Comment expliquer l’attachement des Juifs à la côte orientale de la Méditerranée ?
Cette terre, aujourd’hui occupée par l’État d’Israël, a toujours peuplé l’imaginaire collectif juif. Ce peuple voit dans les textes sacrés les plus anciens la justification de sa présence au Proche-Orient, sur le territoire historique de la Palestine. Il y aurait, selon les croyances judaïques, une « Terre promise » et un « peuple élu ». Tout, des Tables de la loi remises par Dieu à Moïse aux grands ancêtres que sont David, Abraham, Isaac, Salomon, Jacob ou Josué, contribue à désigner cette région comme la « Terre sainte » conférée bibliquement aux Juifs. David se fît nommer « roi d’Israël » et prît Jérusalem pour capitale. Plus tard, son fils, le roi Salomon, structura la société, favorisa l’émergence d’une classe de fonctionnaires et l’essor de la littérature hébraïque. Les Juifs seront néanmoins poussés à l’exil en l’an 70, pour presque 2000 ans, par les conquêtes romaines de César et Titus. À Massada en l’an 73, puis à Bar Kokhba soixante années plus tard, la résistance judéenne se verra battue en brèche par les Romains. Sous leur joug sera détruit le second Temple des Juifs, qui deviendra le mur des Lamentations. Jérusalem subira un sort similaire et finira rasée par l’empereur Hadrien. La « Terre sainte » passera ensuite entre les mains des musulmans, des croisés catholiques ou encore des Perses.
Comment s’intègrent les Juifs dans l’Europe du XIXème siècle ?
Les Juifs y subissent la défiance et le racisme. En 1850, le compositeur allemand Richard Wagner publie anonymement un essai à charge intitulé Judaïsme dans la musique. En 1879, le publiciste Wilhelm Marr démocratise le terme qui fâche – « antisémitisme » – dans un opuscule anti-juif. D’aucuns se nourrissent alors des théories racialistes du comte Arthur de Gobineau, ainsi que des recherches linguistiques opposant les langues aryennes aux autres langues. En 1886, le polémiste Édouard Drumont publie le pamphlet La France juive,qui demeure aujourd’hui encore l’un des plus grands succès hexagonaux de librairie de tous les temps ! Dès 1867, l’émancipation des Juifs dans l’empire austro-hongrois entraîne une immigration massive : malgré un antisémitisme latent, les Israélites y affluent par dizaine de milliers, surtout à Vienne, contribuant à faire de la ville la capitale culturelle européenne de la fin du XIXème siècle. Le bouillonnement artistique et intellectuel du milieu juif est alors à son apogée, et des personnalités éminentes comme Mahler, Freud ou Klimt s’y distinguent. Les cartes seront cependant rebattues en 1897, au moment où Karl Lueger s’empare de la mairie grâce à un programme antisémite… Adolf Hitler le tiendra plus tard en très haute estime.
Dans ces conditions, comment s’étonner de l’écho rencontré par Theodor Herzl ?
Ce journaliste hongrois sera sans conteste le grand théoricien du sionisme, qu’il défendit en réaction aux pogroms de Russie et d’Europe centrale, mais aussi à la tristement célèbre affaire Dreyfus, lorsqu’un capitaine juif fut accusé en France de haute trahison, dans un contexte propice à l’antisémitisme – le best-seller d’Édouard Drumont, au même titre que le scandale de Panama, n’y étant évidemment pas étranger. Les idées de Theodor Herzl furent toutefois longtemps mésestimées en France et en Allemagne, où les populations juives se sentaient bien intégrées et en sécurité. En Europe centrale, en revanche, on prête au journaliste sioniste une oreille bien plus attentive. En 1896, le théoricien publie L’État des juifs et tient lieu de président, un an plus tard, lors du premier Congrès sioniste mondial. En ressort le « programme de Bâle », qui consiste à coloniser la Palestine, obtenir le consentement de la communauté internationale et organiser le judaïsme en corps constitués. L’Église s’y oppose, les grandes puissances hésitent, et Herzl avance alors d’autres pistes d’implantation (l’Ouganda, Chypre, le Sinaï, l’Argentine) déjà évoquées dans son ouvrage, mais doit reculer devant le refus catégorique des Juifs de Russie, les plus menacés d’entre tous, qui n’aspirent qu’à un seul territoire, celui des ancêtres, la Palestine.
Que sait-on de la Palestine du XIXème siècle ?
Pendant que Theodor Herzl avance ses pions, des processus d’enracinement s’enclenchent déjà en Palestine. Ainsi, en 1890, on y compte plus de 40 000 Juifs, alors qu’ils n’étaient encore que 7000 au début du siècle (+ 571%). Dans le même temps, la population totale n’aura quant à elle même pas doublé, croissant modestement de 275 000 à 532 000. La Palestine n’est alors qu’une province arabe inféodée à l’Empire ottoman, dont le développement dépend en grande partie des capitaux extérieurs et des réformes institutionnelles promues par le gouverneur d’Égypte, Méhémet Ali. C’est une société rurale aux mains de notables locaux, dont l’économie s’articule essentiellement autour de l’agriculture – huile d’olive et agrumes. Jérusalem, le berceau des trois monothéismes, y fait déjà l’objet de toutes les convoitises. Une lutte d’influence y met ainsi aux prises les Russes et les Européens occidentaux. Ces derniers, avant même 1860, investissent la ville dans l’espoir d’y contrôler les Lieux saints chrétiens. Ils y ouvrent des écoles de missionnaires, développent le commerce, les plantations agricoles, mais aussi le secteur bancaire et les infrastructures. Sur un plan strictement démographique, dès 1880, les 17 000 Juifs de Jérusalem deviennent majoritaires.
Comment s’est structuré le conflit israélo-palestinien ?
Un élément va venir bousculer toutes les certitudes et profondément ébranler la région : la Déclaration Balfour, datée de 1917, par laquelle les Britanniques s’engagent ouvertement en faveur des sionistes. Secrétaire d’État aux Affaires étrangères et ancien Premier ministre, Arthur Balfour adresse un courrier au banquier Lionel Walter Rothschild, lui assurant que le gouvernement de Sa Majesté « envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif ». Cette lettre, qui fait bien peu de cas des droits des populations arabes locales, intervient alors que les Britanniques ne disposent encore d’aucun mandat pour administrer la région. Durant les trente années qui suivent, celles précédant la création de l’État d’Israël, la Palestine vivra dans instabilité permanente, en proie aux manifestations, aux émeutes, aux conflits et aux grèves. Les Arabes s’insurgent contre l’immigration juive et le mandat britannique. Les troubles débouchent sur un véritable soulèvement entre 1936 et 1939, faîte de la cause nationaliste, aboutissant au démantèlement des forces paramilitaires arabes et à l’emprisonnement ou l’exil des principaux dirigeants locaux. À titre d’illustration, rappelons que le rapport Juifs-Arabes, qui fût de un pour quarante (2,5%) au début du XIXème siècle, atteindra les 50% en 1947. Le rattrapage démographique est, disons-le, tout bonnement fulgurant.
D’où viennent les premiers immigrés juifs ?
