Donner de l’argent en échange de promesses, n’est-ce pas l’une des limites du crowfunding? Et si le crowfunding était un attrape couillon?J’ai découvert récemment le projet Anonabox. Comme beaucoup j’ai trouvé à la lecture de la présentation du projet le concept intéressant. Un boîtier prêt à l’emploi sur lequel il suffit de brancher ses équipements informatiques pour voir le trafic emprunter le réseau Tor. Pour rappel ce dernier permet d’anonymiser vos communications sur internet.
Avec l’affaire Snowden, les fuites de photos de star et autre liste de numéros de carte bancaire volées, le grand public commence à être bien chauffé sur les questions de confidentialité des échanges qu’il entretient sur internet. Ce qui cependant ne l’empêche pas de continuer à se servir massivement des services en ligne mangeur de données. Comme souvent, il attend l’alternative qui lui donnera vraiment envie de changer. Il n’est pas à une contradiction prêt.
Or ce petit boîtier semble en tout cas susciter de l’intérêt vu l’engouement et le montant des promesses de dons faits sur la page de KickStarter. Ce n’est pas moins de 600 000 dollars qui sont collectés à l’heure où j’écris cet article. La page du projet met en avant les composants utilisés : des logiciels libres et indique en bas de page qu’il s’agira de matériel dont les spécifications seront ouvertes.
Évidemment devant un tel succès, on ne peut que se réjouir. Mais comme souvent la mariée était trop belle…
Une polémique partie de Redit que j’ai découverte par Genma semble mettre en doute l’existence d’un réel projet. Il s’agirait d’un produit déjà existant vendu environ 20 $ soit deux fois moins cher que le prix annoncé pour l’Anonabox… Bien évidement le créateur du projet nie les faits et maintien qu’il s’agira bien d’une solution totalement ouverte.
Nous voilà bien…
Cela pose évidemment la question de la confiance que l’on peut porter aux projets proposés sur les sites de crowfunding. L’avenir nous le dira pour le cas présent, mais il est difficile d’avoir la certitude de la sincérité et de l’existence réelle d’un projet. Donner de l’argent en échange de promesses, voilà bien les limites du crowfunding actuel. Dans quelle mesure un KickStarter ou d’autres plateformes vérifient-ils le sérieux des projets proposés ? À ne pas le faire, elles pourraient bien se tirer une balle dans le pied.
J’avoue que j’attends de voir ce que vont donner les mesures prévues en France pour encadrer le crowfunding et si elles permettront de donner à ce moyen de financement ses lettres de noblesse. Je passerais sur certaines considérations qui me laisseraient penser que le crowfundig n’est qu’un pis-aller face à un système économique ou les acteurs traditionnels du financement ne font plus leur travail. Mais cela fait peut-être partie des transformations de notre époque.
En attendant, il ne nous reste plus qu’à nous appuyer sur notre proximité avec les porteurs de projets qui nous sollicitent. Personnellement, je n’ai donné de l’argent à des projets que lorsque je connaissais plus ou moins directement le porteur. Seule cette proximité peut engendrer un niveau de confiance suffisant.
Autrement dit, je me demande si, à défaut d’un encadrement quasi contractuel qui me semblerait sein dans ce contexte précis (à ne pas mélanger avec les dons aux associations !), le crowfundig ne peut que finir un jour par péricliter. Quand quelques « arnaques » retentissantes auront été levées, la confiance sera cassée tout comme elle commence à se fissurer dans les grands services en ligne.
C’est d’ailleurs bien le seul enseignement que l’on peut tirer pour l’instant de la campagne de crowfundig de l’Anonabox et de l’engouement provoqué auprès des foules. Rêvons d’une Framabox open hardware remplis de logiciel libre assemblé dans un YunoHost avec une bonne campagne de communication et on pourrait presque y croire. Mais pour l’instant rien de la sorte dans le plan triennal du Framacloud…
En tout cas, si vous ne voulez pas attendre la fin de cette histoire et courir le risque de vous faire arnaquer, vous pouvez déjà au prix d’un peu d’huile de coude ou de celle d’un bon ami faire votre propre Anonabox avec un Raspberry Pi et Onion Pi. Bon bricolage…