Vous n’avez peut-être pas échappé à la campagne marketing d’une grande chaîne de supermarché ventant les mérites des fruits et légumes moches. Il s’agit avant tout d’une opération commerciale. Certains y verront une tentative supplémentaire pour racler les fonds des portefeuilles de plus en plus vides des Français là où d’autres y verront un retour à des comportements raisonnés pour lutter contre le gaspillage alimentaire.
La vérité est comme souvent entre les deux et à titre personnel et quelques soit les motivations de cette opération, la démarche, initiée par un collectif Les Gueules cassées, est salutaire et sa médiatisation bienvenue.
Je ne peux m’empêcher d’y voir un lien avec les logiciels libres qui sont d’une certaine façon la version « bio » ou raisonnée des logiciels. Il y a bien sûr logiciel libre et logiciel « libre » tout comme il y a bio et « bio ». Dans les deux cas, il s’agit avant tout de respecter un cahier des charges pour obtenir un « label ». Mais il ne faut pas oublier les conditions dans lesquels ils sont produits et commercialisés. Un légume bio produit par des ouvriers « esclaves » à l’autre bout de planète et transporté jusqu’à chez nous est-il encore bio ?
Toujours est-il que le parallèle entre ces fruits et légumes moches, mais tout à fait propres à la consommation et les logiciels libres est intéressant. Il est souvent reproché à ces derniers d’être dotés d’une mauvaise ergonomie ou encore d’être limités fonctionnellement. Cependant, ils permettent bien souvent de « faire le job ».
Le parallèle a évidemment ses limites. Les fruits et légumes moches sont difficilement évitables. Il y a toujours une part d’anomalie dans la production agricole. Peut-on en dire autant des logiciels libres ? Leur conception relève d’une œuvre de l’esprit et peut donc aspirer à une certaine perfection.
Mais j’aime bien quand même ce parallèle. Une façon de « désamorcer » une des oppositions traditionnelles aux logiciels libres