La première vague migratoire sioniste (aliyah) a lieu dès 1880, en provenance de la Russie tsariste. Les émigrants rejoignent massivement la bande côtière pour y constituer des colonies agricoles. La Palestine est alors sous pavillon ottoman. Ces colons bénéficient du soutien de la Banque coloniale juive et du Fonds national juif, respectivement pour l’achat de terres arabes et pour collecter l’argent issu de la diaspora. Le baron Edmond de Rothschild apporte également une aide financière à ces migrants. Le Yichouv – l’implantation judaïque en Palestine, qui deviendra plus tard un État dans l’État – se constitue alors peu à peu. Au tournant du siècle, une deuxième aliyah pousse 35 000 Juifs à fuir les pogroms de Russie. Le Premier dirigeant d’Israël, David Ben Gourion, se trouve parmi eux. Les aliyah se succèderont ensuite à un rythme soutenu, notamment en raison de l’appel d’air imputable à la Déclaration Balfour, et surtout à cause de la montée progressive et irrépressible de l’antisémitisme en Europe, et singulièrement en Allemagne et en Autriche. Le nazisme et la Shoah entraîneront ainsi une très importante vague d’immigration, au volume inédit : environ 300 000 Juifs quittent le vieux continent pour rejoindre la Palestine, alors même que la communauté des nations se montre de plus en plus favorable à un « Foyer » servant de refuge à un peuple opprimé et décimé par le régime hitlérien. Plus tard, vers 1990-1992, 500 000 Juifs originaires d’ex-URSS arriveront à leur tour. Entretemps, la société judaïque s’est grandement structurée, notamment autour de la puissante centrale syndicale Histadrout, créée en 1920 et regroupant bientôt jusqu’à 80% de la population juive. Cette fédération de travailleurs deviendra rapidement tentaculaire, puisqu’active aussi bien dans la défense des syndiqués que dans la formation technique, les services bancaires, le sport, les loisirs, les arts, les coopératives de production et de consommation, l’industrie ou encore la santé, avec à son compte un vaste réseau d’hôpitaux et de dispensaires.
Que peut-on dire du double jeu mené par les Britanniques ?
En 1916, des accords secrets ont lieu entre les vainqueurs de la Première guerre mondiale. François Georges-Picot et Mark Sykes, représentant respectivement la France et la Grande-Bretagne, se partagent le Proche-Orient en traçant des courbes sur une carte, confortablement installés dans un hôtel parisien. Il faudra attendre 1923 pour que la Société des Nations confie à la Grande-Bretagne de manière officielle un mandat sur la Palestine. Les Britanniques commettent alors ce qui ressemble fort à une forfaiture. Ils promettent un foyer juif aux uns et une grande nation arabe aux autres, à condition toutefois que ces derniers s’opposent à l’Empire ottoman. Bien conscients des réserves de leurs partenaires maghrébins et moyen-orientaux, les Britanniques publient plus tard un Livre blanc programmant la réduction drastique des quotas d’immigration, et restreignant donc les arrivées juives à 75 0000 en cinq ans, au moment même où les processus d’extermination se mettent en place en Europe, en 1939 et 1940. En agissant de la sorte, les Britanniques s’aliènent tout ce que la Palestine compte d’extrémistes juifs. Des attentats sont d’ailleurs perpétrés à l’encontre de leurs soldats, tandis que des drames humanitaires ne manquent pas de se produire. En 1942, le cargo Struma sombre au large de la Turquie avec presque 800 passagers à bord ; on lui a interdit d’accoster en Palestine. En 1947, alors qu’il fait route vers la « Terre promise », le cargo Exodus, peuplé de rescapés de la Shoah, doit rebrousser chemin, menacé par la Royal Navy, et trouver refuge en France, après une longue période d’errance en Méditerranée, particulièrement éprouvante en raison des conditions climatiques, sanitaires et alimentaires. C’est dans ce contexte tendu que les mouvements paramilitaires israéliens se multiplient, parmi lesquels la Haganah, l’Irgoun et le Lehi (groupe Stern). Ils ne tarderont pas à opérer et à répandre le sang. Exécuté en 1946 à Jérusalem, l’attentat à la bombe de l’hôtel King David fait 91 victimes, dont un tiers de Britanniques, sacrifiées au nom de la cause sioniste par l’organisation extrémiste de Menahem Begin, l’Irgoun. Et ce n’est qu’un exemple parmi des dizaines. Ce massacre n’empêchera cependant pas la Grande-Bretagne de persister à souffler le chaud et le froid. Ainsi, en 1948, peu avant la guerre israélo-arabe, les Britanniques semblent une nouvelle fois céder à un double jeu : ils prêteront une oreille attentive aux revendications et doléances arabes tout en favorisant en sous-main une entente entre la Transjordanie, qui souhaite annexer une partie substantielle de la Palestine, et les organisations sionistes, dont l’Agence juive.
Quid des plans de partage ?
Deux célèbres plans de partage voient le jour : celui des Britanniques, sous la conduite de Lord Peel, en 1937, et celui de l’ONU dix années plus tard, qui consiste à créer deux États selon un découpage complexe en trois entités, et qui est soutenu à la fois par les Américains et les Soviétiques. Aux yeux des sionistes, cela ne doit pas faire un pli : il est naturel qu’ils récupèrent la terre de leurs ancêtres et, au besoin, qu’ils chassent les Palestiniens, qui n’auraient de toute façon jamais dû se trouver là. D’une manière prévisible et assez logique, le plan de l’ONU est rejeté par les Palestiniens, qui vivent l’éventuel partage de leur terre comme une immense injustice. Les Israéliens réclament quant à eux une division plus avantageuse : une superficie plus étendue et une réelle continuité territoriale. Le fiasco diplomatique est total. Comme susmentionné, en tant que représentante de l’Agence juive, Golda Meir négociera en 1947 un plan de partage alternatif avec le roi Abdallah, selon lequel la Cisjordanie doit revenir à la Transjordanie… Ces discussions mettent à mal l’hypothèse d’un soutien arabe unanime et inconditionnel aux Palestiniens, puisqu’Abdallah rêvait alors avant tout d’une « Grande Jordanie », sans égard aucun pour les populations locales.
Dans quelles conditions naquît l’État d’Israël ?
En 1947, l’Assemblée générale des Nations unies adopte la résolution 181, qui prévoit la création de deux États en Palestine. Cinq armées arabes se coalisent alors contre les Juifs. Il s’agit des forces syriennes, libanaises, irakiennes, transjordaniennes et égyptiennes. Équipés par les Tchèques, rejoints par des volontaires venus du monde entier, les Israéliens se jettent à corps perdu dans la bataille, et remportent des victoires majeures. Au lendemain de cette guerre, en 1949, ont lieu les premières élections de l’histoire d’Israël. Elles établissent une Assemblée constituante, bien que le pays ne se soit toujours pas doté de constitution à ce jour. L’Agence juive faisant déjà figure d’État embryonnaire avant 1948, Ben Gourion passa logiquement de sa présidence au poste de Premier ministre de la jeune nation judaïque. C’est également lui qui fonda, dès 1920, le grand syndicat unique aux multiples corporations, la Histadrout, qui demeurera longtemps un instrument de domination des travaillistes. Il faut bien comprendre que l’organisation civile des Juifs fût largement préexistante à leur État : avant 1948 et la proclamation d’indépendance, ils possédaient déjà des écoles, des hôpitaux, une sécurité sociale et des forces armées intégrées. Aussi, quand David Ben Gourion décréta la naissance d’Israël, il le fît avec l’appui conjoint des Soviétiques et des Américains. Les premiers espéraient alors affaiblir les Britanniques afin de pouvoir diffuser librement le communisme au Proche-Orient – dans un contexte de guerre froide naissante –, tandis que les seconds cherchaient à ménager les groupes de pression américains et à flatter une frange considérable de leur électorat. Notons enfin que c’est l’Organisation sioniste mondiale qui, dans le nouvel État juif, se voit chargée de gérer les relations extérieures. Chaim Weizmann, qui présida l’institution de 1935 à 1946, devînt le premier Président d’Israël.
