62 ans, ceci pendant seulement quelques années, jusqu’a 64 ou 65 ans. Un sacré dispositif pour inciter les salariés à repousser leur départ à la retraite. Sauf qu’actuellement les séniors sont en panne d’emploi dès 55 ans … Est-ce que le même patronat peut s’engager à garder ses séniors et même à recruter à nouveau tous ceux qu’il a jeté à Pôle emploi ces 2 dernières années?
- Enfin, il reste la mesure économique par excellence, qui consisterait à fusionner les services de l’Agirc et l’Arrco pour réaliser des économies d’échelle et surtout repousser encore une fois les décisions difficiles à plus tard.