A la Grâce des hommes – Hannah Kent Presses de la Cité (2014) Traduit de l’anglais par Karine Reignier-Guerre
L’histoire se passe en Islande, au XIXème siècle. Sur décision des autorités locales, une femme condamnée à mort pour complicité d’assassinat de deux hommes, dont l’un était son amant, est placée sous la surveillance de l’officier de police d’une bourgade reculée, en attendant l’exécution de la sentence. Elle vit au domicile de son geôlier, une ferme isolée au milieu d’une nature sauvage et rude. Un jeune pasteur est chargé du suivi spirituel de la jeune femme, afin de la préparer à l’issue fatale.La décision de placement de la condamnée est mal accueillie dans cette famille plutôt favorisée. La maîtresse de maison craint pour la sécurité de ses filles mais l’état de la prisonnière est tel, lorsqu’elle arrive à la ferme, que la fermière prend sur elle et apporte son aide à la malheureuse afin qu’elle recouvre une apparence humaine. En participant aux travaux de la maison et de la ferme, Agnes Magnúsdóttir change petit à petit la perception d’elle qu’avaient les différents membres de la famille. Au cours des discussions qu’elle poursuit avec le sous-révérend, l’histoire de sa vie est révélée à tous et les évènements qui l’ont conduite au drame amènent un éclairage nouveau sur les circonstances des faits qui lui sont reprochés. Au fil des mois, chacun devra s’interroger sur ses valeurs et ses principes, et accepter de revenir sur ses premières impressions, même si personne ne peut changer le cours du temps.
C’est le premier roman d’Hannah Kent, une Australienne, qui a vécu en Islande. Elle s’est inspirée d’une histoire vraie et a cherché à faire émerger la femme sous le monstre que représentait Agnes Magnúsdóttir pour la société de l’époque. En donnant la parole à Agnès, en parallèle avec une narration à la troisième personne, elle montre comment la voix des femmes pouvait être ignorée et aussi pourquoi il pouvait être bénéfique de travestir la vérité, parfois, afin de se protéger.
C’est une histoire forte et poignante, avec un rythme un peu lent parfois. C’est aussi un hymne à la nature islandaise, sauvage et authentique, dont la rudesse façonne le caractère de ceux qui y vivent.
Une belle découverte grâce à Babelio et aux Presses de la Cité, que je remercie pour l’envoi de ce livre.
A consulter : l’interview de l’auteur sur le site de Feedbooks.