La guerre israélo-arabe de 1948 n’est-elle pas prétexte à un plan de conquête ?
Il existe une controverse à ce sujet. Selon certains historiens, le plan Daleth, conçu par la Haganah, préfigurerait une guerre de conquête, et ce avant même l’entrée en scène des armées arabes coalisées pour contrer les forces juives. Si le débat historiographique n’est pas tranché, il semblerait que les archives tendent à démontrer que les massacres, au même titre que les destructions ou incendies de villages et de maisons, tenaient lieu de sommations aux départs et relevaient d’une stratégie concertée en haut lieu. Ce n’est pas anodin. Les réfugiés, dont il est tant question au cours des négociations de paix, seraient par conséquent imputables aux Juifs. Pour accréditer cette thèse, d’aucuns évoquent le massacre de Deir Yassin, un village purgé pour l’exemple par 120 combattants de l’Irgoun et du Lehi. Les estimations les plus basses font état de cent morts à la suite de ces attaques. Les « nouveaux historiens », ceux qui défendent cette théorie de conquête planifiée, se trouvent néanmoins désavoués par une grande partie de la population juive, qui ne tolère aucune atteinte, fût-elle scientifique, au « narratif sioniste », aujourd’hui largement sacralisé. Non contents de mettre les pieds dans le plat, ces historiens aggravent pourtant leur cas en clamant partout que l’intransigeance des Israéliens a étouffé dans l’oeuf toute tentative d’accord, et ce dès la fin des années 1940. Dans le camp d’en face, on préfère les accuser de « haine de soi » et questionner leur méthodologie ou leur rigueur sous prétexte que les archives des pays arabes demeurent, elles, inaccessibles. Quelques éléments méritent en tout cas d’être soulevés. Cette guerre israélo-arabe, aussi appelée la « Nakba » (la « catastrophe »), a poussé à l’exil plus de 800 000 Palestiniens, sur une population totale, toutes confessions confondues, d’environ 1,4 million de personnes. Israël deviendra dès lors majoritairement juif. Au terme du conflit, les Palestiniens de Cisjordanie seront administrés par le royaume hachémite de Jordanie, tandis que ceux de Gaza relèveront de l’Égypte. En comparaison, l’État juif ne perdra « que » 1% de sa population, tuée dans les combats. En 1949, à la fin de la guerre, Israël s’étendra sur 78 à 80 % du territoire palestinien, alors même que 85% des populations arabes auront dû fuir leur pays. Les notables locaux, qui ont quitté le territoire dès 1947, se sont pour la plupart réfugiés dans les pays voisins.
Comment se positionnent les Américains à cette époque ?
David Ben Gourion s’est placé d’emblée sous la protection des États-Unis, superpuissance sortie victorieuse de la Seconde guerre mondiale, tandis que les empires européens vieillissants, meurtris par les conflits armés, commençaient à s’éteindre. La France doit se délester de la Syrie et du Liban. La Grande-Bretagne voit les monarchies qui lui sont fidèles tomber les unes après les autres : d’abord en Égypte avec Nasser (1952), puis en Irak avec Kassem (1958). Les Américains font valoir leurs intérêts et entendent faire d’Israël un allié de poids contre les Soviétiques. En outre, il y a comme un effet de miroir entre les États-Unis et la jeune nation juive : deux peuples autoproclamés « élus », ayant pris le dessus sur des populations préalablement installées, les Peaux-rouges (Amérindiens) et les Palestiniens arabes. D’une manière plus générale, la Shoah finira par convaincre le monde entier – à l’exclusion notable des Arabes – du bien-fondé d’un État juif. La « Nakba », les Palestiniens jetés à la mer dans des embarcations de fortune, les camps de réfugiés insalubres et exigus, ou même, plus tard, en 1969, la déclaration de Golda Meir selon laquelle « les Palestiniens n’ont jamais existé » : tout ça restera largement passé sous silence devant l’horreur de l’Holocauste et les malheurs vécus par le peuple hébraïque.
Sur quelle base au juste se fondent l’OLP et le Fatah ?
Jusqu’en 1967, les Arabes d’Israël sont soumis à un régime militaire : circulation entravée, couvre-feu, tribunaux d’exception. La situation devient vite insupportable à de nombreux régimes proche-orientaux. Le président égyptien Gamal Abdel Nasser préconise l’unité arabe pour contraindre Israël à libérer la terre qu’il occupe prétendument à tort. Célébré à Gaza et en Cisjordanie pour ses positions fermes, il peine cependant à faire avancer la cause palestinienne. C’est précisément parce que cette convergence des forces arabes tarde à se faire jour que le Fatah émerge, clandestinement, en 1959. Yasser Arafat en est le principal dirigeant. Dans l’espoir d’endiguer et de contrôler les mouvements nationalistes palestiniens, le président Nasser et la Ligue arabe vont créer, en 1964, l’Organisation de libération de la Palestine, qui se distinguera plus tard en détournant des avions et en prenant part à des actions spectaculaires. Les positions des uns et des autres sont néanmoins appelées à s’infléchir. Le Fatah propose ainsi en 1969 une Palestine libérée où chacun aurait sa place, un « État commun, dans l’égalité des droits et des devoirs ». En 1974, après la guerre du Kippour, au Caire, lors du Conseil national palestinien, l’OLP accepte quant à elle de fonder une « autorité nationale indépendante » sur une partie seulement du territoire de la Palestine historique. Même si des factions politiques de gauche s’insurgent contre ce projet, la cohésion l’emporte toutefois au sein de la Résistance. Par ailleurs, la même année, le mouvement est reconnu par les États arabes comme « unique représentant légitime » des Palestiniens.
La guerre des Six Jours ne va-t-elle pas tout bouleverser ?
Rien ne sera plus jamais comme avant. En 1967, quelque peu échaudés par la nationalisation réussie du Canal de Suez, avalisée par les États-Unis et les Soviétiques dans l’espoir de mettre au pas les anciens empires coloniaux, les pays arabes – Égypte, Jordanie, Syrie – s’unissent contre Israël, avant de finir en déroute. Le Proche-Orient n’a d’autre choix que de se redessiner selon les territoires que Tsahal va s’approprier : le Golan, le Sinaï, la bande de Gaza, la Cisjordanie et la partie arabe de Jérusalem. Les Palestiniens, eux, sont à nouveau contraints de fuir. L’exode concernera environ 350 000 personnes. Le blocus du Détroit de Tiran aux navires israéliens est à l’origine des hostilités. Le gouvernement de Levi Eshkol et l’état-major des forces armées ont anticipé la guerre voulue par Nasser et détruit l’aviation arabe au sol, en quelques heures à peine, au cours d’une attaque préventive. Au terme du conflit, l’État d’Israël fît plus que quadrupler (!) sa superficie, passant de 21 000 à 102 000 km2, tandis qu’un million d’Arabes passèrent sous son administration. L’ONU réclamera ensuite, en vain, un redéploiement en deçà de la Ligne verte (la ligne d’armistice de 1949).
