Une élection peut toujours être une surprise, pour autant l’UMP a toutes les chances de tirer satisfaction de ces élections, comme elle l’avait déjà fait pour les municipales. Malgré l’annonce d’une faible mobilisation, il est clair que le PS va perdre la présidence de nombreux départements et le FN, pour sa part, alignera une réelle progression en termes de conseillers départementaux élus. Mais il reste encore quelques incertitudes majeures et déterminantes pour notre vie politique.
A ce jour l’UMP, avec l’UDI, gère seulement 41 départements (sur un total de 101), reflet de la victoire de la gauche aux dernières élections. Son état major de campagne prévoit la conquête de 20 à 30 départements. Le bas de la fourchette sera considéré comme une victoire un peu décevante, le haut de la fourchette permettra à la droite (UMP et UDI) de revendiquer, une large victoire et se positionner en pool position pour les présidentielles.
Pour mener à bien cette conquête l’UMP s’est donnée toutes les chances en allant à la bataille unie (80 % des cantons) avec son partenaire centriste, l’UDI, qui bénéficie d’une surface électorale non négligeable pour ce type d’élection. Ce qui est loin d’être le cas pour la gauche. Résultat, en raison de son irresponsabilité, la gauche sera absente au second tour dans la moitié des 2 054 cantons en lice. Et ce ne sera pas moins de 1000 duels qui se joueront entre la droite et le FN, contre seulement 400 entre le PS et le FN. C’est par cette équation que se jouera la victoire de l’UMP dans cette configuration.
Dans la majorité des duels UMP/FN, la gauche votera pour la droite au nom du front républicain, la réciproque n’existe pas, avec l’appui de Nicolas Sarkozy et de l ’UMP et leur consigne du ni FN , ni PS.
Les sondages donnent le FN tout juste en tête avec 30%, talonné par l’UMP, donc rien n’est joué pour la place de premier parti de France. Si le premier tour sera interprété comme une vague FN, le second tour se traduira par une vague effective de la droite, car le FN aura du mal à concrétiser sa victoire au second tour en décrochant des présidences de départements. Toutefois il faudra observer plus particulièrement le Vaucluse, le Var, l’Oise, le Nord et l’Aisne, qui sont les cinq départements susceptibles de pouvoir basculer dans le camp du FN. Sur ces cinq départements l’UMP va jouer sa crédibilité à combattre l’extrême droite. Nicolas Sarkozy, très présent dans cette campagne sait qu’il y joue aussi son avenir politique personnel.
Bref, s’il reste des incertitudes, la gauche ne pourra qu’enregistrer une défaite majeure. Les partis de gauche auront mis toute leur énergie à organiser cette défaite. Ils vont majoritairement séparés à la bataille, même l’ancien Front de gauche (PC et Parti de gauche) devient plus incertain. Les verts, suicidaires, s’allient ici et là en fonction des humeurs locales avec le Front de gauche quant il existe encore et plus rarement avec le PS.
Cette stratégie électorale, il n’est nul besoin d’avoir fait Sciences Po pour le comprendre, conduit inexorablement à l’absence de candidats de gauche dans une large majorité de cantons.
S’il fallait une preuve que les partis politiques œuvrent malheureusement pour leur stratégie personnelle et non pas pour le bien commun, nous en avons là , la preuve irréfutable.
Les seules inconnues sont encore celle d’un FN, en tête au premier tour et conquérant quelques présidences de départements et une droite pour laquelle la stratégie de l’union lui permettrait de ratisser large au second tour et en barrant ainsi la route au FN. Enfin dernière inconnue, pour le troisième tour, à savoir l’élection des présidents des conseils départementaux, quelle sera l’attitude des élus UMP, certains seront-ils tentés de s’allier au FN pour éviter une majorité relative et obtenir une majorité absolue ?
Selon le cas de figure Nicolas Sarkozy sera ou ne sera pas ne mesure de se présenter à la primaire à droite pour les présidentielles de 2017.