Code du travail ? Non… Permis de tuer ? Oui…

Code du travail ? Non… Permis de tuer ? Oui…

Le patronat tente de profiter de l’ampleur du chômage pour détricoter ce qu’il trouve de gênant dans le code du travail : fin des 35 heures, travail dominical, fin des seuils sociaux, un contrat de travail unique qu’il puisse rompre à tout moment etc… Tout cela donne l’illusion que le code du travail le gène, et pourtant ….

Je parle « d’illusion » avec précaution, car in fine si le salarié en conflit avec son employeur survit suffisamment longtemps, il aura gain de cause après un chemin de croix procédurier qui peut durer de 3 à 4 années. Tout le monde n’a pas l’argent pour se battre à armes égales avec son employeur, tout le monde n’a pas la force psychologique pour résister, et enfin tout le monde n’a pas nécessairement un entourage à la hauteur pour le conseiller et le soutenir.

Depuis quelques années, on voit se multiplier les situations de harcèlement au travail, de burn out, et des risques psycho sociaux dans les entreprises. Face à cette situation l’Edition Dalloz 2013 du code du travail pèse 1,4 kilo, 3 400 pages et plus de 4 000 articles qui traitent des relations entre employeurs, salariés, représentant des salariées et les dispositions sur les conditions de travail.

On parle souvent du suicide d’un agriculteur par jour et c’est terrible. On parle moins des 400 suicides par an liés au travail, comptabilisés par le Conseil Economique et Social. De temps en temps les médias exposent à l’opinion publique les pratiques odieuses et meurtrières au final des pires entreprises que sont France Télécom, Renault, Peugeot, EDF, l’éducation nationale et les autres ….

Le phénomène s’est amplifié au cours des 20 dernières années et touche désormais toute sorte d’entreprises. C’est une « désolation au travail » qu’ont installé certains patrons et managers, en toute impunité, bénéficiant de l’absence de réaction, de l’extrême faiblesse des réponses organisationnelles et sociales. Ce statut quo banalise le suicide au travail, et c’est bien d’un permis de tuer dont disposent les employeurs, du moins pour ceux qui sautent le pas qui veulent s’en servir.

Aujourd’hui une forme d’aliénation a pris corps dans les entreprises, une aliénation destructives, dévastatrices et qui peut aller jusqu’à la mort. Le pire étant que les employeurs concernés n’hésitent jamais à mettre en avant les « défaillances psychiques » de leurs salariés pour éviter de parler et d’interroger les conditions de travail.

Les juges ont du mal à travailler sur ces affaires, la notion de harcèlement au travail est délicate à faire admettre dans l’enceinte du tribunal. Mais on y vient et les suicides ou tentatives de suicide sur son lieu de travail s’imputent de plus en plus à la responsabilité de l’employeur. Quant à ceux qui mettent fin à leurs jours hors de l’enceinte de l’entreprise, avocats et familles réussissent peu à peu à démontrer la responsabilité de l’employeur.

Alors tout cela est bien beau … quelle magnifique code du travail, quel formidable boulot font les avocats et les familles … mais les morts ? Oui les morts, qui payera le prix de leurs souffrance puis de leur disparition. Qui ?

Quand est-ce que cette société va se décider à retirer le permis de tuer à la disposition des patrons? C’est une société impuissante à réguler le monde du travail qui poursuit son entreprise destructrice : 400 morts par an. Cette même société a réussi partiellement à réduire le nombre de tués sur la route … mais elle va tout de même son bonhomme de chemin dans une indifférence totale envers les souffrances au travail.

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