Que se passe-t-il ensuite ?
À partir de 1967, les bourgeoisies locales palestiniennes vont se fondre dans les syndicats, les associations et les municipalités. Les jeux d’influence y auront plus que jamais cours, d’abord entre le Fatah et les forces marxistes, puis entre le Fatah et le Hamas. Les territoires conquis en 1967 vont voir affluer les colons, les expropriations de terres s’intensifiant ensuite avec l’arrivée au pouvoir du Likoud en 1977, première victoire électorale de la droite, qui met ainsi fin à l’hégémonie politique des travaillistes. Les Arabes d’Israël, considérés comme des citoyens de seconde zone, se battent pour leurs droits. Ceux de Gaza et de Cisjordanie ne veulent pas quitter leur terre par crainte de ne jamais pouvoir revenir. Ceux exilés dans les pays limitrophes aspirent à regagner leur foyer. Trois formes de résistance coexistent alors.
Quelle est la situation dans les camps de réfugiés de Jordanie ?
La Résistance s’y organise. En 1968, à Karameh, les Palestiniens y obtiennent même une victoire symbolique. Moshe Dayan, le ministre israélien de la Défense, voulût sonner la charge contre les combattants du Fatah, mais Tsahal se heurta à la détermination et l’unité des Palestiniens, dont les morts furent d’ailleurs célébrés en héros. Si les sources historiques divergent considérablement, on sait au moins qu’il y eût plusieurs dizaines de morts parmi les soldats israéliens et que ceux-ci laissèrent derrière eux plusieurs chars et quantité de véhicules de combat. Yasser Arafat, qui prît la tête de l’OLP en 1969, voit ensuite son organisation chassée de Jordanie, en 1971. La monarchie hachémite du roi Hussein craignait pour sa stabilité et accusait les fedayins de chercher à renverser le pouvoir en place avec l’aide des Syriens. Les Palestiniens reprochaient quant à eux au régime de soutenir une résolution de l’ONU favorable à la reconnaissance d’Israël. C’est le fameux « Septembre noir », qui coûta la vie à de nombreux combattants, mais aussi à des milliers de civils palestiniens, et à la suite duquel l’OLP dût trouver refuge au Liban, petit État montagneux à l’équilibre fragile. Un an plus tard, aux Jeux olympiques de Munich, le fedayin masqué et opprimé devient, aux yeux du monde entier, le terroriste cagoulé prenant en otage des athlètes israéliens. C’est un coup de massue porté à la cause palestinienne.
Que va changer la guerre du Kippour ?
Dans un premier temps, l’état d’esprit des nations arabes. En attaquant soudainement Israël le jour du Yom Kippour, en 1973, la Syrie parvient à récupérer le Golan, tandis que l’Égypte reprend le canal de Suez. Même si Tsahal, une fois organisée, finira par l’emporter, la victoire psychologique se situe indéniablement dans l’autre camp. L’État d’Israël a été surpris et a reculé durant les premiers jours de l’offensive devant la supériorité numérique des combattants adverses. Cette guerre présente également un autre aspect, plus discret celui-là : les tensions américano-soviétiques s’y sont exprimées en creux, l’URSS ravitaillant ses alliés arabes, et les États-Unis faisant de même avec les Israéliens. Il faudra attendre 1979 pour que l’Égypte et l’État hébreu signent un accord de paix (l’accord de Camp David). Par leur entente, Menahem Begin et Anouar el-Sadate recevront ensemble le prix Nobel de la paix. Le désert du Sinaï revient finalement aux Égyptiens. Dans cette affaire, les Palestiniens perdent un soutien de poids, mais aussi leur principal entremetteur vis-à-vis des Américains. Le Caire subit alors l’ostracisme du monde arabe pour avoir négocié l’administration d’une Palestine résiduelle, tandis que le président el-Sadate paiera de sa vie les discussions entamées avec les Israéliens. Il sera en effet assassiné durant une parade militaire par des membres de l’armée appartenant au Jihad islamique égyptien.
Les années 1977-1983 n’apportent-elles pas la preuve d’une révolution quasi permanente au Proche-Orient ?
En 1977, pour la première fois, la droite israélienne remporte les élections et accède au pouvoir, emmenée par Menahem Begin, l’ancienne tête pensante de l’Irgoun. Le parti Likoud se positionne sur une ligne nationaliste très dure, faisant de cette première alternance politique une sorte d’aggiornamento. De tout temps, la droite israélienne s’est articulée autour de deux composantes, l’une libérale, l’autre nationaliste et populiste, calquée sur le mouvement révisionniste du journaliste Vladimir Jabotinsky, principal inspirateur de l’Irgoun et défenseur obstiné d’un « Grand Israël » incluant l’actuelle Jordanie. Les deux droites fusionnent en 1973 pour former le Likoud, qui absorba notamment la formation sioniste Herout, elle-même héritière du Parti révisionniste. Au sein de cette nouvelle droite agrégée, on estime que les Palestiniens possèdent déjà un État, dans lequel ils sont représentés en nombre, et qui comprend une partie des terres de la Palestine historique : la Jordanie, nation pourtant devenue indépendante en 1946, après le retrait des Britanniques. Le tour de passe-passe ne trompe personne : il s’agit uniquement de nier, par un raisonnement fallacieux, la nécessité de rétrocéder les territoires occupés depuis 1967 et la guerre des Six Jours. En 1982, Menahem Begin envahit le Liban en pleine guerre civile, dans l’espoir d’y déloger la Résistance palestinienne et de sécuriser une bande de quarante kilomètres à l’intérieur du pays, ce qui permettrait à Israël d’éviter les tirs de roquettes. Dans les camps de Sabra et de Chatila, entre 800 et 3000 civils palestiniens sont exterminés par des forces libanaises, les miliciens chrétiens des Phalanges maronites, avec la complicité des Israéliens. Quelque 2000 autres sont portés disparus. L’indignation gagne la société civile israélienne et la communauté internationale. Ariel Sharon, bouillonnant ministre de la Défense, doit démissionner. L’opération « Paix en Galilée » est un échec qui écorne profondément l’image de l’État juif et nourrit des ressentiments antisionistes chez les chiites libanais. Nouvelle convulsion en 1983 : une scission au sein des Frères musulmans donne naissance à un groupuscule, le Jihad islamique, dont la branche armée, les Brigades al-Qods, tissera des liens avec le Hezbollah. En six ans, le Proche-Orient aura vécu un lot de cataclysmes plutôt bien garni. Entretemps, au début des années 1980, l’économie israélienne entame un tournant critique : endettement record, déficits commerciaux vertigineux, inflation galopante (jusqu’à 250%), érosion des kibboutzim. Shimon Peres prend alors la tête d’un gouvernement d’union nationale et opère un contrôle sur les prix et les salaires. Une thérapie de choc se met en place et aboutit aux rétablissements des comptes publics, permettant à la nation d’investir dans la recherche et les techniques de pointe, nouveaux moteurs de la croissance israélienne.
