Il nous manquait, à Morgane et à moi, de descendre jusqu’aux rives du grand lac, le Lac Victoria… Ce fut fait lors d’une balade digestive après un repas sur Main Street, en fin de semaine.
A Jinja, il y a toujours un croisement de rue où l’on aperçoit l’eau, souvent comme une lame d’acier parce que le ciel est couvert. C’est la saison des pluies, en ce moment.
Sur la route, une petite mosquée, minuscule, qui doit être aussi une école puisque j’ai aperçu un groupe de petites filles assises sagement sous une arcade.
Tout au long de la route qui descend vers le lac, il y a de grandes maisons de style colonial. Défraichies, elles gardent fière allure, malgré la lèpre qui couvre leurs façades.
Enfin le lac… Il est difficile d’approcher jusqu’à la rive à cet endroit-là. Il est possible qu’il existe ce qui pourrait s’apparenter à des plages, mais nous ne les avons pas trouvées. Jinja s’ébat tout autour d’un bras du lac. Déjà, l’immensité est saisissante. Qu’en sera-t-il quand j’irai me balader, naviguer sur l’eau ?
Il y a un chemin de terre rouge entre la route et la rive. Et tout du long de ce chemin, des baraques en bois. Je n’arrive pas à identifier si c’est un village, un lieu de vie ou simplement une galerie marchande. Mais l’Afrique est ici, comme je l’imaginais, comme je l’avais aperçue au fil de mes lectures, ou d’émissions télévisées.
Des baraques en bois, où l’on peut acheter tout ce qui est vendable : du poisson grillé, que je n’ai pas encore osé goûter, parce que son aspect est curieux ; des légumes ; des unités pour téléphoner ; des gâteaux secs ; des brochettes ; de vieux pneus ; des bouts de bois ; de quoi boire ; des jerricans vides, ou des pleins d’huile de friture ; de quoi faire un inventaire à la Prévert…
L’Afrique, c’est aussi cette image de cette femme qui porte, sur la tête, un énorme sac de quelque chose… du linge à laver ?
En remontant tranquillement vers Jinja, une vieille barque, à moins qu’elle ne soit en construction, me fait un clin d’œil. Est-ce qu’elle a des souvenirs du croco mangeur d’homme ? Est-ce qu’elle ira à sa rencontre ? Les grands sauriens sont dans le lac, il n’y a pas dans le Nil ici.
Mais l’Afrique, c’est aussi des arbres aux silhouettes caractéristiques. Muzungu je suis, et je garde en mémoire des images de savane où l’ombrelle d’un feuillage abrite de la chaleur. Sous l’équateur, pas de savane, mais des ombrelles.
Et puis… la petite maison dans la prairie.