C’est comme une petite musique, une cavatine… celle que je préfère : le début du 4ème acte des Noces de Figaro. Le temps est passé si vite… le temps me remue. J’emballe et j’empaquète. Je jette. En jetant, je romps ce lien terrible à l’objet. À force d’accumuler, par peur du manque, on s’aliène. Et ce que nous possédons nous possède. Comment partir lorsque le volume écrase et qu’il prend toute la place ? En jetant.
J’ai mis ma vie à plat, je l’ai repassée. En ce moment, je bénévole au fil de mon passé (du verbe « bénévoler » qui devrait entrer dans le dictionnaire) : salade de compétences que je mets à disposition sans attendre un retour. C’est ça le don : ne pas attendre de retour.
Je bénévole là où je suis partie, un jour de janvier 2012, amère et déçue. Et ça me remue, comme le temps.
On n’est pas que victime, on participe de sa propre torture. Parce que nos sociétés, celles qu’on nomme « occidentales », économiquement nanties, n’élèvent leurs poulets que dans le doute d’eux, mais pas dans celui de ce qu’ils savent ou croient savoir. Et les poulets sont plumés.
Que passent des Madames Tapdur ou des Messieurs Facedefat, et voilà que vous vous trouvez confronté à de redoutables prédateurs, de ceux qui appuient sur la douleur du doute de soi, jamais sur la mise au métier des croyances. Aller bénévoler m’a remembré cette évidence (du verbe « remembrer », qu’on pourrait expliquer par « remettre en membre » et qui, anglicisé, a donné « remember »).
J’ai passé (je passe encore) deux masters, pour apprendre à croire (un peu) en moi, et découvrir le bonheur d’observer mes certitudes, mes représentations, mes préjugés, de les bousculer, de les réformer, de les amender.
Ils ont perdu. Petite musique d’opéra…