Quels seront les tenants et aboutissants de la première Intifada ?
Fin 1987, les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza lancent l’Intifada à la suite d’un banal accident de la circulation. L’image de l’enfant armé de cailloux face aux chars de Tsahal remplace progressivement celle du terroriste cagoulé des Jeux olympiques de Munich. Une agrégation de facteurs peut expliquer ce soulèvement spontané : la politique oppressive menée par l’État juif, les conditions de vie précaires des Palestiniens, le désintérêt croissant des nations arabes pour « la cause », l’occupation de Jérusalem, proclamée « capitale éternelle et indivisible », le détournement des sources d’eau de Gaza et de Cisjordanie… On dénombrera quelque 800 morts côté palestinien, souvent des jeunes désarmés, ainsi que des dizaines de milliers d’arrestations, les villes étant par ailleurs quadrillées par l’armée, tandis qu’un couvre-feu fût décrété. Cette « guerre des pierres » suscita l’indignation mondiale quand commencèrent à circuler des photographies de soldats israéliens molestant violemment les populations arabes. Le mouvement de contestation, qui dura plus de cinq ans, ne connût pourtant qu’un nombre restreint de débordements. Les contacts informels entre Palestiniens et Israéliens modérés, auxquels participa l’historien et essayiste Elias Sanbar, n’influèrent aucunement sur la révolte. C’est aussi l’époque où le Hamas, présent dans les Territoires occupés, gagne en influence en défendant les intérêts des Arabes selon un double prisme, nationaliste et islamiste.
En quoi consiste le « compromis historique » de 1988 ?
Alors que l’OLP est désormais terrée à Tunis, après avoir été chassée de Beyrouth en 1982 par les forces israéliennes, le Parlement palestinien en exil décide de se réunir à Alger. Est alors adoptée, dans la douleur, une proposition entérinant le renoncement à l’entièreté de la terre palestinienne. Ce « compromis historique » constitue à la fois une avancée majeure pour la paix et un déchirement pour tous les Palestiniens. La résolution 181 de l’ONU, sur laquelle s’appuie l’OLP, reconnaît par ailleurs l’État hébreu. Une solution à deux États s’esquissent donc dans les esprits arabes, Israël étant quant à lui appelé à se retirer des territoires conquis en 1967. Ces revendications émanent essentiellement des Palestiniens de l’intérieur, ceux qui cohabitent quotidiennement avec les Israéliens, et qui aspirent désormais à une forme de « normalité ».
Quels sont les deux événements majeurs survenus au début des années 1990 ?
En 1991, alors que la première guerre du Golfe bat son plein, Yasser Arafat opte pour un soutien inconditionnel à Saddam Hussein, qui lance des missiles sur Israël et envahit le Koweït, pays figurant pourtant parmi les appuis traditionnels des Palestiniens. L’OLP en ressort marginalisée et connaît dès lors une traversée du désert. Parmi les explications plausibles avancées, retenons celle-ci : l’objectif inavoué d’Arafat aurait été de se mettre en position d’intermédiaire vis-à-vis des belligérants pour ensuite pouvoir prétendre à la faveur des Américains. Mais les Palestiniens échouent sur toute la ligne : ils seront désormais privés des aides financières des monarchies arabes et chassés du Koweït par milliers. En 1993, l’histoire est fondamentalement différente. Les accords d’Oslo sont signés sur la pelouse de la Maison Blanche en présence de Bill Clinton, Yasser Arafat, Mahmoud Abbas, Yitzhak Rabin et Shimon Peres. Le rapport de force penche alors nettement en faveur des Israéliens, soutenus par les Américains, tandis que les Européens demeurent en retrait. Si l’accord est un gage (relatif) de paix, les deux parties se reconnaissant officiellement, les sujets brûlants sont cependant renvoyés aux calendes grecques : les frontières, les réfugiés, les colonies ou encore Jérusalem, annexée et réunifiée en 1967, désormais placée sous administration juive.
Sur le terrain, qu’est-ce que l’on constate après ces accords ?
Le pillage des ressources naturelles, l’expropriation de terres, les colonies et le déni des droits des Palestiniens persistent. La continuité territoriale est mise à mal par l’expansion urbaine israélienne, tant et si bien que tracer aujourd’hui les frontières de deux États distincts relèverait de la gageure. Le « Protocole de Paris », signé en avril 1994 par l’OLP et le gouvernement de Yitzhak Rabin, prévoit en outre une dépendance des Palestiniens pour toute activité commerciale, surtout si elle concerne l’import-export, puisqu’il revient à Israël de définir un régime douanier externe commun. Pendant ce temps, le Hamas, excroissance des Frères musulmans apparue en 1987, grandit sur le terreau fertile de l’incrédulité et de la déception des populations arabes. Les islamistes se montrent intransigeants, ne reconnaissent pas l’État d’Israël et refusent les accords d’Oslo, également battus en brèche par les mouvements de gauche FDLP et FPL ou encore le Jihad islamique. Dans ces organisations, les directions exilées s’avèrent souvent plus radicales que leurs partisans restés au pays. Sur le plan économique et diplomatique, les négociations de 1993 débouchèrent néanmoins sur une hausse des investissements étrangers et une relative détente au Moyen-Orient, des relations informelles étant notamment nouées entre l’État juif et le Maroc, la Tunisie ou les Émirats, tandis que les liens bilatéraux seront normalisés avec la Jordanie voisine. Ces négociations n’ont en revanche pas empêché les barrages militaires à l’entrée et à la sortie des villes, ces checkpoints humiliants, souvent chronophages et surpeuplés. Et si l’Autorité a désormais un pouvoir civil sur la population palestinienne, la gestion territoriale lui échappe toujours en grande partie. Selon la nature des zones géographiques (A, B ou C), l’exercice de la sécurité intérieure et l’administration des villes dépendent plus ou moins fortement des Israéliens. Il faut aussi rappeler qu’à la suite des accords d’Oslo, la branche armée du Hamas commît une série d’attentats de nature à tourmenter et exaspérer les populations juives. Le Hamas politique refusera par ailleurs de prendre part aux élections présidentielles et législatives de 1996, préférant consacrer son action civile au terrain social et caritatif. Le partage des pouvoirs pourrait dès lors se résumer ainsi : l’OLP dirige les négociations internationales, tandis que l’Autorité palestinienne gère les Territoires.
Qu’est-il advenu des autres négociations de paix ?
Elles ont toutes échoué, pour des raisons diverses. Les négociations de Camp David en 2000, le Sommet de Taba de 2001 ou les discussions récemment impulsées par John Kerry n’ont été qu’énergies dépensées en pure perte, parfois pour de sinistres raisons électorales. À Camp David, ce qui fût proposé aux Palestiniens était à milles lieues de leurs revendications : territoire réduit et morcelé, frontières maritimes, aériennes et terrestres aux mains des Israéliens, confiscation partielle de Jérusalem-Est, retour des réfugiés limité à une fourchette comprise entre 10 000 à 30 000 personnes sur dix ans… Par ailleurs, l’accession au pouvoir d’Ariel Sharon, en 2001, compliquera encore les choses : il accuse Arafat de soutenir le terrorisme, voire de le coordonner, et bombarde des postes de police palestiniens, des ports, des aéroports et même des chaînes télévisées. Les chars de Tsahal provoquent des dégâts auxquels l’Autorité palestinienne doit ensuite remédier en usant de ses fonds propres. Le gouvernement Sharon s’échine de toute évidence à démanteler l’Administration arabe. Les années 2002-2003 seront quant à elles marquées par un important blocus économique, la réoccupation par Israël des villes autonomes et une série de sanctions collectives liées à la seconde Intifada.
