Je m’en vais – Jean Echenoz Les éditions de Minuit (1999)
Je m’en vais, c’est la première et la dernière phrase de ce livre de Jean Echenoz. Entre les deux, plusieurs mois se seront écoulés et le héros, Félix Ferrer, aura vécu un bouleversement total de sa vie trop tranquille de marchand d’art.En vrac : il quitte sa femme, se lance à la recherche d’un bateau échoué sur la banquise, censé contenir des œuvres d’art paléobaleinier rarissimes, le trouve et ramène à Paris un trésor inestimable qu’il se fait voler aussi sec. Il est victime d’un infarctus, fait la connaissance d’Hélène, une jeune femme insolite en comparaison de ses conquêtes habituelles, se lance à la poursuite de son voleur.
En parallèle, nous suivons un certain Baumgartner, le voleur, dans l’organisation du vol, puis dans sa fuite dans le sud-ouest de la France et en Espagne. Qui est-il, comment a-t-il appris la présence du trésor de Ferrer et pourquoi l’a-t-il volé ? C’est ce nous découvrirons, en même temps que Ferrer.
Je me suis régalée lors de cette lecture, rythmée, cocasse parfois, pleine d’humour toujours. J’aime beaucoup l’écriture de Jean Echenoz. Il ne se prend pas au sérieux même s’il évoque des thèmes sérieux, et termine toujours par une pirouette qui fait sourire le lecteur. Et puis, avec Jean Echenoz, les objets sont vivants, on a l’impression qu’ils participent à l’aventure, que tout peut arriver, il suffit d’oser.
Une bouffée d’air frais, que ce livre, qui a obtenu le prix Goncourt en 1999.
Un extrait (page 11) :
Puis c’est toujours pareil, on patiente, d’une oreille évasive on écoute les annonces enregistrées, d’un œil absent on suit les démonstrations de sécurité. L’appareil finit par se mettre en mouvement, d’abord imperceptiblement puis de plus en plus vite et l’on décolle cap nord-ouest vers des nuages que l’on traverse. Entre ceux-ci, plus tard, penché contre la vitre, Ferrer va distinguer une étendue de mer, ornée d’une île qu’il ne pourra identifier, puis une étendue de terre au cœur de laquelle c’est un lac, cette fois, dont il ne connaîtra pas le nom. Il somnole, il suit nonchalamment sur un écran quelques prégénériques de films qu’il a du mal à regarder jusqu’au bout, distrait par les allées et venues des hôtesses qui ne sont peut-être plus ce qu’elles ont été, il est parfaitement seul.