D’après une histoire vraie de Delphine de Vigan ; un roman prenant

Après la parution de son précédent livre, Rien ne s’oppose à la nuit, Delphine de Vigan s’est retrouvée laminée par le succès et par les réactions de ses proches. Alors qu’elle peine à se lancer dans l’écriture d’un nouveau livre et que ses enfants quittent le foyer familial pour aller étudier en province, Delphine fait la connaissance de L., une femme de son âge qui travaille dans le milieu de l’édition. Très vite, L. prend une place très importante dans la vie de Delphine, elle la conseille sur ses choix en ce qui concerne son futur livre et cherche à la persuader de renoncer à la fiction. Pour L., seule l’autobiographie intéresse les lecteurs, il n’y a pas d’autre voie. Delphine se trouve bientôt plongée dans une sorte de dépression, incapable d’aligner trois mots, elle ne peut plus tenir un stylo, écrire même sa liste de courses sur un Post-it devient insurmontable. L. vient à son secours, prend les choses en main, se substituant même à Delphine pour répondre à son courrier et s’occuper des tâches indispensables, afin que Delphine puisse retrouver le goût de l’écriture et celui de la vie en général.

Le titre du roman est bien choisi, puisque, sans ambiguïté, c’est bien Delphine de Vigan qui est l’héroïne de ce nouveau livre, et en tant que personnages secondaires, on retrouve son compagnon, François, journaliste littéraire réputé de la télévision et de la presse, et ses deux enfants qui viennent de passer le baccalauréat. C’est bien de son précédent livre qu’il est abondamment question, et des conséquences sur le devenir de son auteur. Quoique là, nous n’en savons que ce qu’elle veut bien nous dire. Et puis, il y a ce personnage de L., qui reste très mystérieuse, que Delphine elle-même a du mal à identifier, même si L. lui assure avoir fréquenté la même classe de prépa qu’elle. L’emprise de L. sur Delphine se met en place doucement, au fur et à mesure que la romancière perd pied et s’isole et elle agit aussi sur le lecteur qui peine à sentir quand la narration bascule dans la fiction. Ce n’est qu’après le dénouement que l’on s’interroge et que l’on remet en question les péripéties de ce roman pour chercher à identifier le vrai du faux. C’est un des thèmes principaux de ce livre : où s’arrête l’autobiographie et où commence la fiction ? Quelle est la part de chaque dans tout écrit ? Comment l’auteur utilise-t-il son vécu pour construire son œuvre ? Et le fait-il en conscience ou bien est-ce plus subtil ?

Un autre thème de ce livre, c’est la manipulation d’un individu par un autre. La démonstration est bien menée, un peu facile, peut-être. Mais elle met en évidence qu’il faut un terrain déjà fragilisé pour s’installer et qu’il est ensuite bien difficile de s’en sortir sans aide extérieure.

En résumé, un roman prenant, où la tension monte petit à petit, au fur et à mesure que les doutes de Delphine se précisent. Quelques longueurs, parfois, mais il faut être patient, le dénouement en vaut la peine !

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