L’Union Européenne depuis des mois, et encore bien plus ces dernières semaines, s’est concentrée sur le problème économique et financier de la Grèce. A juste titre, certes, tellement le problème était crucial, mais ce faisant elle semble avoir ignoré une évènement tout aussi important qui s’est produit simultanément à l’autre bout de la planète. Je veux parlé du krack de la Bourse de Shangai.
En effet en trois semaines de temps, la bourse de Shangai a dévissé de 28 pct et de 5,7 pct le seul vendredi 3 juillet, en même temps que la Grèce cherchait désespérément un aide de l’Union Européenne. Or quand on parle du problème de de dette grecque, on parle de 0,5 pct de l’économie mondiale et d’un montant de 300 milliards d’euros, alors que les 30 pct du krack représentent, eux, dix fois plus, 3000 Milliards d’euros évaporés en moins d’un mois de temps !!
Il était donc important pour la classe politique et pour les économistes de comprendre les ressorts d’une telle crise dont on peut penser qu’elle était prévisible. Et effectivement, ne serait ce que sur BFM, les experts de cette radio économique n’arrétaient pas de s’étonner de cette hausse permanente et d’alerter sur le danger qu’elle représentait.
Il semble que nos banques, nos assurances et leurs filiales d’Asset Management, ait été suffisamment prudentes pour éviter ce krach dans les sicavs et fonds commun de placement ou d’investissement qu’elles gèrent. Si c’est bien le cas, ce seraient les petits porteurs chinois ( 90 millions représentants 70 pct des transaction des bourses chinoises) qui seraient les victimes du manque de maitrise et d’expérience du régulateur gouvernemental.
Il semble que du fait du dégonflement de la bulle immobilière qui avait vu passer en dix ans le prix du m2 en Chine de 600 à 2000 euros, des masses d’argent considérable gagnés dans l’immobilier se soient reportés,à partir de 2014, encouragés par les Pouvoirs publics, vers la Bourse. Est venu se rajouter à cette réorientation des fonds provenant de l’Immobilier, la possibilité donné aux petits porteurs chinois d’emprunter largement pour spéculer sur la bourse.Une pratique très dangereuse dite du trading sur marges qui a fait florés la bas. La conjonction de ces deux facteurs plus quelques spécificités techniques et l’absence d’expérience des phénomènes boursiers chez les petits porteurs chinois a conduit, après une hausse de 150 pct en un an des bourses de Shangai et Schenzen à leur avantage, à la chute que nous venons de connaître.
Or l’on ne se remet pas d’un « coup de bourse » de cette ampleur sans que le régulateur ne vienne apporter son aide.Celui çi a pris une série de mesures pour freiner le mouvement en obligeant les fonds de placement à limiter leurs ventes et en annonçant qu’il allait règlementer le marché « gris » du crédit. 1200 sur les 2800 sociétés cotées ont demandé la suspension de leur cotation.Il n’a pas pour autant réussi à stopper la chute du marché.
Ce krach affecte beaucoup la classe moyenne dont l’accroissement de richesse était un des axes de développement de la politique du Parti. Pour autant ce n’est pas le désastre absolu, car les boursicoteurs/speculateurs ne représentent que 9 pct de la totalité des foyers urbains et que même après le krach la bourse de Shangai demeure chère, la valorisation des actions se faisant sur un taux de 60 fois les bénéfices, bien supérieure à ce qui se pratique sur les autres bourses mondiales. Une correction nécessaire et méritée en quelques sorte qui ramènera les spéculateurs à la raison.
Pour autant il traduit bien que l‘économie chinoise est en phase de stabilisation. Sa croissance,à deux chiffres il n’y a pas si longtemps, est redescendu à 7 pct, doublé par celle de l’Inde.Ses achats de matières premières en baisse ont fait chuter les prix des principales matières premières.Et même les ventes de voitures pour la première fois ont été en baisse.Et la contribution de l’investissement à la croissance du PIB est descendu de 50 à 15 pct au premier trimestre au profit de la consommation.
C’est dire qu’un tel choc sur la seconde économie de la planète derrière les Etats Unis, reflétant un changement de modèle de l’économie, aura sans doute des conséquences collatérales sur les pays clients et fournisseurs, sans aucun doute plus importantes que celles de la Grèce.