« La Vie des autres » : souffle houleux en RDA

L’Allemagne de l’Est amorce le tournant des années 1980 sous la tutelle d’une police politique toute-puissante, l’illustre Stasi, devenue au fil des ans tentaculaire et quasi omnisciente. Pendant que ses services s’échinent à mettre la RDA en coupe réglée, la censure bâillonne les milieux culturels et le pouvoir opprime d’une main de fer ses opposants.

Longuement documenté, méritoirement oscarisé, le drame allemand La Vie des autres prospecte avec à-propos la période tumultueuse précédant la chute du mur de Berlin. Loin de tout schématisme, le blanc y est teinté de noir, la nuance s’infiltrant de bout en bout pour mieux faire écho à une réalité ambivalente, source de tensions tantôt sourdes, tantôt assourdissantes, où les braves et les brutes en arrivent parfois à se confondre.

D’une portée presque documentaire, La Vie des autres met en scène un couple d’artistes confronté aux faux-semblants et chausse-trappes d’un régime socialiste autoritaire, ostensiblement sous perfusion soviétique. Architecte iconique, Florian Henckel von Donnersmarck porte au firmament la disjonction sociétale en un seul montage alterné : d’un côté, un agent secret figé, presque marmoréen, tapi dans l’obscurité ; de l’autre, un artiste sensible, ouvert au monde, s’abandonnant à une mélodie évocatrice. Une allégorie picturale, suggestive et à double fond, comme cette humanité renaissante qui transparaît par la voie d’un rapport falsifié.

Réalisation au cordeau, casting irréprochable, scénario touffu, trame romanesque. Le cinéaste teuton insuffle précisément émotions, ambiguïtés et mise à distance, déclinant avec soin et retenue les thématiques embrasées de la propagande, de la trahison et de la résistance, le tout enveloppé par le défrichement (sommaire) du dogmatisme politique. Chronique d’un spectre historique inusable, La Vie des autres s’érige en chef-d’œuvre pluriel, à dimension humaine, partagé entre récit d’espionnage et portraits vertigineux. Une dualité qui sera brillamment infusée dans la séquence finale. Peut-être faut-il y voir le signe d’un plaisir qui ne s’estompe pas.

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