Les Chantiers Navals de St Nazaire sont en vente. Leur propriétaire à 66,6 pct, le Sud Coréen STX,( les 33,4 pct restant appartenant à la Caisse des Dépôts) , les ont mis en vente à la demande de ses banques pour cause de surendettement, après avoir vendu déjà en 2012 le chantier norvégien Vard et en 2014 les Chantiers Navals de Turku en Finlande à l’Allemand Meyer Werft. L’autre coréen Daewo, a dementi s’intéresser à un tel achat.Les acheteurs ne se pressent donc pas au portillon.Les hasards du calendrier ont mis en lumière le concurrent italien des Chantiers de St Nazaire, Fincantieri, à l’occasion du lancement du paquebot Britannia, un superbe navire de croisière de 330 m de long, 144 000 tonneaux et 4324 passagers pour le compte du groupe croisiériste américain Carnival, les Chantiers de St Nazaire travaillant plutôt pour le groupe concurrent MSC.Ils sont donc en concurrence frontale.
Fincantièri dispose sur son site de Monfalcone, à Trieste, de moyens légèrement plus petits que ceux des Chantiers de St Nazaire avec un bassin d’armement de 340 m de long contre 450 à celui de St Nazaire et ne dispose pas d’une forme d’assemblage comme celle de St Nazaire ( 900 m) qui est l’outil sans concurrence pour les futures générations de bateaux de croisières. Fincantieri appartient encore à 72 pct à la Caisse des Dépôts italienne et est donc une émanation de la machine publique, présent également dans la construction de sous marin,celle des yachts de super luxe de plus de 70 m, et premier constructeur au monde de navire d’appui pour plateforme offshore via le chantier norvégien Vard. Il a su aussi , sous la gouvernance publique et grâce à la rigueur de son manager Giuseppe Bono, rester très compétitif .
Fincantieri s’est déclaré intéressé par le rachat des Chantiers de St Nazaire et a eu l’honneur d’un commentaire positif de Michel Sapin sur une possible complémentarité intelligente entre les deux ensembles.
Qu’adviendra t il de ces considérations et seront elles suffisantes pour créer une industrie navale consolidée dans le sud de l’Europe? L’avenir le dira.
En ce qui concerne le secteur ferroviaire, les temps sont à la consolidation avec la décision des autorités chinoises de regrouper les deux principaux constructeurs de matériels roulants ferroviaire, la China CSR et CNR,qui, ensembles constitueront un groupe de 27 milliards d’euros de chiffre d’affaire à comparer à celui du canadien Bombardier, 16 milliards, de l’allemand Siemens,76 Milliards dont 8 dans le transport.
Il s’agit pour la Chine qui a bâti le plus grand réseau de TGV au monde de promouvoir la technologie chinoise de trains à Très Grande Vitesse dans le monde.
Les japonais viennent d’arriver en Europe dans un secteur ferroviaire dont ils étaient absent et qui souffre de surcapacités avec une certaine baisse du trafic ferroviaire, avec l’arrivée de modes de transports nouveaux (Covoiturage, Bus etc) ainsi que de réductions de subventions ou de financement pour les transports de banlieues ou régionaux.C’est le japonais Hitachi, qui fabrique les Shinkansen au Japon qui vient de racheter les installations de l’Italien Ansaldo , producteur de train et de métro (dont le célèbre Pendolino, le train qui se penche dans les courbes) dans sa filiale Ansaldo Breda et de systèmes de signalisation dans sa filiale Ansaldo STS . Les deux appartiennent au groupe Finmeccanica également impliqué dans l’aéronautique et la Défense et qui souhaitait depuis longtemps se débarrasser de cette activité déficitaire.Il en coutera 776 milliards d’euros à Hitachi pour racheter la pépite de cet ensemble d’actifs, le spécialiste de la signalisation STS et seulement 36 pour Ansaldo Breda, l’unité de construction de matériel ferroviaire.
Hitachi avait réussi un coup de maître en remportant en 2013 un important contrat en Angleterre pour fournir les matériels de l’Intercity Express. Il avait à cette occasion déplacé le siège de sa Division Ferroviaire de Tokyo à Londres et en avait confié la direction à un anglais, ancien d’Alstom, Alistair Dormer. Le rachat d’Ansaldo va rajouter des moyens de production en Europe à cette division commerciale et la rapprocher en taille, moyens de production et de signalisation des compagnies ferroviaires européennes Siemens, Alstom et canadienne, Bombardier.La bataille mondiale dans le ferroviaire se prépare donc sous nos yeux.
Le Président de Siemens, Joe Kaeser, de passage à Paris a exprimé son regret que Alstom ait choisi l’offre de General Electric lors de leurs difficultés financières récentes qui ont conduit à l’éclatement de la société. Il a maintenu que la constutution d’un grand pôle ferroviaire européen en fusionnant leurs deux activités aurait été la meilleure solution alors que pour lui Alstom est désormais voué à devenir une entreprise relativement petite dans ce secteur qui aura de la peine à lutter face à la consolidation des acteurs du marché du transport.