Comment se déroule cette seconde Intifada ?
On considère généralement que son déclenchement eût lieu le 28 septembre 2000, au moment où Ariel Sharon, alors simple parlementaire d’opposition, visite l’Esplanade des Mosquées, dans la vieille ville de Jérusalem. Les populations arabes y voient là une provocation intolérable, qui débouchera sur une insurrection populaire dans les Territoires occupés, à laquelle se joindra les Arabes d’Israël. Réprimé dans le sang par Tsahal, le soulèvement occasionne, en seulement deux semaines, plus de cent morts, essentiellement palestiniens. Fin octobre, le Hamas entame une campagne d’attentats-suicides, ce qui aura pour effet de radicaliser les positions juives. Après plus d’une quarantaine d’attaques terroristes, Tsahal et les services de sécurité lanceront, en 2002, une série d’éliminations ciblées, tandis que sera programmée la construction d’un mur de séparation en Cisjordanie. Ces deux événements se trouveront, parmi d’autres, à l’origine de la fin du conflit, au même titre d’ailleurs que la disparition de Yasser Arafat ou l’ouverture de pourparlers de paix. Le bilan humain ne peut en tout cas laisser indifférent : plus de 5500 morts, dont environ 4500 Palestiniens. Il est aussi à noter que la branche armée du Fatah, les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, commît plusieurs attentats-suicides durant ces événements.
Quelles seront les conséquences du conflit ?
Les contrecoups prennent des proportions désastreuses, notamment pour l’économie palestinienne. La seconde Intifada aboutit à une reprise des annexions, aux bouclages militaires, aux restrictions des libertés et à la radicalisation des politiques menées par l’État hébreu. Israël prend le parti de contrôler drastiquement la circulation des marchandises, des pratiques discriminatoires qui vont notablement entraver le commerce palestinien, notamment les exportations, et amenuiser en proportion les projets d’investissement destinés aux Territoires occupés. Il est également plus difficile d’obtenir des permis de travail pour les populations arabes, ce qui tend à accroître le taux de chômage, qui atteint un niveau critique. En raison des checkpoints, en voie de multiplication, le marché intérieur palestinien paraît plus morcelé que jamais. Toutes ces mesures occasionnent bien entendu des surcoûts pour les entreprises locales, ce qui fausse la concurrence et les prive artificiellement de précieuses parts de marché. Alors que les importations israéliennes subissent un risque de contrôles de sécurité de l’ordre de 15 à 20%, les importateurs palestiniens peuvent compter sur un contrôle systématique, toutes les livraisons vers la Cisjordanie ou la bande de Gaza demeurant sujettes à des procédures fastidieuses.
Dans quelles conditions émerge le Hamas ?
Les premiers signes d’une mouvance islamiste apparaissent dès les années 1970. Des écoles, des associations, des bibliothèques, des dispensaires ou encore des clubs de sport sont créés en filiation avec les mosquées. Dans l’enclave gazaouie, le réseau caritatif est appelé à prendre une dimension considérable, tant la précarisation et l’indigence se font écrasantes. Il arrive même qu’Israël apporte une aide financière aux mouvements islamistes. Le Hamas n’apparaît quant à lui qu’en 1987. Il va construire sa popularité sur une lutte acharnée avec l’occupant juif, mais aussi grâce à son implantation locale, favorisée par ses actions sociales auprès des populations paupérisées. Ses cadres et partisans emprisonnés lui permettent par ailleurs de se victimiser, d’obtenir à bon compte le soutien des Palestiniens et de se crédibiliser auprès d’eux. Parallèlement à ça, les soupçons de corruption et de mauvaise gestion pesant sur l’Autorité palestinienne contribuent encore à rehausser son audience.
Les modes de résistance du Hamas ont-ils l’aval du peuple palestinien ?
Tout dépend des actions dont il est question. Pour les plus sanguinaires d’entre elles, les attentats notamment, il ne fait aucun doute que les Palestiniens modérés s’en détournent, contrairement à d’autres, plus radicaux, qui les soutiennent sans réserve. Mais il ne faut surtout pas faire l’erreur de penser que les actes spectaculaires seraient l’apanage du Hamas. Dans les années 1970, des groupes laïques d’inspiration marxiste détournaient des avions en guise de protestation. Vingt ans plus tard, des groupes de gauche et/ou d’obédience islamiste commettent des attentats-suicides dans l’espoir de marquer l’imaginaire collectif. Les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, attachées au Fatah, ont longtemps mené une guérilla contre les troupes israéliennes et les colons juifs, avant de se voir inscrites sur la liste américaine des organisations terroristes suite à un attentat-suicide perpétré en 2002, en pleine Intifada. En Palestine, les modes de résistance sont extrêmement évolutifs : la soumoud, la résistance passive, le dispute à la désobéissance civile, aux grèves, aux manifestations, aux émeutes et, enfin, à la lutte armée ou aux attentats. Notons enfin que la déclaration d’indépendance de la Palestine (1988) condamne explicitement « la menace de l’usage de la force, de la violence et du terrorisme ».
Tous les Israéliens sont-ils sur une même ligne sioniste et nationaliste ?
Comme les Palestiniens, les Israéliens sont animés par un large spectre de sensibilités, religieuses, philosophiques, humaines et politiques. Ahad Ha’am, l’un des pères de la littérature hébraïque moderne, réfute par exemple l’idée d’une terre sans peuple pour un peuple sans terre. Il y oppose une simple interrogation : quid des Arabes ? A contrario, concernant les Territoires occupés, Golda Meir estimait en 1969 qu’il « n’y a personne à qui les rendre ». Non seulement l’argument tient du mensonge absolu, mais c’est surtout faire bien peu de cas des populations palestiniennes. D’autres avancent par ailleurs que le sionisme serait antireligieux, laïc et hérétique, qu’il faut attendre l’ère messianique, que ce n’est pas aux hommes qu’il revient d’organiser le grand retour. Puis, il existe certains mythes qui occupent une place plus ou moins prépondérante, comme ceux des kibboutzim ou du sabra. Revenons en quelques mots sur ce dernier cas, très intéressant. Né en Israël sur la Terre sainte, le sabra est assimilé à une figue de Barbarie : piquant à l’extérieur, doux à l’intérieur. Il est l’homme nouveau qui doit voir le jour sur le territoire des ancêtres juifs, loin de la « maladie de l’Exil » (le galoutisme) et de la honte de la Shoah. Aujourd’hui, selon des statistiques officielles, environ 70% du peuple juif serait constitué de sabras nés en Israël.
Vit-on la fin du mythe des kibboutzim ?
