Les conséquences de la chute brutale des prix du baril de brut se propagent maintenant aux intervenants dans l’exploration/production dont les revenus commencent à être affectés sévèrement par les coupes dans les budgets des pétroliers C’est ainsi que parmi les fournisseurs de services de premier rang aux compagnies pétrolières, le premier d’entre eux, le franco-américain Schlumberger vient d’annoncer 9000 licenciements dans ses effectifs pour faire face à la brutale contraction de la demande de forages de la part de ses donneurs d’ordres.Après une réaction modérée dans un premier temps des dits pétroliers du genre « attendons, ce n’est qu’un épiphénomène », les dites compagnies annoncent aujourd’hui,-publication des résultats annuels oblige-, des coupes infiniment plus drastiques dans leurs programmes d’investissement prévisionnels. Shell est emblématique de cette approche avec une réduction de 15 milliards de dollars sur trois ans par rapport à des budgets annuels de l’ordre de 30 milliards de dollars. Ça se traduira par l‘annulation ou le report de 40 projets dont certains dans l’éponge à pétrole de l’Afrique, le Nigéria. un autre en offshore profond au Brésil et un autre énorme projet au Qatar.Les choses suivent leurs cours normal cependant dans des régions et sur des projets aux perspectives meilleures et aux coûts moindres comme le Golfe du Mexique ou l’Irak.
Comme Shell les autres pétroliers internationaux annoncent des réductions de budget et de projets du même ordre d’importance.
Dans le domaine des fournisseurs de premier rang, outre Schlumberger dont je vous signalais déjà l’annonce de réduction d’effectifs, le numéro 2 de ces services leTexan Halliburton et le numéro 3 , l’américain Baker-Hughes ont décidé de fusionner. Des sociétés qui, comme Schlumberger d’ailleurs, fournissent des plateformes de forages partout dans le monde avec les services sophistiqués qui vont avec.Une fusion qui, sur la base des chiffres 2013, devrait constituer un conglomérat de 52 milliards de dollars de Chiffre d’affaire annuels avec 136 000 employés dans plus de 80 pays du monde.
Malgré cette fusion qui sera effective seulement mi 2015, il est important d’adapter les effectifs à la nouvelle demande des compagnies pétrolières. C’est ainsi que Baker-Hughes vient d’annoncer deslicenciements d’içi fin mars de 7000 personnes dans le monde. Nul doute qu’Halliburton soumis aux mêmes contraintes, annoncera bientôt une adaptation sensible également de ses effectifs. A suivre donc, hélas.
Dans un domaine connexe, celui de l’ingénierie pour développer les outils sur terre et sur mer qui permettent la mise en exploitation des gisements pétroliers, vous avez sans doute remarqué la tentative du français Technip de s’emparer du spécialiste de l’analyse des signaux géophysiques nécessaire à la localisation et à la délimitation des gisements pétrolier le français CGG Veritas. Pas de chance pour lui CGG Veritas étant (encore ?) dans une situation économique qui lui a permis de repousser l’attaque de Technip, ce dernier a abandonné son projet de prise de contrôle de son concurrent
En troisième rideau, on trouve également les fournisseurs de matériaux pour ces activités de forage ou de mise en production des gisements. L’un des grands de ces fournisseurs est le français Vallourec qui est spécialisé dans la production des tuyaux d’acier, plus ou moins sophistiqués, qui sont utilisés pour établir les connections physiques entre les gisements à de moins 3000 à moins 7000 mêtres de profondeurs et la surface de la terre ou des mers. Activité pour laquelle Vallourec a mis en route récemment des usines de production aux Etats Unis et au Brésil.Alors que les gisements présalifère du Brésil seront parmi les plus chers à exploiter et qu’en ce moment la compagnie brésilienne Pétrobras est pris das la tourmente de la découverte d’un vaste système de corruption au profti des politiques.
Vallourec vient donc de ce fait annoncer pour son usine du Brésil et ses actifs européens une dépréciation à venir de 1 à 1,2 Milliards de dollars qui sera accompagné d’un plan de réduction des dépenses
Les compagnies pétrolières et leurs sous traitants ne sont pas les seuls touchés par la chute du prix du baril de brut. Les pays producteurs aussi par l’intermédiaire de leurs compagnies nationales. La Pemex, la compagnie nationale mexicaine a ainsi annoncé 10 000 licenciements dans ses installations de Ciudad Del Carmen sur le golfe du Mexique, pour les mêmes raisons que celles des compagnies pétrolières internationales, la baisse de 50 pct du prix du baril qui font passer nombre de projets sous la barre d’une rentabilité satisfaisante.?
La baisse massive et très importante du prix du baril de brut va donc avoir des effets positifs pour certains pays et certaines industries mais négatifs pour d’autres pays et industries car il va se traduire par des transferts de revenus tout à fait considérables.
Les gagnants seront les gros consommateurs de carburant comme le transport en général, aérien ou routier et les pays non producteurs, dont la France qui vont voir leur facture de pétrole diminuer considérablement. Les perdants vont être toutes les compagnies pétrolières mais aussi leurs sous traitants et sous traitants de sous traitants comme je viens de vous montrer et les pays producteurs comme le Vénézuela, le Nigéria, l’Angola, le Koweit, l’Irak,l’Arabie saoudite et la Russie dont certains vont se trouver tout près de la faillite.