29 mai 2005/2015 : 10ème anniversaire du Non au TCE

Il y a 10 ans, le peuple de France disait NON au traité constitutionnel européen (TCE) et infligeait une défaite aux européistes de tous bords : UMP et PS, Medef, puissances financières, médias et instituts de sondage.Les citoyens français espéraient contrecarrer le dogme du libéralisme économique faisant de plus en plus de ravages et une clameur ébranlait toute l’Europe libérale…

Qui a vécu cette période d’intense activité politique ne peut l’avoir oubliée.

Depuis le début de l’année 2005, dans les villes, les zones rurales et sur internet, le débat battait son plein. Pendant que les médias aux ordres et la quasi-totalité des journalistes de la presse écrite et de radio-télévision faisaient campagne directement ou indirectement pour le OUI, fleurissaient ici et là des rassemblements de milliers de citoyens avec des affiches, tracts, chansons et badges en faveur du NON.Les sourires des européistes béats se sont peu à peu estompés pour laisser place à des grimaces quand les courbes des sondages ont commencé à se resserrer puis à se croiser. Et au soir du 29 mai 2005, c’est avec jubilation que les partisans du NON ont accueilli les résultats : 55% de voix contre le TCE ! Résultat sans appel de la démocratie vivante, la France envoyait aussi un signal d’espoir à tous les peuples qui avaient été privés jusqu’ici de référendum. Une trahison et un véritable coup d’état parlementaire Ce Non fut catalogué par les partisans du Oui comme un Non de peur sociale, un Non en faveur d’un repli souverainiste, un Non à l’Europe ou un Non des « petits » face au « Oui » des dirigeants d’entreprise, cadres supérieurs, etc. Le choix du peuple ne convenait pas aux grands partis politiques et à l’Union européenne. Alors, de façon tout a fait anti-démocratique, ils ont mitonné le Traité de Lisbonne. Autre nom mais même projet, liant tous les traités néo-libéraux en un seul texte. Et ce sont les députés et les sénateurs, réunis en congrès, qui ont dit Oui au Traité de Lisbonne en 2008, véritable coup d’Etat parlementaire conduit par le PS, l’UMP et une partie des Verts. La Constitution française intégra le titre 15 afin d’être compatible avec le Traité de Lisbonne mettant la France sous tutelle de l’UE, désormais libre d’imposer toutes ses politiques néolibérales. Les conséquences ne se sont pas fait attendre : austérité, chômage, délocalisations, désindustrialisation, privatisations, services publics amputés, effectifs des fonctionnaires réduits, protection sociale démantelée, droit du travail et conditions de travail détériorées. Les conquêtes sociales mises en place après la Libération, devenues les cibles de l’Union européenne, sont détruites lentement mais sûrement par les gouvernements qui se succèdent en France. Même traitement au Portugal, en Grèce, Espagne, Italie, Grande-Bretagne, Belgique et même en Allemagne. Contrairement à ce que disent chaque jour les « éminents journalistes » que sont les Apathie, Barbier, Calvi, Demorand, Joffrin, Lechypre, Lenglet, Pernaut, Pujadas, le modèle allemand bat aussi de l’aile. Près de 12 millions de citoyens allemands, soit 15% de la population, sont pauvres car ils travaillent dans un cadre très fragile, à coup de petits métiers et voient leur niveau de vie baisser dangereusement, d’autant plus que leurs salaires s’amenuisent au fil des années. 4 millions de personnes gagnent moins de 7 euros bruts de l’heure. Les 10% d’Allemands les plus fortunés se partagent 53% de la richesse nationale, tandis que les 50% les plus pauvres ne possèdent que 1% de la richesse du pays… Tandis que les peuples sont condamnés à la misère, les banques, malgré la crise des subprimes au deuxième semestre 2006, regorgent de bénéfices et placent leurs représentants aux plus hauts postes dans les institutions européennes. Ainsi, le 1er novembre 2011, Mario Draghi, vice-président pour l’Europe de la banque d’affaires Goldman Sachs entre 2002 et 2005, puis gouverneur de la banque d’Italie entre 2006 et 2011, est devenu président de la Banque Centrale Européenne (BCE). Or, la banque Goldman Sachs a été au cœur de la prédation financière en étant impliquée dans de nombreux scandales financiers : subprimes, tromperie de ses clients à qui elle recommandait d’acheter des produits financiers sur lesquels elle spéculait à la baisse, maquillage des comptes grecs qui a résulté principalement de la levée de fonds hors bilan par le biais d’instruments financiers mis au point par la banque qui a perçu 600 millions d’euros à cette occasion… Ainsi, le 27 juin 2014, les dirigeants européens ont choisi l’ancien Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, un des champions du secret bancaire en Europe, pour être le nouveau président de la Commission européenne. Le Luxembourg est un paradis fiscal au sein même de l’Europe ! Jean-Claude Juncker a été personnellement mis en cause dans l’affaire Luxleaks qui révèle de manière détaillée l’organisation de l’exil fiscal de plus de 1000 entreprises avec l’approbation de l’administration luxembourgeoise des impôts… La nomination de ces deux personnages à la tête des deux plus importantes institutions européennes, avec l’aval de Nicolas Sarkozy puis de François Hollande qui n’ont pas osé mettre leur veto, n’est sans doute pas étrangère au manque de volonté de l’Europe de lutter efficacement contre les excès de la finance, notamment les paradis fiscaux. Mais si l’UMP et le PS avalisent tout et n’importe quoi, il est plus surprenant  qu’une partie de ceux qui avaient appelé au Non en 2005 continuent d’établir la liste des dégâts sans jamais s’attaquer aux causes. Ils s’indignent mais s’abstiennent de parler d’une sortie de l’Union européenne et de l’euro, condition indispensable pour restaurer la démocratie, construire une alternative politique fondée sur l’égalité, le progrès social, la reprise en main de l’économie, l’emploi, la fin du chômage, la revitalisation des services publics, la réindustrialisation conjuguée à la protection de l’environnement, la laïcité. C’est en fait toujours le même discours depuis 1957, date du Traité de Rome. En se mobilisant et en tapant fort du poing sur la table à Bruxelles (dixit Jean-luc Mélenchon…), l’Europe sociale finira par se faire, un parlement européen qui aura le courage de s’opposer à la commission de Bruxelles finira par voir le jour, etc. Ces postures tentent en fait de masquer un renoncement à la souveraineté nationale et populaire.

Conséquence : le Front national a ramassé la mise. Il est le seul parti à avoir fait fructifier le Non au TCE de 2005 en captant les voix populaires et le drapeau français. Son ascension n’a été possible que parce que la gauche ne défend plus les intérêts de ceux qui prennent en pleine face les effets de la mondialisation libérale, notamment les 8 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, les 5 millions de chômeurs, les retraités, les fonctionnaires, les couches moyennes appauvries. Mais aujourd’hui, une autre force politique reste à créer, une nouvelle formation rompant avec le concept de gauche et qui considérerait enfin que la sortie de l’Union européenne et de l’euro sont les conditions indispensables pour restaurer la démocratie, construire une alternative politique fondée sur l’égalité, le progrès social, la reprise en main de l’économie, l’emploi, la fin du chômage, la revitalisation des services publics, la réindustrialisation conjuguée à la protection de l’environnement, la laïcité.Les Français n’ont oublié ni le NON au TCE en 2005, ni la forfaiture des parlementaires en 2008. La dynamique de 2005 n’est pas morte, elle est simplement en sommeil…

Le village de Hoi An : un joyau préservé au cœur du patrimoine vietnamien
Comment réduire les coûts du DPE collectif pour les copropriétés ?