Arnaud Montebourg, otage et alibi de François Hollande, finalement remplacé mais libéré

Plus de deux années auront donc été nécessaires à Arnaud Montebourg, initialement ministre du Redressement productif puis de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique de l’éphémère premier gouvernement de Manuel Valls, pour ne plus supporter les choix économiques de François Hollande.

Arnaud Montebourg répétait souvent à propos du Parti Socialiste : « Il n’y a pas eu de changement, pas d’idées nouvelles ! Tenez, c’est bien simple, c’est comme s’il ne s’était rien passé depuis le 21 avril 2002, rien, nada » mais avant d’accepter un poste de ministre en 2012, il aurait été préférable de se souvenir que son Premier secrétaire, de 1997 à 2008, était un certain François Hollande…
Avocat à l’origine, il aura fallu moins de dix ans à Arnaud Montebourg pour se saisir de quelques affaires médiatisées : Carrefour du développement en 1992, les époux Villemin en 1995, l’appartement d’Alain Juppé ensuite. Député de 1997 à 2012, il s’est fait remarqué par son rapport sur les tribunaux de commerce, son enquête parlementaire avec Vincent Peillon sur le blanchiment de l’argent et, bien sûr, son grand projet avorté de faire traduire Jacques Chirac devant la Haute Cour de justice.
Elu de Saône-et-Loire, il a su se constituer un fief avec un parrain en la personne de Pierre Joxe, dont il a repris, chaque année, fin août, le traditionnel rendez-vous de rentrée politique, à Frangy-en-Bresse. C’est son discours juste mais provocateur à cette dernière fête le 24 août dernier qui a précipité la chute du fondateur de la Convention de la VIe République (C6R).
Un pied dedans, un pied dehors et le regard tourné vers 2017… 
Se livrant à un cinglant réquisitoire contre la politique décidée par la commission de Bruxelles et appliquée par le gouvernement de François Hollande, Arnaud Montebourg a simplement dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Les chiffres catastrophiques du chômage et du déficit du commerce extérieur montrent bien que la politique menée depuis près de deux ans et demi ne donne pas les résultats escomptés (le nombre de chômeurs inscrits en France métropolitaine a augmenté en juillet de 26 100 en catégorie A, soit +0,8% sur un mois et +4,3% sur un an).
Après avoir tenté de relancer la politique industrielle, de réorienter la politique économique ou encore de protéger les intérêts français en lançant le Made in France, Arnaud Montebourg a finalement échoué.
En acceptant d’être ministre, Arnaud Montebourg n’a pas vu ou n’a pas voulu voir qu’en tant qu’héritier du social-libéralisme cher à Jacques Delors, François Hollande avait commis le péché originel dès le début de son quinquennat en ratifiant le traité « Merkozy » livrant de facto la souveraineté budgétaire de la France à la commission de Bruxelles.
François Hollande, se refusant à changer les règles du jeu européen pour s’attaquer aux vraies causes de l’effondrement industriel français (l’euro trop cher et le libre échange déloyal), a préféré faire semblant d’agir avec un pacte de responsabilité qui baisse légèrement le coût du travail alors que tous les grands pays du monde, à l’exception de ceux de la zone euro, ont dévalué massivement leur monnaie pour relancer leur économie.
Pour sauver l’euro qui tue la France et tous les pays du Sud de l’Europe à petit feu, François Hollande a préféré faire l’autruche. Au mépris des réalités, (la croissance repart partout sauf en zone euro) et contre l’avis des plus grands économistes du monde entier, le Président de la République s’obstine à mener une politique aussi injuste qu’inefficace, refusant un bras de fer pourtant indispensable avec la chancelière allemande.
Les critiques d’Arnaud Montebourg sont  donc pertinentes mais ce dernier n’est pas allé au bout de sa logique en proposant ce qui semble la seule voie possible pour redresser le pays : retrouver la maîtrise de la monnaie tout en mettant en place parallèlement une politique efficace d’assainissement des finances publiques afin de relancer les exportations.
Sans soutien du peuple français et faute de changer de politique en se libérant définitivement de la contrainte de l’euro, François Hollande n’aura pas d’autre choix que de dissoudre l’Assemblée nationale, démissionner en cours de mandat, ne pas se représenter en 2017 ou se résigner à n’être pas qualifié pour le second tour de la prochaine élection présidentielle…
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