Le kibboutz ne quittera jamais tout à fait l’imaginaire juif. Pendant longtemps, surtout dans les années 1950-1960, ces communautés agricoles collectivistes ont été un élément constitutif de l’identité d’Israël et ont agrégé la communauté nationale. Des milliers d’immigrés y ont puisé de quoi vivre et s’intégrer, pendant que l’armée y recrutait ses officiers en nombre. Malgré son territoire aride, Israël est devenu une terre d’agriculture grâce ces sociétés collectives créées sous l’impulsion des travaillistes. La propriété privée n’y a pas voix. Tout y est régi par une Assemblée générale élue démocratiquement, et le travail s’organise en fonction des aptitudes de chacun. La communauté prend en charge le logement, l’éducation et même la santé de ses membres. Cela étant, c’est effectivement un modèle aujourd’hui en voie d’érosion, dont le poids économique – 40% de la production agricole, environ 6% du PIB, moins de 2% de la population – peine à masquer un déclin amorcé dès les années 1970, et renforcé durant la décennie suivante, période marquée par l’annulation des subventions sous les gouvernements de droite. C’est le capitalisme triomphant qui mettra fin à l’esprit égalitaire et socialiste des pionniers, dont les valeurs trouvaient une résonance particulière au sein des kibboutzim. Il n’est d’ailleurs pas anodin de constater que, depuis les années 1970, les modes d’existence y ont sensiblement évolué : apparition d’un budget personnel pour consommer, revalorisation de la vie privée et familiale et même, dans certains cas, établissement de salaires différenciés.
Pourquoi dit-on parfois que la société israélienne se fracture ?
C’est une société éminemment plurielle et non réductible à quelques caractéristiques communes. Pour sonder ces fameuses « fractures », il faut cependant schématiser un peu. On trouve en Israël une centaine de nationalités, des dizaines de cultures et autant de langues. Entre Falachas (Juifs d’Éthiopie, très minoritaires), Séfarades (Juifs orientaux) et Ashkénazes (Juifs d’Europe centrale et occidentale, majoritaires), on se regarde parfois en chiens de faïence. Statistiquement, Falachas, Séfarades et Arabes demeurent défavorisés économiquement, tandis que les Ashkénazes s’en sortent bien mieux. Ces derniers marginalisent encore aujourd’hui les autres Juifs et tendent à accaparer toutes les formes de pouvoir – politique, économique, culturel. Les Séfarades votent majoritairement pour le Likoud, tandis que les Ashkénazes sont historiquement attachés aux travaillistes. Les Arabes d’Israël ont également tendance à confier leurs suffrages à la gauche. C’est la langue hébraïque, réhabilitée par le patron de presse Eliezer Ben-Yehuda, et le service militaire, dont les Arabes d’Israël sont exemptés, qui sont censés unifier le peuple juif. Mais les points de divergence paraissent parfois extrêmement profonds, et difficilement conciliables. Comparer Jérusalem la religieuse et Tel-Aviv la laïque reste à cet égard proprement édifiant : alors que les deux villes ne sont distantes que de soixante kilomètres, la première observe scrupuleusement les rites confessionnels et s’articule autour du mur des Lamentations et du mont des Oliviers, alors que la seconde, largement sécularisée, vit de manière parfaitement décomplexée et transgresse volontiers le shabbat (le jour de repos hebdomadaire). Il est à noter que la radicalisation religieuse juive, notamment encouragée par certaines écoles privées, peut engendrer des tensions sociétales basées sur l’intolérance ou des comportements illégaux.
Que sait-on des camps de réfugiés palestiniens ?
Il existe autant de réalités que de camps. On y est souvent passé des tentes aux petits baraquements en dur, avant d’opérer quelques aménagements pour rendre plus aisé le quotidien des populations. S’il fallait dresser un portrait général, ce serait celui d’entités exiguës, surpeuplées, précarisées, en manque d’infrastructures (eau, électricité) et en état de désespérance. Les Palestiniens y reforment les villages d’autrefois et tentent d’y préserver leur identité, en attendant des jours meilleurs.
Qu’en est-il aujourd’hui des Territoires occupés ?
L’ordre militaire continue d’y régner. Israël met en oeuvre une double stratégie à l’endroit de ces Territoires : une logique de colonisation doublée d’un contrôle rigoureux de l’eau, qui ensemble conduisent à une mainmise ordonnée. Le blocage des importations et des exportations empêche les Palestiniens de commercer avec les pays arabes et les place dans une situation d’extrême dépendance. Israël a aussi le pouvoir de bloquer le versement des taxes dues à l’Autorité, puisque qu’il prélève toutes sortes d’impôts pour elle, qui représentent ensemble plus des deux tiers de ses recettes propres, et qui contribuent au paiement de plus de 150 000 fonctionnaires. Au sein des Territoires, les Palestiniens vivent assez largement de l’aide extérieure, notamment celle de la diaspora, pour investir dans les infrastructures ou lutter contre une paupérisation qui tend à se généraliser depuis la seconde Intifada. Le chômage s’y est développé depuis 2000, et renforcé lors de la construction du mur de séparation et à l’occasion du bouclage militaire des villes, qui ont contribué à réduire le nombre de Palestiniens engagés en Israël, dans le bâtiment, l’agriculture ou l’industrie manufacturière. Les programmes d’aide alimentaire de l’UNRWA sont tout aussi précieux que l’argent de la diaspora, surtout à Gaza, où des dizaines de milliers de familles se trouvent plongées dans l’indigence. Sur l’exiguë bande gazaouie comme en Cisjordanie, les populations arabes consomment des produits israéliens, qu’ils paient naturellement au même prix que les populations juives, sauf qu’ils perçoivent des revenus jusqu’à trente fois inférieurs. Notons aussi qu’il fût une époque où les bars de Ramallah grouillaient d’Israéliens, tout comme les marchés des villes frontalières palestiniennes. Mais depuis le début des années 1990, et plus encore depuis la seconde Intifada, la défiance mutuelle et les crises en cascades ont eu raison de ces échanges réguliers. Aujourd’hui, les Territoires occupés semblent plus que jamais morcelés, en raison des colonies en voie d’expansion et placées sous administration israélienne selon un principe d’extraterritorialité. L’Autorité s’avère par ailleurs démunie en matière de sécurité et de Défense, puisque c’est à Israël qu’incombe la charge de contrôler les frontières.
Que gère alors l’Autorité palestinienne ?
Depuis 1994, elle administre une quarantaine de domaines d’activités : agriculture, éducation, santé, industrie, affaires sociales, environnement, banques, police, justice, organisation des scrutins…
Les soupçons de corruption qui pèsent sur elle sont-ils légitimes ?
Dans une certaine mesure. La corruption, les détournements d’argent public ou les dessous-de-table ont eu cours en haut lieu au sein de l’Autorité palestinienne. Salam Fayyad, un ancien représentant du FMI en Palestine, fût d’ailleurs parachuté aux Finances en 2007 pour y mettre de l’ordre. Mais ce n’est pas un problème massif, puisqu’il ne semble pas toucher les petits fonctionnaires. Surtout, sans chercher à excuser qui que ce soit, il nous faut néanmoins apporter quelques précisions contextuelles. L’argent a souvent permis de gommer les aspérités à la tête de la Résistance, de ménager les susceptibilités, de maintenir une certaine cohésion. Les liens claniques ont également beaucoup compté du temps d’Arafat, notamment pour les nominations relatives aux postes de maire, de conseillers municipaux, ou même de députés.
