Sur le front de l’extraction du gaz, nous sommes toujours dans une situation schyzophrénique avec des pays qui se sont lancés à fond dans le recherche des gaz de schistes et bénéficient d’un incroyable boost économique, d’autres qui refusent plus ou moins totalement ce type d’exploitation mais qui bénéficient indirectement de leurs bienfaits soit via la baisse des prix que l’excès de produits sur le marché a provoqué ou l’arrivée de charbon pas cher qui remplace ici et là le gaz comme énergie primaire au détriment….de l’environnement. Enfin des pays intermédiaires qui vont basculer à un moment ou un autre dans le clan des exploitants de ces gaz de schistess
- Aux Etats Unis, le pays à l’origine de ces gaz et pétroles , l’exploitation à tout va s’en poursuit partout dans les vastes espaces agricoles du pays dans la mesure où l’investissement, la mise en place d’une structure de production, étant fait, autant vendre le gaz à bas prix désormais que d’arrêter de produire.Rappelons que les Etats Unis sont un des très rares pays au monde où le contenu du sous sol n’appartient pas à l’Etat mais au propriétaire de la terre en surface. Gageons que s’il en était de même en France, même José Bové serait devenu producteur de gaz! Vu les prix actuels du gaz et de pétrole, le coup d’arrêt à ce flux de produits sur le marché se produira quand il faudra réinvestir dans une forage nouveau, c’est à dire, vu la rapidité avec lequel ces puits de gaz ou de pétrole de schistes s’épuisent, dans 2 à 5 ans avec une baisse de l’offre prévue déjà en fin d’année. C’est d’ailleurs le pari de l’Arabie Saoudite dans sa politique de maintien de prix bas de tuer d’abord tous ces petits producteurs américains. L’indicateur le plus pertinent de ce retournement de tendance dans les prix du gaz et du pétrole est d’ailleurs le nombre de foreuses en activité aux US que publie Baker Hughes. Il est en ce moment en baisse de 34 pct.
- Autre menace sur la production américaine de gaz et de pétrole de schiste, l’arrivée de contraintes réglementaires plus sevères du point de vue environnemental. L’administration Obama vient en effet d’annoncer des réglementations nouvelles avec une sévérisation de l’étanchéité des puits, des mesures de sécurisation des eaux usées et la publication dans les 30 jours de l’ouverture d’un puit des produits chimiques qui y sont injectés.Ces mesures ne s’appliquent qu’aux terres appartenant à l’Etat Fédéral,soit 11 pct des terrains exploités et 100 000 puits environ mais ont suscité néanmoins des réactions fortes de l’IPAA, Independent Petroleum Association of America qui ont porté plainte contre ces mesures susceptibles de ralentir la renaissance énergétique des Etats Unis.IIs critiquent la publication des produits chimiques qu’ils considèrent comme la divulgation d’un des secrets de fabrication du producteur et surtout le surcoût de ces mesures qu’ils estiment à 97 000 dollars par puit foré. Sommes nous dans le soucis normal du régulateur d’encadrer ce type d’exploitation et ses dangers ou dans la lutte politique entre démocrates et républicains qui se profile déjà pour les prochaines élections présidentielles? A vous d’en juger. Nul doute qu’à cette occasion, les règles d’exploitation de la fracturation hydraulique aux US vont devoir être scientifiquement établies, améliorées et sans doute sévérisées.
- En Allemagne, pays à composante écologiste forte, le gouvernement qui est dans le système allemand un gouvernement « d’union nationale » en quelque sorte, vient d’adopter une loi autorisant la fracturation hydraulique sur le principe, mais curieusement l’interdisant dans la pratique.Sur le plan géographique, dans certaines régions précises tout d’abord, et dans la profondeur des terres puisqu’il n’est pas possible de forer en deçà de 3000 mètres de profondeur pour la raison officielle de la protection des nappes phréatiques alors que ces dernières se situent bien en deçà de ces 3000 m. C’est le coup du verre à moitié vide ou à moitié plein avec le gouvernement qui présente la mesure comme une autorisation, l’industrie dont le directeur général de la Fédération présente les obligations qui l’accompagne comme « totalement exagérées » et les verts qui, eux, réclamaient une interdiction pure et simple. Ce n’est pour l’instant qu’un projet gouvernemental qui doit passer au Bundestag puis au Bundesrat et sera donc fortement modifié….