Dans le ferroviaire, revenons brièvement sur le cas de la France et de la SNCF…
Si vous suivez ce blog vous savez déjà que l’organisation « à la Française » de cette société nationale coupée en deux morceaux, RFF, propriétaire des voies et SNCF, exploitant du réseau, par la volonté de notre représentation nationale et du gouvernement de 1997, était particulièrement curieuse car permettant ainsi à la SNCF de dégager péniblement un maigre bénéfice et aux contribuables de payer les déficits et de conserver la dette que nos députés leur avaient gentiment laissée à leur charge.
La clé de ce comportement curieux étant la peur irrépressible dont souffre notre représentation nationale de déplaire aux syndicats et de risquer la grève générale qui est le talon d’Achille du service public.Moyennant quoi, les déficits « globaux’ ont continué à s »accumuler, droite ou gauche indifféremment au pouvoir, jusqu’à ce que Monsieur Pepy, le directeur général de la SNCF, arrive à convaincre sa ministre,Nathalie Kosciusko-Morizet, intelligente pourtant si on en juge sur ses titres, que la solution était dans la réunification de RFF et SNCF, sous la direction du dit Monsieur Pépy, qui créerait des tas de synergies et réduirait les déficits. Il oubliait simplement que cela réunifierait également…les dettes qui, entretemps, n’avaient pas manqué de croître et d’embellir et qu’elles redeviendrait très voyante.
Heureusement, tout ceci ne deviendra réalité qu’au 1er janvier 2015 ce qui fait qu’avant que l’on nous reparle de la dette de la nouvelle SNCF, de l’eau aura coulé sous les ponts, que nous nous approcherons de la prochaine élection présidentielle, et que, de toute façons, trente milliards de plus de dettes quand on en est déjà au delà des 2000, c’est tout à fait négligeable par rapport à une grève générale en période d’élection. Car c’est ainsi que nos politiques réfléchissent.
Et la dessus, ne voilà t il pas que la Cour des Comptes s’en mêle et découvre que c’est la gabégie à la SNCF, et que les TGV, ex vache à lait de la SNCF, ne sont plus rentables, parce qu’ils sont vieux et en mauvais état, qu’ils sont désormais en concurrence avec le covoiturage et ….qu’ils s’arrètent trop souvent! Il est vrai que nos politiciens se sont débrouillés pour influencer les tracés et les arrêts des lignes nouvelles au profit de leurs circonscriptions personnelles sans tenir compte de ces contingences matérielles. Pensez donc, un arrêt de TGV dans la ville dont vous êtes maire, c’est de l’activité économique en plus payée par la collectivité et…Vingt ans de réélection assurée.
Par ailleurs, comme j’avais eu l’occasion de vous le dire dans un message du 24 aout 2014 sur les différences entre investissements et dépenses, nos politiques et les hauts dirigeants de nos sociétés nationales ont tendance à confondre les deux, et à favoriser la dépense qui coûte à la collectivité sans lui rapporter, du moins suffisamment pour rembourser les intérêts de l’emprunt qui la finance, au détriment du vrai investissement. Ce fut exactement le cas des TGV et des plus récents en particulier pour lequels on a soumis à l’approbation des Conseils d’Administration et des Assemblées Générales des sociétés nationales qui les portaient, RFF et la SNCF, des projets avec des rentabilités largement surévaluées. C’est ce qu’à pointé du doigt la Cour des Comptes qui a vu des projets « vendus » à 12 pct de rendement et qui n’en ont rapportés que 3 à 5 pct seulement.
J’en rajouterai personnellement une couche que j’avais déjà signalé. La SNCF, dans un accès de modernité sans doute, s’est mis à faire du « Yield management », c’est à dire à fixer les prix des trajets en fonction de la fréquentation pour remplir les trains à toute heure plutôt que d’éviter de faire rouler des trains à perte. Premier inconvénient, celui de rendre les tarifs incompréhensibles au français moyen, mais surtout, dans un système sans concurrence comme le système français, de faire rouler ou continuer à faire rouler des trains déficitaires sans se donner la peine de chercher des solutions alternatives.J’avais donné l’exemple d’un prix de trajet en période creuse qui de toute évidence ne pouvait rembourser les consommables, le personnel, l’amortissement des matériels et des voies,leur maintenance, l’investissement dans les nouveaux matériels et ….les retraites des personnels partis dans les conditions d’age et de retraite que l’on sait!!
Enfin dernier avatar de la saga SNCF/RFF. Selon une autre étude, en même temps que les effectifs diminuaient à la SNCF entre 2003 et 2013, la masse salariale, elle, continuait à augmenter! Un comble ressenti comme tel par la presse nationale ou économique.Et encore, tenez vous bien, l’étude en question note une croissance forte des notes de frais (32 pct) et une hausse du taux d’encadrement qui est passé sur la période de 1 cadre pour 6,8 agents à 1 cadre pour 4,2 agents. Une aberration économique, bien sur et qui dans le privé, ce serait traduit par, au minimum, un changement de direction.