Qu’en est-il du processus de colonisation ?
En 2005, devant les caméras du monde entier, Ariel Sharon chasse quelque 7500 colons de Gaza. Cette décision ne fût finalement qu’un cache-misère de nature à tromper notre vigilance. Sur le plateau du Golan comme en Cisjordanie et à Jérusalem, les colonies se multiplient et s’agrandissent sans discontinuer. Certaines d’entre elles comptent désormais entre 30 000 et 70 000 habitants, et les projets de construction ne cessent d’affluer. On estime qu’il y aurait aujourd’hui plus de 500 000 colons répartis dans quelque 150 implantations (sur une population totale de plus de huit millions d’habitants). Sises sur un espace de plus en plus vaste, les colonies s’entourent de barbelés et emploient des infrastructures – routes de contournement, réseaux électriques ou téléphoniques, alimentation en eau – inaccessibles aux populations arabes. Dans la ville sainte d’Hébron, à trente kilomètres de Jérusalem, les colons ultraorthodoxes et les islamistes radicaux du Hamas se font face, ce qui occasionne des tensions religieuses et politiques, parfois des exodes, ainsi qu’une scission de fait du territoire. Les processus de colonisation et d’extraterritorialité, enclenchés en violation avec le droit international, ont suivi la guerre des Six Jours de 1967. Ces terres accaparées par les Juifs servent parfois d’avant-postes militaires et constituent une garantie d’approvisionnement en eau, puisque le Golan comme la Cisjordanie constituent des régions hydrauliques primordiales, le premier abritant les principaux affluents du Jourdain et du lac de Tibériade, la seconde étant significativement pourvue en ressources aquifères. L’eau des Territoires occupés a depuis longtemps été placée sous contrôle militaire israélien, les résidents arabes se voyant flanqués d’une interdiction de creuser de nouveaux puits, alors même que les colons forent librement. Si l’on en croit la Banque mondiale, près de 90% de l’eau de la Cisjordanie est employée au bénéfice d’Israël, les Palestiniens ne disposant que des maigres volumes résiduels. Cela sans compter que l’eau, comme l’électricité, se veut souvent plus chère et moins abondante pour les populations arabes que pour les colons juifs. Un comble. Sur le plan politique, le Likoud aspire au « Grand Israël » et rêve de reconstituer le royaume hébreu de l’Antiquité. Cela relèverait, selon eux et leurs alliés, de l’expression d’une volonté divine. Ce « camp national », composé du Likoud, des nationalistes et des ultraorthodoxes, tend à favoriser l’implantation de colonies et se montre généralement hostile aux accords de paix conclus par Yitzhak Rabin et Shimon Peres. C’est d’ailleurs ces formations politiques que Leah Rabin accusa d’avoir contribué à diaboliser son mari, assassiné en 1995 par un fanatique religieux opposé au protocole d’Oslo.
L’arme démographique relève-t-elle davantage de la fiction que de la réalité ?
L’argument démographique est employé tant par les Juifs que par les Arabes. Israël favorise une immigration massive et peut compter sur la grande fécondité des ultraorthodoxes. Les Palestiniens mirent en avant, du temps d’Arafat, un discours appelant les femmes à avoir douze enfants, dont dix pour « la cause ». Lors de la première Intifada, on battît d’ailleurs des records de natalité au sein des populations arabes. Ces dix dernières années, les taux de fertilité des uns et des autres ont tendance à converger, même s’il ne faut en aucun cas sous-estimer les effets cumulatifs d’une divergence mineure, ici en l’occurence en faveur des Palestiniens.
Quelle importance revêtent l’armée et le complexe militaro-industriel en Israël ?
Tsahal, mais aussi les groupes paramilitaires, ont produit un certain nombre d’hommes d’État : Menahem Begin, Yitzhak Shamir, Yitzhak Rabin, Ariel Sharon ou encore Ehud Barak. Souvent très engagés et pensionnés relativement jeunes, les officiers et cadres de l’armée se reconvertissent volontiers dans la politique, pour continuer la lutte sous une forme nouvelle. Le complexe militaro-industriel compte parmi les grands exportateurs nationaux, ses produits s’écoulant d’ailleurs en volumes de plus en plus importants. Puisqu’il tire profit des conflits, il demeure sur une position offensive, qui trouve généralement un écho favorable parmi les politiciens issus de Tsahal, surtout lorsqu’ils se situent à droite de l’échiquier (les fameux « faucons »). Il est d’ailleurs intéressant de noter que l’industrie militaire israélienne développe des techniques de sécurité et de surveillance au cours de missions ou expéditions menées par les corps de la Défense. Il y a là de savantes imbrications. Le service militaire se veut particulièrement long en Israël, au moins trois ans pour les hommes et vingt-deux mois pour les femmes. Le civil est un réserviste susceptible de combattre avec l’armée de métier. Il n’existe pas d’académie militaire et, sujet fâcheux, les ultraorthodoxes demeurent exemptés de conscription. Une grande part du PIB est dévolue à la Défense – entre 5,2% et 7,6% ces dix dernières années, selon une courbe déclinante. Durant la guerre du Kippour, les dépenses de sécurité israéliennes ont même avoisiné le tiers du PIB.
Quelles sont les particularités du régime israélien ?
Il existe onze lois fondamentales, mais aucune constitution n’a été adoptée à ce jour. La Cour suprême, plus haute instance du système judiciaire israélien, exerce un contrôle sur les décisions du gouvernement et la constitutionnalité des lois, ce qui lui confère un rôle central parmi les institutions du pays. La Knesset, le Parlement national, est élue à la proportionnelle et choisit ensuite le Premier ministre, ce qui peut occasionner des coalitions contre-nature ou accordant un pouvoir décisif à des partis marginaux et/ou extrémistes. La presse demeure soumise à la censure militaire, les prisons regorgent de prisonniers politiques, tandis que la torture est tolérée sous couvert de lutte contre le terrorisme, avec tous les débordements que cela peut engendrer. Si Israël n’a rien d’une dictature, son obsession sécuritaire n’en fait pas non plus une démocratie apaisée. Enfin, soulignons que le droit y est d’inspiration religieuse, ce qui constitue une évidence d’un point de vue historique.
Peut-on raisonnablement imaginer une issue au conflit, à court ou moyen terme ?
Les probabilités sont quasi nulles. Entre la mouvance islamiste, la question iranienne, le poids croissant des ultraorthodoxes – entre 8 et 10% de la population juive actuelle –, le mur de séparation, les colonies qui ceinturent les territoires palestiniens, les entraves à la libre circulation, le statut de Jérusalem, l’expansion urbaine juive y ayant cours, les barrages y étant établis, c’est tout un faisceau de facteurs entremêlés qui contribue à complexifier la situation et rendre les positions inconciliables. Ensuite restera encore la question du droit au retour des réfugiés palestiniens. Combien ? Selon quels critères ? Sur quelles terres ? Avec quelles garanties d’emploi et de logement ? Devra-t-on donner la priorité aux réfugiés du Liban, qui vivent en situation de précarité extrême, ou traiter tous les cas sans données discriminantes ? Encore faudra-t-il trouver des bonnes volontés pour répondre avec humanité et mesure à toutes ces interrogations…