Dans mon message du 22 juillet sur la crise agricole, je vous avais fait part briévement des tenants et aboutissants de la crise agricole et des perspectives, qui n’étaient pas très optimistes, que je voyais à cette situation.
Depuis notre Ministre a fait ce qu’il pouvait et que j’annoncais dans mon message précédent,calmer les insatisfactions à coup de subventions qui n’en sont d’ailleurs pas nécessairement car sur les 600 millions annoncés, 500 ne sont que des reports de dettes pour après la crise, quand les agriculteurs seront rentrés chez eux. Du moins, c’est ce qu’espérait le Ministre car ça n’a pas l’air de marcher vraiment. Entre temps il est passé aux éleveurs laitiers, plus calmes et a présidé une concertation de plus dont il est sorti des promesses de hausse des prix d’achat dans ce domaine
C’est curieux comme les agriculteurs, le ministre et les politiques en général, s’accrochent à cette notion, quasiment stalinienne, de la maîtrise des prix par l’Etat avec les intervenants alors que n’importe quel commercial dans quelque marché que ce soit sait que les prix sont, par nature, inmaîtrisables, que les ententes pour les maîtriser sont illégales même si elles existent et que quand bien même on arriverait à une embryon d’entente sous l’égide de l’Etat (!!), ça ne durerait pas plus de quelques semaines dans un monde compétitif et globalisé. Pour donner un exemple, le prix du lait, mondialement, est entre les mains d’une société néo-zelandaise, Fonterra, le plus gros producteur au monde et que c’est le marché de l’Asie du Sud Est qui en est le « driver » majeur. Alors l’avis de Monsieur Le Foll n’a que peu de poids sur les prix d’un tel produit
Monsieur Le Foll et le Président devraient aussi se souvenir que, contrairement à l’impression qu’ils veulent en donner en menaçant de çi de là tel ou tel intervenant, ce ne sont pas eux qui sont maître d’oeuvre dans ces négociations mais des milliers de négociations individuelles entre tel ou tel agriculteur et tel ou tel abatteur ou industriel, suivi d’autres négociations individuelles entre industriels et acheteurs des centrales d’achat de la grande distribution qui sont payés aux résultats de leurs négociations de prix.
Par ailleurs,une partie des ventes des éleveurs d’Agriculture France va sur le marché de l’exportation sur lequel le malaise des agriculteurs français n’a que peu de poids dans la négociation. Savez vous qu’il existe des tas de facteurs annexes qui interfèrent avec la fixation des prix comme l’embargo russe sur le porc européen(que nos politiques ont provoqué sans aucun état d’âme « agricole »), ou la sortie des industriels du marché grec pour cause de risque d’impayé trop important, on encore la vague de remplacement des vaches laitières qui inondent le marché de la viande en ce moment (Nous faisons de la viande de qualité disiez vous?) et tirent les prix à la baisse, ou encore les nouvelles normes,- et surcoûts-, sur le bien être animal ?
Quelle solution alors me direz vous? Une seule, être compétitif et sur tous les segments de la filière,aliments,élevage, abattage, énergie et quand on ne l’est pas, le devenir vite fait. C’est ce que l’Allemagne a fait pour son agriculture récemment, après l’avoir fait pour son industrie, comme nous l’ont montré rapidement et brillamment nos médias.Quand vous comparez l’agriculture allemande, avec ses fermes à mille vaches, ses abattoirs ultra modernes utilisant du personnel intérimaire étranger à bas coût, son énergie pas chère via la méthanisation subventionnée, à la nôtre et ses petits troupeaux, ses abattoirs parfois vêtustes, son absence d’énergie à bon marché, on a en effet peur de ne pas être monté suffisamment tôt dans le train du progrès.
Incidemment dans toutes les interventions diverses que vous avez pu entendre sur ce sujet à la télévision avez vous entendu une seule fois prononcer le mot de compétitivité de la filière? Et avez vous entendu parler de subvention pour la transition énergétique de l’agriculture par la méthanisition ou le photovoltaique? Et d’un grand plan agricole pour l’Union Européenne, en avez vous entendu parlé? Ses collègues ont fait l’aumône à Monsieur Le Foll de lui accorder une réunion sur ce sujet… en septembre, ce qui montre le peu de poids que nous avons sur le sujet.
Ah c’est moins glorieux que d’aller pérorer sur la crise grecque mais ce serait peut être plus utile pour nos agriculteurs! S’occuper de la France et des français au lieu de l’Europe, çe serait peut être mieux?
Gouverner c’est prévoir, disais je en titre de mon précédent message. Le moins que l’on puisse dire c’est que nous ne sommes pas très fort dans ce domaine.
Pensez vous, Monsieur Le Foll, que dans les discussions auxquelles vous venez de participer, vous avez pris une seule mesure pour préparer l’Agriculture France de demain?